311 semaines : Djokovic "Super N°1", un pas de plus dans l'histoire pour le chasseur de records
Mis à jour 08/03/2021 à 14:57 GMT+1
Une bonne chose de faite, pourrait dire Novak Djokovic ce lundi. Le Serbe entame sa 311e semaine en tête du classement ATP. Une de plus que Roger Federer, dont la marque a pourtant longtemps paru inaccessible. Dans sa quête de records et de reconnaissance, les deux étant intimement liés chez lui, le Djoker vient de franchir un cap non négligeable.
Novak Djokovic ne boira pas de champagne ce lundi. Parce qu'il n'aime pas ça. Sans quoi il aurait peut-être ingurgité un magnum à lui tout seul. Ce 8 mars 2021 restera gravé dans la mémoire du champion serbe. Pour la première fois, il est le "Super numéro un" historique. Le joueur ayant passé le plus de temps tout en haut de la hiérarchie mondiale, depuis la création du classement ATP en 1973. Cette 311e semaine au pouvoir, une de plus, et bientôt davantage, que Roger Federer, détenteur du record sans discontinuer depuis qu'il avait lui-même dépassé Pete Sampras à l'été 2012.
Certains reprochent parfois à Novak Djokovic de "jouer un rôle". Dans ce domaine, il faut lui reconnaitre depuis longtemps d'avoir surtout joué cartes sur tables. "J'ai la possibilité de battre le record des victoires en Grand Chelem et celui des semaines à la première place et je ferai tout pour", disait-il sans se cacher à l'été 2019, juste après sa mémorable victoire en finale de Wimbledon contre Federer.
Alléger le fardeau du troisième homme
Oui, il veut marquer l'histoire de son sport et cela passe par l'appropriation des records les plus prestigieux. Parce qu'il sait, aussi, que pour lui plus que pour les autres (pour être tout à fait clair, les deux autres), la quête de reconnaissance passe par la quête des records. Parce qu'il est arrivé après Federer et Nadal, alors que ce duo avait posé des standards déjà ahurissants et imposé une rivalité comme le tennis en a connu peu, le Serbe est cantonné dans un rôle de troisième homme. Un fardeau, qu'il vient partiellement d'alléger.
C'est peut-être injuste, ce n'est même pas loin d'être absurde compte tenu du fait que l'homme fort du tennis mondial, depuis dix ans, c'est lui, mais cette étiquette lui colle à la raquette. Pour s'en débarrasser, il a besoin d'imposer de nouvelles références historiques, que même Nadal et Federer ne pourraient lui contester. Il est déjà devant dans certains domaines, comme le nombre de saisons achevées à la première places mondiale (6, soit une de plus que Federer et Nadal) ou les titres en Masters 1000. Mais il lui faut plus. Beaucoup plus.
Lorsqu'il a percé le cœur de la diaspora fédérienne lors du dernier Wimbledon joué à ce jour, Djokovic pointait à quatre longueurs de la marque historique en Grand Chelem. Il était à 16 titres, Federer à 20. Le Suisse n'a pas avancé depuis et le Djoker s'est rapproché à deux "petites" unités, même s'il reste à la même distance de Rafael Nadal (de 16-18 à 18-20). Mais le constat, c'est que, depuis son nouveau sacre australien voilà deux semaines, jamais il n'a été aussi près de ce record-là, incontestablement le plus prestigieux.
60% du temps au sommet depuis juillet 2011
En attendant, celui du "Super numéro un" constitue bien mieux qu'un simple lot de consolation. C'est un excellent étalon pour mesurer la domination d'un joueur sur son époque. Chaque décennie a connu son glouton. Jimmy Connors dans les années 70. Ivan Lendl dans les années 80. Pete Sampras dans les 90's. Puis Roger Federer et, enfin, Novak Djokovic depuis le début des années 2010. Ces cinq joueurs ont, à tour de rôle, détenu le record du nombre de semaines à la première place. Aujourd'hui, ils forment le Top 5 historique dans ce domaine, dans un ordre antéchronologique, le plus récent étant le plus "grand", au moins sur ce plan.
Novak Djokovic était devenu numéro un mondial pour la première fois en juillet 2011, après sa victoire à Wimbledon. Depuis, il a donc passé 311 semaines au pouvoir, soit plus de 60% du temps sur la période juillet 2011 - mars 2021. A eux trois, Rafael Nadal, Roger Federer et Andy Murray ont accaparé les 40% restants. Il y a donc bien Djokovic et le reste du monde depuis maintenant une décennie.
Longtemps, la marque de Roger Federer avait semblé inaccessible. Il avait dominé sur une période si longue que, une fois Sampras derrière lui, il paraissait inconcevable qu'il puisse être débordé à son tour avant la fin de sa propre carrière. Et surtout pas par Djokovic. Nadal, la première menace, pourquoi pas. Rappelons que lorsqu'il a accédé pour la première fois au trône en 2011, "Nole" partait avec près de six années de retard cumulées sur Federer. Qu'il ait pu absorber cet écart en moins de dix ans en dit long sur ses accomplissements.
Maintenant, tout sur le Grand Chelem
On peut donc parler d'exploit, même si celui-ci se mesure à l'aune du temps. Au fil de ses périodes de domination (2011 puis 2014-2016 et enfin depuis la mi-2018), Djokovic a rendu l'impossible un peu moins improbable, puis très crédible et, enfin, inéluctable. A mesure qu'il s'en approchait, c'était devenu, sinon une obsession, en tout cas un objectif à remplir de façon impérative. Il l'a dit à Melbourne, une fois qu'il a été assuré mathématiquement de conserver la tête du classement ATP jusqu'au 8 mars pour s'approprier le record, il a éprouvé "un soulagement." Parce qu'il va lui permettre de placer toute son énergie sur sa quête ultime, celle des titres en Grand Chelem.
Ce record-ci peut même devenir son meilleur allié dans la quête de ce record-là. Djokovic n'aura plus à chasser les points. A court voire à moyen terme, il restera le leader comptable de la hiérarchie mondiale. Mais s'il devait céder la place dans les mois à venir, cela n'aurait pas une importance fondamentale à ses yeux maintenant qu'il a surpassé les 310 semaines de Roger Federer. Le Belgradois peut, plus que jamais, tout miser sur les quatre levées majeures du calendrier.
Si, dans quelques mois, dans un, deux ou cinq ans, Djokovic quitte la troisième marche du podium dans la course au Grand Chelem, la plus prestigieuse de toutes, ce sera, pour lui, un soulagement plus grand encore. L'appréciation d'une carrière, d'un champion ou de l'histoire d'un sport ne peut se résumer à une affaire d'experts-comptables. Tout le monde sera toujours libre de considérer qui est le plus grand, selon toute une guirlande de critères qui sera propre à chacun. La subjectivité et le ressenti ont leurs vertus. Et leurs limites. Les chiffres, eux, ne pensent pas. Mais ils ne mentiront pas non plus. Que ça plaise ou non.
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