Federer : "Ne parlez pas de mes fautes en retour, parlez d'un joueur qui écrit l'histoire"

Ce n'était pas le jour de Roger Federer. Le Suisse n'avait jamais perdu une finale à Cincinnati. Il était arrivé sept fois à ce stade du tournoi. Il s'était imposé à chaque fois. Jusqu'à cette défaite dimanche face à Novak Djokovic (6-4, 6-4). Un revers des plus logiques tant le Serbe lui a été supérieur. Le Maître n'a jamais été lui-même dans cette rencontre. Il le sait. Il en tirera les enseignements. Mais pour Federer, cela passe au second plan.

Ce qu'il retient en priorité, c'est l'exploit de son adversaire. Parce qu'il est historique. Djokovic a remporté le seul Masters 1000 qui manquait à son palmarès après avoir déjà gagné toutes les épreuves du Grand Chelem, la Coupe Davis et le Masters. Personne n'a réalisé cela. Pas même Federer. Alors le Suisse mesure particulièrement bien la performance du Djoker. "C'est un grand champion et c'est ce qui doit ressortir de cette conférence de presse, pas mes fautes en retour sur ses secondes balles mais bien un joueur qui écrit l'histoire", a insisté Federer auprès des journalistes.

Pour le Suisse, c'est en effet un match à oublier au plus vite. A tous les niveaux. Il n'a passé que 58% de ses premières balles et a été breaké à trois reprises, alors qu'il restait sur 100 jeux de services remportés consécutivement dans l'Ohio et n’avait concédé aucune balle de break lors de ses trois matches précédant la finale. Et son bilan est encore pire au retour avec seulement… 22% de points remportés sur la seconde balle de Djokovic. Federer pouvait difficilement passer davantage à côté de sa finale. "Je ne veux pas chercher les raisons pour lesquelles c'est arrivé, a-t-il coupé. C'est juste arrivé."

Mais s'il ne souhaitait pas que sa piètre performance soit mise en avant, c'était surtout pour ne rien enlever au mérite de Djokovic. "On peut parler de tous les points que vous voulez aborder, mais je ne pense pas que cela soit le plus important, a poursuivi Federer. Ce que Djokovic accompli, c'est un aboutissement incroyable et j'espère qu'il en est fier et qu'il est très heureux d'avoir réussi cela. A la fin, avec tous ces records, on se demande toujours lequel a le plus de valeur. Pour Novak, c'est peut-être bien ça, à côté de ses victoires en Grand Chelem et de tout ce qu'il a déjà réalisé."

Federer sait de quoi il parle. Le Suisse a remporté 20 titres en Grand Chelem, mais il n'a pas manqué de souligner la difficulté de remporter un tournoi du Masters 1000, ce qui lui est arrivé à 27 reprises. "Les meilleurs sont là, il faut jouer des adversaires difficiles dès les premiers tours et on n'a pas beaucoup de temps pour trouver son rythme, a-t-il résumé. Ce sont de longues semaines. C'est dur et épuisant. Le travail sur le jeu, on doit le faire pendant les matches. Novak a certainement fait cela mieux que les autres. C'est le mérite qu'il faut lui attribuer. Et ce qu'il a fait, c'est incroyable."

Le Suisse a quand même des raisons de se satisfaire de sa semaine après avoir atteint sa sixième finale en huit tournois disputés en 2018. Même si son match manqué face à Djokovic a laissé transparaitre une usure physique avec ces quatre matches en trois jours. "C'était une bonne semaine mais je suis ravi qu'elle soit terminée et j'ai besoin de repos", a-t-il avoué. Histoire d'être fin prêt pour sa prochaine échéance. "Je suis impatient de débuter l'US Open, a-t-il lancé. Et le tirage, aussi, devrait être très intéressant." Et là encore, Federer pense sans aucun doute au Djoker...