De Melbourne 2018 à Bali 2025 : l'étrange trajectoire de Hyeon Chung
Vous souvenez-vous de Hyeon Chung ? Son look avait été remarqué dès ses débuts sur le circuit pour ses grosses lunettes, afin de corriger son astigmatisme. Son jeu avait commencé à faire fureur avec, en point d'orgue sa demi-finale à l'Open d'Australie en 2018. Puis il a enchaîné les blessures, jusqu'à disparaître totalement. Aujourd'hui, il espère une seconde vie tennistique.
Hyeon Chung.
Crédit: Getty Images
L'avenir est une chose fragile. Janvier 2018. Hyeon Chung, 21 ans, claque le premier grand résultat de sa jeune carrière en atteignant les demi-finales de l'Open d'Australie. Deux mois plus tôt, il avait remporté la toute première édition du Masters NextGen, à Milan, où l'on retrouvait également trois promesses venues de Russie, Karen Khachanov, Daniil Medvedev et Andrey Rublev ou encore Denis Shapovalov. Pour le Sud-Coréen, l'avenir s'annonce radieux.
A Melbourne, c'est surtout sa victoire (7-6, 7-5, 7-6) en huitièmes de finale contre son idole et modèle, Novak Djokovic, qui frappe alors les esprits. Un Djoko certes au creux de la vague, en pleine résurgence du duo Federer-Nadal, qui rafle à nouveau tout. C'est lors de cet "Australian" 2018 que le Suisse va décrocher son 20e titre du Grand Chelem. Qui peut alors imaginer qu'il s'arrêtera là mais surtout que Djokovic, lui, en glanera 12 de plus, soit autant que depuis le début de sa carrière ? Il a pourtant déjà passé le cap de la trentaine.
Tout aussi invraisemblable est alors la future trajectoire de Hyeon Chung. La ressemblance tennistique avec Djokovic a d'ailleurs quelque chose d'évidente. "Vous savez, nous avons des jeux très similaires, relève d'ailleurs 'Nole' juste après sa défaite. Je le respecte beaucoup parce qu'il travaille dur, il est devenu très fort physiquement et on voit qu'il se soucie de sa carrière, qu'il prend les choses très au sérieux. C'est un mec bien, qui ne fait pas de bruit inutilement. Donc je suis sûr qu'il obtiendra très vite d'autres très bons résultats."
Le Top 20 puis l'enfer
Beau joueur et élogieux, le Serbe ajoute toutefois : "La suite dépend de lui". Une façon de rappeler qu'un coup d'éclat est une promesse, pas une garantie. Ce en quoi Djokovic aura raison. Mais il se trompe sur un point : tout ne dépendait pas que de Hyeon Chung. Ce n'était pas qu'une question de travail, d'ambition, d'envie. Le drame du Coréen, c'est que son corps ne va pas suivre. Il va même le lâcher très vite et ne plus jamais le laisser tranquille.
Dès 2018, les premières alertes. La jambe. Sa saison sur terre est flinguée, celle sur gazon idem. Il doit notamment tirer un trait sur Roland-Garros et Wimbledon. Bon an mal an, il joue jusqu'à l'automne et à l'issue de cette saison, il est 25e mondial, après une brève incursion dans le Top 20 (19e) au printemps. Mais le cauchemar va commencer.
En 2019, il est absent cinq mois en raison d'une blessure au dos et joue à peine une quinzaine de matches sur l'ensemble de l'année. C'est pourtant peu dire que le pire est à venir. Aussi incroyable que cela puisse paraître, quand il s'incline en octobre 2019 à Vienne contre Andrey Rublev en huitièmes de finale, Hyeon Chung vient tout simplement de disputer son dernier match dans un grand tableau sur le circuit principal. C'était il y a plus de cinq ans et, depuis, il n'a plus joué que des challengers, des Futures ou les qualifications de Roland-Garros (en 2020) et de Wimbledon (en 2023).
Entre la pandémie du Covid-19 et une foule de blessures, dont de nouvelles opérations du dos et une tendinite à la main, plus personne n'entend parler de lui pendant quasiment trois ans, jusqu'à une tentative de retour en simple en 2023 sur le circuit secondaire. Il voulait alors encore y croire. "Je compte utiliser mon classement protégé pour disputer le plus de tournois ATP possibles. Je vais d'abord jouer en Asie mais je compte voyager ensuite pour jouer un peu partout", dit-il tout en expliquant avoir modifié sa façon de servir, afin de moins solliciter son dos.
Une lueur d'espoir, enfin
Le chemin est long. Au total, ces cinq dernières saisons, Hyeon Chung aura disputé en tout et pour tout 22 matches. Pour 17 défaites. Puis la semaine dernière, une embellie. Lors du M25 de Bali, un Futures où il avait demandé une wild-card, l'ancien demi-finaliste de Melbourne a enchainé cinq matches. Mieux, il les a tous gagnés pour décrocher le titre. En chemin, il a battu le Français Antoine Escoffier, 207e mondial. De très loin sa victoire la plus significative de ces dernières années.
Cela ne vous semble peut-être rien, et comparé à l'effervescence de ce début de saison aux Antipodes, cela peut effectivement apparaître comme très anecdotique. Mais pas pour lui. On l'a vu à nouveau mobile et galopant en défense, avec un soupçon de solidité retrouvée à l'échange. Lui qui avait disparu du classement ATP pendant des mois a réintégré le Top... 1000 lundi à la faveur de ce "sacre". Une première depuis l'été 2022. Le voilà 725e, soit un bond de 382 places d'un coup.
Pour l'heure, il se moque du classement. A bientôt 29 ans, Hyeon Chung aspire juste à pouvoir redevenir vraiment un joueur de tennis, capable d'enchainer les tournois, de voir plus loin que le prochain point, le prochain entraînement, la prochaine blessure. Il voudrait du temps et un horizon.
Le reste ne dépend pas tant de lui que de ce que son corps voudra bien endurer et de la latitude qu'il acceptera de lui laisser. Jusqu'ici, en 2025, tout va bien. Un jour, peut-être, retournera-t-il à Melbourne, sur les traces de son premier et seul coup d'éclat, avant le désert. Il voudrait juste en sortir. Mais l'avenir est une chose fragile.
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Hyeon Chung
Crédit: Getty Images
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