Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Interview exclusive de Félix Auger-Aliassime : "J'ai la conviction que je peux gagner un Grand Chelem"

Maxime Battistella

Mis à jour 19/12/2023 à 15:59 GMT+1

EXCLU EUROSPORT – Après avoir reçu de l'ATP le prix humanitaire Arthur Ashe pour son engagement pour l'éducation au Togo via le programme #FAAPointsforChange avec BNP Paribas, Félix Auger-Aliassime a accordé un entretien à Eurosport. Il y revient sur sa saison 2023 décevante avec franchise, tout en se montrant ambitieux pour 2024 avec le désir de redevenir un acteur majeur du circuit.

Auger-Aliassime : "Recevoir le prix Arthur Ashe pour mon engagement au Togo, c'est un honneur"

Il n'a que 23 ans mais Félix Auger-Aliassime a la maturité d'un joueur qui a déjà bien roulé sa bosse sur le circuit. Posé, réfléchi et engagé, le Canadien s'est évidemment distingué sur les courts du monde entier ces dernières années mais aussi par son impact sur la société. En trois ans, il a ainsi reversé avec l'aide de BNP Paribas (20 dollars par point gagné, 5 de sa poche et 15 de la banque) près de 400 000 dollars au programme EduChange mis en place par l'ONG CARE pour soutenir l'accès à l'éducation et au sport de 2500 enfants de la région de Kara au Togo, pays d'origine de son père. Le projet lui a valu une distinction de l'ATP : le prix humanitaire Arthur Ashe.
A cette occasion, "FAA" a accordé un entretien à Eurosport. "Lors de ma visite au Togo, j'ai vu de belles avancées : des jeunes qui ont accès à l'école, au sport, sont éduqués par rapport à leurs droits avec les difficultés liées au pays. On ne peut pas prendre la réalité qu'on connaît en Europe et la transférer sur place", a-t-il souligné en préambule. Fier d'être déjà reconnu pour l'homme qu'il est, il n'en a pas pour autant éludé les sujets qui fâchent, et notamment cette année 2023 qui a marqué un recul dans sa progression.
"Ce qui est bien avec le tennis, c'est qu'on ne peut pas se cacher, a-t-il confié. La réalité, c'est que j'étais 6e pour démarrer la saison et que je suis 29e actuellement. Je dois l'accepter en tant que joueur de tennis et en connaître les raisons. Ce n'est pas pour se donner des excuses mais pour comprendre ce qui s'est passé, ce que je peux faire pour revenir à mon meilleur niveau et aller encore plus loin. Parce qu'il ne s'agit pas de redevenir 6e ou de rejouer une demie en Grand Chelem comme je l'ai fait à l'US Open (2021), je veux aller encore plus loin."
picture

Félix Auger-Aliassime

Crédit: AFP

Moins mobile car blessé, il a tardé à reprendre pied

Le Canadien avait pourtant fini 2022 en boulet de canon avec trois titres sur dur indoor avant de participer à son premier Masters. Tant et si bien que 2023 devait marquer une nouvelle étape majeure dans sa jeune carrière, notamment en Grand Chelem. Et patatras, des blessures au genou et à l'épaule ont contrarié ses plans, au point d'être éliminé d'entrée dans 10 tournois sur 21 disputés dont deux en Grand Chelem.
"Évidemment, les blessures ont été contraignantes notamment à Roland-Garros et à Wimbledon où j'étais encore gêné par mon genou. Sur la tournée américaine, la santé allait mieux, j'ai recommencé à jouer des matches de qualité, mais ni la confiance ni le niveau tennistique n'étaient au rendez-vous. Et ça a pris quelques mois avant que je me retrouve en position de gagner au niveau où j'ai gagné l'année dernière notamment à Bâle. Ça a pris plus de temps que prévu, et je dois voir avec mon équipe comment arriver à retrouver plus vite mon niveau, parce que des blessures, il y en aura, même si j'espère le moins possible. J'espère que ça restera une parenthèse dans ma carrière. C'est mon défi", a-t-il souligné.
Et d'expliquer : "Une des bases du tennis, c'est le déplacement, le jeu de jambes. Tous les meilleurs joueurs de l'Histoire ont été performants dans ce secteur. Quand j'ai perdu en mobilité sur le court, il y a plein d'autres aspects de mon jeu qui ont commencé à descendre dont mon service. On prend de mauvaises habitudes pendant plusieurs mois et ça peut prendre le même temps pour les changer. Et j'ai été gêné trois mois avec mon genou."
picture

Tsitsipas s'est sorti du piège Auger-Aliassime : les temps forts en vidéo

L'objectif en 2024, c'est que Toni soit plus présent
Reste que "FAA" le sait : il aurait pu reprendre pied plus vite. Ses doutes criants, même quand le physique fonctionnait, ont parfois donné l'impression qu'il était perdu et ne savait plus trop où il allait. De là à se demander si quelque chose clochait dans son équipe, il n'y a qu'un pas. Le message de Frédéric Fontang, son coach historique, passe-t-il toujours aussi bien ? Toni Nadal, qui le conseille aussi depuis plus de deux ans, apporte-t-il une plus-value ?
Le Canadien ne panique pas, reste fidèle à ceux qui travaillent avec lui, mais il y aura des petits changements en 2024. "L'année 2023, c'était compliqué par rapport aux blessures et à l'incertitude. En septembre par exemple, je m'entraînais à Montréal et je n'étais pas certain de terminer la saison. C'était difficile de s'engager avec Toni pour qu'il vienne sur certains tournois. Donc il ne m'a pas accompagné pendant une certaine période. Mais on continue et on va même refaire ce qu'on a fait en 2021 et 2022 : l'objectif, c'est que sa présence soit plus récurrente, qu'il vienne un peu plus souvent. Avec Frédéric, tout continue bien. En ce moment, j'adore le fonctionnement de mon équipe", a-t-il assuré.
picture

Auger-Aliassime : "Mon ambition est d'aller au bout en Grand Chelem"

Je ne crois pas avoir raté le train, je peux rivaliser avec Alcaraz, Sinner et Rune
En retrait par rapport aux rivaux de sa génération Carlos Alcaraz, Jannik Sinner et Holger Rune, Auger-Aliassime compte bien combler son retard grâce à des ajustements dans sa préparation hivernale à Monaco pour prévenir les blessures et un gros travail sur ses points forts, pour maîtriser davantage son style de puncheur agressif. "Je n'ai pas le sentiment d'avoir raté le train. J'ai réussi à faire des choses avant Sinner, il en a réussi d'autres avant moi. Il a vécu une très belle année, notamment à partir de Pékin, un peu comme moi l'année dernière. J'ai toujours eu des rivaux et de l'adversité. Je suis concentré sur ce que je dois faire et j'ai toujours la conviction que je peux rivaliser avec tous ces joueurs."
D'ailleurs, "FAA" se reconnaît dans la mentalité et l'éthique de travail qui ont conduit Sinner à progresser nettement en 2023. Et ce n'est pas un exercice raté qui lui fera revoir ses ambitions à la baisse. Toute expérience est bonne à prendre du moment qu'on en tire quelque chose. Et les résultats ne sont que la conséquence de la mise en place d'un projet clair.
"On me demande souvent des objectifs précis, mais même en équipe, on n'en parle jamais comme ça en fin d'année. On se demande plutôt ce qu'on doit faire pour être meilleur ou pour gagner un Grand Chelem, a-t-il enfin noté. On est vraiment concentrés sur les choses qu'on doit faire au quotidien pour s'améliorer. Pour nous, c'est l'essentiel. Mais évidemment, mes ambitions sont toujours les mêmes depuis que je suis adolescent et jeune joueur sur le circuit : c'est d'aller au bout en Grand Chelem. C'est de gagner. Est-ce que je vais y arriver l'année prochaine ? On verra. Mais en tout cas, je vais m'en donner toutes les chances possibles. J'ai la conviction et la croyance que je peux y arriver."
picture

Félix Auger-Aliassime a remporté le tournoi de Bâle, dimanche 29 octobre 2023.

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité