ATP Finals | Masters Turin | Et si Nick Kyrgios était le consultant du futur ?

Nick Kyrgios jouera les consultants pour nos confrères américains de Tennis Channel lors du Masters de Turin du 12 au 19 novembre prochains. Alors qu'il sort d'une saison quasi-blanche sur le circuit, la réapparition médiatique de l'Aussie, connu pour son franc-parler, suscite la curiosité. Mais elle a surtout un avantage : bénéficier de l'analyse d'un des acteurs du circuit actuel.

Nick Kyrgios interrogé par John McEnroe à l'Open d'Australie 2020

Crédit: Getty Images

Les mauvaises langues diront peut-être qu'il aime être au centre de l'attention, raquette ou pas en main. Ou plus pernicieux encore : elles estimeront qu'il s'engage déjà dans sa reconversion après une saison 2023 gâchée par les blessures au genou et au poignet. Mais voir Nick Kyrgios passer de l'autre côté du décor pour commenter le dernier rendez-vous de prestige de la saison s'apparente pour beaucoup d'autres à une sorte de cadeau de Noël avant l'heure, et son prochain "employeur", pour ainsi dire, en est bien conscient.
"Nick Kyrgios, dont le style de jeu électrique et le ton direct sont appréciés par des milliers de fans dans le monde, rejoint Tennis Channel en tant qu'analyste durant sa couverture des ATP Finals du 12 au 19 novembre", a ainsi précisé la chaîne américaine dans un communiqué mardi. On ne peut être plus clair : avec le fantasque Aussie, pas de faux-semblants ni de risque de langue de bois, il n'aura pas peur de dire ce qu'il pense et ne tournera pas autour du pot. Une bénédiction pour les audiences et donc un pari presque gagné d'avance en termes de retour sur investissement.

Du trash-talking au détriment du fond ?

Mais à l'ère de la société du divertissement et du spectacle, un danger guette : la superficialité et la recherche du "clash" permanent. De ce côté, Kyrgios a fait ses preuves par le passé. Voici quatre ans, il avait fait feu de tout bois en participant au podcast NCT Tennis du journaliste Ben Rothenberg. Novak Djokovic et son "obsession maladive d'être aimé", le "très excessif" Rafael Nadal ou encore Fernando Verdasco et son "arrogance" : ils en avaient tous pris pour leur grade. Andy Murray et Roger Federer étaient alors les seuls membres du "Big 4" qui trouvaient grâce aux yeux de l'Australien.
Toujours lors de cette fameuse saison 2019, il avait trouvé une autre tête de Turc en la personne de Casper Ruud, l'interpellant sur Twitter et le qualifiant d'ennuyeux sur un court. Une brouille née de la disqualification de l'Australien à Rome face au Norvégien qui avait ensuite critiqué son comportement. Bis repetita en pleine crise du Covid-19 à l'été 2020 quand Kyrgios n'y était pas allé de main morte pour dézinguer encore le "Djoker" et son malheureux Adria Tour. Dans un circuit parfois considéré comme trop lisse, le bouillant Nick était une garantie d'étincelles, et ce même si parfois pas grand-chose ne les justifiait.
Pour la forme, lui donner une tribune ressemble donc à une aubaine. Mais qu'en est-il du fond ? L'honnêteté oblige à concéder que les exemples précédemment cités commencent à dater. Si Kyrgios n'est pas devenu un agneau non plus, il est un peu rentré dans le rang et s'est surtout ouvert sur ses difficultés psychologiques, dévoilant au grand jour les troubles dépressifs (abus de substances, auto-mutilation, etc.) dont il souffrait justement lors de cette fameuse saison 2019. Sa renaissance sportive en 2022 et sa réconciliation spectaculaire avec Novak Djokovic – dont il avait pris la défense lors de l'imbroglio de son expulsion de Melbourne –, son vainqueur en finale de Wimbledon, ont aussi apporté de la nuance au personnage.

Murray et Pouille s'y sont déjà essayé avec succès

Et un autre constat s'impose : qui mieux que Kyrgios, dans le panel actuel des consultants à la télévision, aussi brillants aient-ils été en tant qu'anciens champions, sait ce que signifie affronter Djokovic et les sept autres participants du Masters en compétition ? L'œil de Kyrgios de ce point de vue pourrait être une plus-value assez exceptionnelle pour les téléspectateurs qui auront l'occasion de l'écouter. D'autant que l'Australien n'est pas un novice derrière un micro, même si le ton du podcast "No Boundaries" dans lequel il est intervenu notamment ces dernières années n'a pas grand-chose à voir avec une émission classique de télévision.
L'expérience s'annonce d'autant plus intéressante que, récemment, d'autres joueurs toujours en activité ont reçu des louanges méritées dans l'exercice. Sur Eurosport, Lucas Pouille l'a bien montré lors de l'US Open et du dernier Rolex Paris Masters. Mais ce fut aussi le cas d'Andy Murray dès 2018 sur la BBC à l'occasion du quart de finale entre Juan Martin Del Potro et Rafael Nadal. Sa finesse d'analyse, son humour pince-sans rire et son duo aussi pertinent que comique avec Tim Henman avaient ravi les spectateurs britanniques.

Un atout supplémentaire pour préparer son retour ?

La Danoise Caroline Wozniacki et l'Américain Christopher Eubanks s'y sont aussi essayés plus récemment, déjà sur Tennis Channel. Avec son ton posé et son aisance pour disséquer les points en palette, le dernier cité avait même hérité du surnom "professeur Eubanks" des internautes lors de la tournée américaine en mars. Une expérience d'autant plus réussie pour l'intéressé qu'il avait bénéficié de cette prise de recul pour cristalliser un peu plus dans son esprit les schémas tactiques des meilleurs joueurs du monde, ce qui l'a aidé ensuite à percer sur le circuit (quart-de-finaliste à Wimbledon) de son propre aveu.
En sera-t-il de même pour Nick Kyrgios qui espère faire son grand retour à la compétition lors du prochain Open d'Australie ? Une chose est certaine : l'Australien sent le jeu comme peu de joueurs sur le circuit, ce qui explique aussi sa réussite sans coach. Saura-t-il retranscrire ses sensations sur le court en mots ? C'est toute la question. Et elle n'en est que plus intrigante.
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