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"Super Davis" Chardy renfile sa tunique de sauveur

Alexandre Coiquil

Mis à jour 08/04/2018 à 15:52 GMT+2

COUPE DAVIS - Peu sélectionné au fil des années mais toujours performant avec l'équipe de France, Jérémy Chardy va à nouveau enfiler sa panoplie de pompier de service face à l'Italie. La tunique lui va à ravir. Son retour en forme depuis la tournée américaine tombe également à pic pour un Yannick Noah désarmé face aux blessures de ses cadres.

Jérémy Chardy

Crédit: Getty Images

Si Jérémy Chardy était un héros de bande-dessiné, il s'appellerait probablement "Super Davis". S'il était américain, il ferait peut-être partie d'une bande de vengeurs masqués prêt à lutter contre un réformateur fou, participerait à des films et tutti quanti. Bref, une vie de super-héros. Le "Super Davis" tricolore est, lui, un peu plus terre-à-terre : il doit jouer au tennis. Titularisé par Yannick Noah pour affronter l'Italie à Gênes, à partir de vendredi, "l'Avenger béarnais" va à avoir droit à un nouveau test grandeur nature de sa capacité à se sublimer dans cette épreuve qui ne ressemble à aucune autre. Très fort psychologiquement dans celle-ci, Chardy a fait de la Davis sa chose. Aussi incroyable que cela puisse paraître.
Chardy en Coupe Davis, ça relève presque de l'irréel. En cinq sorties, le 80e mondial a remporté tous ses matches. Dans l'histoire de l'équipe de France de Coupe Davis, ils ne sont que huit autres joueurs à n'avoir jamais concédé de revers dans la compétition en simple : Paul Feret (2-0, 1925), Henri Bolelli (2-0 ,1938, 1949), Jacques Thomas (2-0, 1949,1950), Jacques Renavand (2-0, 1961, 1962), Dominique Bedel (2-0, 1979), Thierry Pham (2-0, 1986), Jean-Philippe Fleurian (1-0, 1986) et Olivier Delaitre (1-0, 1994). Huit hommes qui représentent chacun une époque spécifique de l'histoire de l'équipe de France. Chardy a pour lui d'avoir le plus haut ratio de victoires (5) et d'être un joueur contemporain.
La Coupe Davis, ce sont de très bonnes victoires et pour le coeur, ça fait du bien
Pour lui, l'histoire avec l'équipe de France a débuté en septembre 2009 face aux Pays-Bas. Le Palois avait apporté pour la beauté du geste un 4e point aux Bleus déjà assurés de rester dans le groupe mondial. De ce petit succès en deux manches est née une série d'invincibilité qui perdure. De ses cinq rencontres, il faut en retenir trois : celle disputée face à Daniel Evans lors du quart de finale face à la Grande-Bretagne l'année dernière et surtout ses deux succès face à l'Autriche lors du premier tour de l'édition 2011. C'est dans cet improbable hangar 3 de l'aéroport de Vienne que Chardy, appelé au pied levé pour remplacer un Richard Gasquet blessé (tout comme Jo-Wilfried Tsonga et Gaël Monfils), a réellement créé un lien indéfectible avec la compétition.
Débarqué à Vienne sans avoir gagné depuis cinq mois, le droitier s'était métamorphosé pour s'offrir le scalp de Jürgen Melzer, alors 10e mondial, avant d'offrir le point décisif contre Martin Fischer, un joueur inconnu au bataillon lancé lui aussi au pied levé. Un homme contre qui il en avait sévèrement bavé avant d'éviter aux Bleus la case barrages. Un succès héroïque, oui. Improbable encore plus. "Si j’avais pu gagner de la main gauche, je l’aurais fait", glissait-il à l'époque, euphorique. "Quand on est tout petit, le rêve, c’est de jouer un jour en Coupe Davis. Alors qualifier la France, c’est vraiment un truc incroyable. Un grand moment dans ma carrière. La Coupe Davis, c’est quelque chose que j’ai toujours adoré. Ce sont de très, très bonnes victoires. Pour moi mentalement. Et pour le cœur, ça fait du bien."
Le temps a passé pour Chardy. Convoqué une seule fois depuis son exploit autrichien, le Belvézinois a attendu longtemps avant de retrouver la lumière de la tunique bleue. Comme un clin d'oeil au passé, c'est après une longue période de disette qu'il en a retrouvé le chemin. En nette perte de vitesse en 2017 après une collaboration non-productive avec Nicolas Escudé, Chardy ne s'est remis à l'endroit qu'en mars lors de la tournée sur dur. Résultat : deux huitièmes de finales à Indian Wells et Miami avec le scalp de Grigor Dimitrov dans sa besace. Et une "saison enfin lancée", dixit l'intéressé.
Jouer deux 4e tour de rang en Masters 1000, cela ne lui était arrivé qu'une fois dans sa carrière (en 2012 à Toronto et Cincinnati). De quoi convaincre capitaine Noah de le prendre et de le titulariser en l'absence des cadres blessés. "C'était assez facile comme choix", a soutenu le capitaine. "Car le jeu de Jérémy s'adapte plus naturellement à la terre battue. Il arrive avec beaucoup de confiance, il a fait des très bons matches aux Etats-Unis."
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Jérémy Chardy à Miami

Crédit: Getty Images

Avec Fognini, c'est l'amour vache

Opposé à Fabio Fognini vendredi, Chardy va avoir droit à un véritable test grandeur nature face au turbulent joueur de Sanremo. Jamais capable de le battre en trois confrontations avant d'aller à Indian Wells, le joueur de 31 ans a mis fin à sa série noire au meilleur des moments. Mais il l'a fait sur dur. Sur ocre, c'est avantage "Fogna" : 2-0. Et pour le battre chez lui et sur terre, il faut se lever tôt. Le challenge ne fait pas peur à Chardy : "J'ai grandi sur terre", racontait l'intéressé sur les canaux de l'équipe de France. Avec David Nalbandian et Roger Federer à son compteur sur la surface, le joueur de Boeil-Bezing ne nourrit aucun complexe. Et surtout pas en Coupe Davis, une compétition qui remet les niveaux à zéro.
Chardy / Fognini, il y a un petit compte à régler. Alors qu'il perdait face au Français à Indian Wells, Fognini s'était laissé aller à des commentaires remplis de frustration. Du Fognini dans le texte. "Va te faire ....., c..... (...) Il ne sait pas comment il joue, il sera 100e mondial toute sa vie. Va te faire ..... Il joue complètement au hasard, qu'est-ce qu'il fout ?", avait canardé le Transalpin. Réponse de Chardy jeudi : "C’était très irrespectueux de sa part. Moi, ce n’est pas du tout ma philosophie. Et la meilleure réponse, c’est de gagner encore demain. Fabio, je le connais bien. Il peut passer par toutes les phases. Il faudra que je reste concentré sur moi-même." Le message du justicier est passé.
Jérémy Chardy et Yannick Noah
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