"Presque un exploit"

Si Gaël Monfils remporte le quatrième titre de sa carrière dimanche à Washington, le premier en dehors de l'Europe, il faudra vraiment manier la mauvaise foi avec un art certain pour oser avancer qu'il ne le mérite pas. La capitale américaine lui aura tout fait. Après l'avoir obligé à commencer son tournoi jeudi, la pluie a contraint le Français à finir sa demi-finale face à John Isner à 1h15 du matin samedi. Si, après ça, il s'en sort en remportant son cinquième match en quatre jours dimanche en finale contre Radek Stepanek, la Monf' pourra aller se coucher avec le sentiment du devoir accompli et du travail bien fait.

Mais pour l'instant, Monfils résiste à tout. Face à John Isner, samedi, il a même connu une grande première: le hawk-eye est tombé en rade quand il en avait le plus besoin... sur une balle de match en sa faveur. Alors qu'il menait 5-4 dans le dernier set, le numéro un tricolore a obtenu deux balles de match. Sur la seconde, Isner a claqué un ace, mais Monfils a vu la balle dehors. Il demande la vidéo. En vain. "C'est frustrant car c'est sur une balle de match que la machine tombe en panne. C'est la première fois que cela m'arrive", avoue Monfils, qui peut sourire de cette mésaventure puisque, quelques minutes plus tard, il remportait la rencontre au jeu décisif après avoir lui-même sauvé une balle de match.

Incontestablement, c'est au plan mental que Monfils impressionne le plus cette semaine. A Washington, il a passé plus de temps à attendre qu'à jouer, mais jamais il ne s'est laissé gagner par la frustration. Ce fut tout particulièrement vrai face à Isner, un adversaire qui lui pose souvent beaucoup de problèmes. "J'ai beaucoup de respect pour John et c'est toujours un plaisir de jouer contre lui, même si ça ne m'a pas toujours réussi", avoue le Français. Costaud, Monfils a su prendre les risques nécessaires pour forcer la décision dans le jeu décisif du troisième set. "A 6-6, il m'a sorti une énorme deuxième balle, sur la ligne. C'était un gros risque mais ça a payé et j'ai craqué derrière sur la balle de match", souligne Isner.

Il reste maintenant à la tête de série numéro un à conclure sa semaine en beauté. Des belles semaines qui finissent en queue de poisson, Monfils connait. Il a déjà disputé treize finales dans sa carrière, mais pour seulement trois victoires. Sur le papier, Radek Stepanek n'est pas l'adversaire le plus insurmontable, mais les circonstances sont particulières. Le Tchèque dormait déjà quand le Français a bouclé son match contre Isner. "Ce sera un match difficile, estime Monfils. Il sera agressif. Il me faudra être fort d'entrée de jeu car ce ne sera pas simple." Quoi qu'il arrive, sa campagne américaine démarre en tout cas sous de bons auspices. "Je suis vraiment content. Ce n'est pas terminé, mais c'est déjà presque un grand exploit, juge l'intéressé. J'ai eu une dure année, avec une blessure et un nouveau coach. Revenir aussi fort aujourd'hui est réconfortant".