Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Jakub Mensik, Joao Fonseca, Dino Prizmic... Pourquoi les "teenagers" sont aussi performants

Maxime Battistella

Mis à jour 26/02/2024 à 21:25 GMT+1

En ce début de saison 2024, de nombreux jeunes joueurs de 18 ans ou moins se distinguent par leurs performances. Alors qu'il semblait de plus en plus difficile de percer tôt sur le circuit à l'ère du "Big 3", cette nouvelle dynamique interpelle. Une génération particulièrement talentueuse est-elle en train d'émerger ou s'agit-il d'une tendance aux causes plus profondes. Tentative d'explication.

Fonseca et Mensik, les enfants de Djokovic ?

Avec eux, le tennis n'a pas de soucis à se faire pour son avenir. Depuis quelques mois, la réflexion revient souvent en référence au trio de la "Next Next Gen" composé de Carlos Alcaraz, Jannik Sinner et Holger Rune. L'Espagnol, l'Italien et le Danois ont, il est vrai, déjà mis la barre très haut. Mais ceux qui les suivent n'ont peut-être pas grand-chose à leur envier en termes d'ambitions voire de potentiel. Et ils l'ont déjà plus que prouvé cette saison après à peine deux mois de compétition : Jakub Mensik, Dino Prizmic ou encore Joao Fonseca ont crevé l'écran.
La semaine dernière à Doha, Mensik a plus qu'impressionné en disposant notamment d'Andrey Rublev, tête de série 1 et numéro 5 mondial, avant d'être stoppé en finale par Karen Khachanov. La veille, il était venu à bout d'Andy Murray après un marathon de 3h23, le match le plus long de l'histoire du tournoi. C'est dire si le Tchèque est déjà au point autant mentalement que physiquement. A 18 ans, il est désormais le plus jeune membre du Top 100. Dans le même temps, de l'autre côté du globe, le Brésilien Fonseca, 17 printemps au compteur, subjuguait un public ravi à Rio de Janeiro, devenant le deuxième plus jeune quart-de-finaliste d'un ATP 500 après Alexander Zverev à Hambourg en 2014.
Et ce n'est pas tout. Voici un peu plus d'un mois, le Croate Dino Prizmic, 18 ans, s'était lui aussi signalé. Sans gagner, il avait presque fait mieux : pousser dans ses retranchements au 1er tour de l'Open d'Australie la référence ultime du circuit et son idole, Novak Djokovic. Complètement bluffé, ce dernier lui avait rendu hommage : "Je suis impressionné par sa mentalité, son approche de l'événement, son jeu. J'entends beaucoup d'histoires positives sur sa discipline, sur son engagement dans des routines quotidiennes qui le rendent déjà si fort à son âge."
picture

Prizmic épatant, Djokovic résilient : les temps forts d'un grand spectacle

Alcaraz et Sinner ont créé un appel d'air

Alors pourquoi ces jeunes percent-ils si tôt ? Evidemment d'abord grâce à leurs qualités tennistiques. Mensik s'appuie par exemple sur une immense première balle et fait preuve d'une belle agressivité à l'échange, l'explosivité et la puissance de Fonseca font des ravages et Prizmic étonne par sa couverture de terrain et sa capacité à changer de direction en cours d'échange. Tous les trois semblent déjà assez solides physiquement et mentalement, même s'ils ont beaucoup de marge encore. Mais une caractéristique fondamentale les rassemble : ils ne font aucun complexe.
Et en cela, ils s'inspirent de leurs aînés de deux, trois ou quatre ans. Car ils ont vu Alcaraz et Sinner sacrés en Grand Chelem très tôt. Fonseca, qui a partagé des séances d'entraînement avec les deux lors du Masters de Turin, ne dit pas autre chose. "C'était une expérience incroyable. J'ai essayé de me nourrir de tout ça, de voir comment toutes les petites choses sont intégrées à leur routine, comment ils s'échauffent, comment ils passent du mode entraînement au mode compétition. Et puis, j'ai pu tester leur frappe de balle", a-t-il confié au site de l'ATP.
picture

Mensik a fait tourner Rublev en bourrique : les temps forts de sa victoire

Un horizon dégagé et Djokovic en modèle absolu

Un autre facteur important et incontestable de l'émergence précoce de ces nouveaux talents réside dans la fin progressive de l'ère du "Big 3". Par leur ultra-domination, Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic ont bouché bien des horizons, et ce jusqu'à celui de la fameuse "Next Gen". Mais avec le départ à la retraite du Suisse et les blessures à répétition de l'Espagnol, il ne reste finalement plus que Novak Djokovic aux manettes.
Certes, le Serbe est toujours favori de chaque tournoi du Grand Chelem qu'il aborde, mais pour être encore à ce niveau en Majeurs, il s'aménage un programme sur mesure et ne verrouille plus comme à une époque les Masters 1000. Surtout, sa longévité et son succès sont des sources d'inspiration pour ceux qui déboulent sur le circuit ATP. Pour Mensik comme Prizmic, Djokovic est une idole qu'il convient d'imiter. Le premier a d'ailleurs déjà partagé des semaines d'entraînement avec le numéro 1 mondial à Belgrade et au Monténégro, il bénéficie régulièrement de ses conseils et de ses outils d'analyse, comme l'a révélé son coach Tomas Josefus à l'ATP.
Quant au second, il s'est inspiré depuis ses 15 ans du régime du "Djoker" pour être plus performant. "Sur le court, je me sens très bien, pas fatigué. Ça fait une grande différence en termes de niveaux d'énergie. (…) C'est dur de ne pas manger de sucreries, mais je sais que c'est pour mon tennis parce que le tennis est ma vie", a d'ailleurs déclaré Prizmic, toujours au site de l'ATP. A Melbourne, il avait d'ailleurs tenu tête pendant quatre heures à son modèle, à tel point que le Serbe avait déclaré avoir eu l'impression de se jouer dans un miroir.
picture

Battu par le 655e mondial, Fils est toujours en panne sèche

Un circuit plus vite ouvert aux meilleurs jeunes

Comme Djokovic dans sa jeunesse, Mensik, Prizmic ou encore Fonseca rêvent de grandeur et estiment déjà évoluer dans leur élément naturel sur le circuit ATP, alors qu'ils n'ont pas encore le classement pour y évoluer régulièrement. Mais de ce point de vue aussi, une nouvelle politique de l'ATP contribue à permettre des éclosions plus précoces. Via son "Next Gen Accelerator Programme", l'instance dirigeante permet aux jeunes joueurs de moins de 20 ans dans le Top 350 d'obtenir des invitations dans 8 tournois Challengers 100 et 125. Et pour ceux qui seraient déjà dans les 250 premiers, une wild-card pour un tournoi ATP 250 est également accordée. C'est grâce à cette nouvelle règle que Mensik a pu jouer à Doha et y prendre une nouvelle dimension.
Ce même programme permet aux meilleurs juniors de participer à 8 Challengers 50 ou 75. Joao Fonseca, vainqueur de l'US Open juniors l'an dernier, en a bénéficié et en a saisi l'importance. "Le plus difficile pour un joueur de tennis professionnels, c'est la transition du Top 500 au Top 200 pour jouer les qualifications en Grand Chelem. C'est super de donner cette opportunité aux meilleurs en juniors de jouer des Challengers face à des joueurs plus expérimentés, meilleurs physiquement et plus forts", a-t-il observé. De nombreuses conditions sont donc réunies pour que les jeunes talents explosent. Les mois prochains diront si la tendance se confirme.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité