Nadal, séisme de force 7

Rafael Nadal a subi jeudi face à Fernando Verdasco sa septième défaite seulement sur terre battue en sept ans. Un simple épiphénomène dû au terrain bleu de Madrid? C'est la thèse à laquelle veut croire le Majorquin.

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Une défaite de Rafael Nadal sur terre battue, c'est, par nature, un tremblement de terre. Peu importe qu'elle soit bleue, ocre, jaune ou noir. Le Majorquin a placé la barre si haut sur sa surface fétiche, il a tant banalisé l'invraisemblable que le moindre accroc apparait comme une catastrophe. Nadal, sur terre, a perdu dix-neuf matches dans sa carrière, en comptant celle concédée à Madrid jeudi contre Fernando Verdasco. Mais douze d'entre elles datent d'avant sa première victoire à Roland-Garros en 2005. Depuis, en sept ans, il n'a perdu que... sept fois. Surréaliste. Verdasco n'est que le cinquième joueur à faire tomber l'ogre de l'ocre sur cette période après Federer, Djokovic, Ferrero et Söderling.
C'est donc forcément un évènement. La question est de savoir s'il s'agit d'un épiphénomène ou s'il faut y voir le préalable de soucis majeurs pour Nadal à dix jours de Roland-Garros. L'argument le plus fort avancé pour minimiser la défaite du numéro deux mondial, c'est la surface. Cette désormais trop fameuse terre battue bleue. En gros, Nadal aurait-il succombé si tôt dans un autre tournoi, sur une terre "normale"? Mercredi, après sa victoire contre Davydenko pour son entrée dans la compétition, il avait fait part à nouveau de sa réticence pour l'innovation madrilène. "Mais si je perds ici, ce ne sera pas à cause de la terre battue bleue mais parce que mon niveau n'aura pas été assez bon", s'était-il empressé de préciser.
Verdasco: "Pour moi, la couleur n'est pas le problème"
Jeudi soir, le discours avait changé. Sans se réfugier derrière une excuse quelconque, Nadal avait du mal à considérer son revers comme un véritable échec sur terre battue. "Je le compte comme une défaite, a-t-il simplement dit. Après, une défaite sur terre? Ce n'est pas à moi de le dire, je ne suis personne pour dire cela, mais je sais ce que j'en pense au fond de moi." Le message est assez clair. Il a perdu sur terre battue bleue. Pas sur terre. Pour Nadal, les valeurs sont nivelées à Madrid. "N'importe qui peut gagner", a-t-il envoyé après sa défaite. Lui ne peut s'exprimer pleinement, il n'est pas lui-même. Pour le sextuple vainqueur de Roland-Garros, c'est donc bien le contexte azuré du Masters 1000 de Madrid qui permet d'expliquer sa sortie prématurée. Rappelons que c'est tout de même la première fois depuis Roland-Garros 2009 qu'il disparait avant le dernier carré d'un tournoi sur terre.
Toujours en vie, Novak Djokovic a laissé entendre que, pour lui aussi, les résultats du tournoi de Madrid devraient être considérés avec une grande prudence. Ici, tout peut arriver vu les circonstances. Même ce qui s'est passé jeudi. "Le gagnant sera celui qui aura réussi à ne pas se blesser", juge le Serbe, abondant dans le sens de son dauphin au classement mondial: ici, il n'est pas possible de jouer comme ailleurs. Visiblement agacé par ce qu'il perçoit comme une façon de minimiser sa victoire, Fernando Verdasco a répondu à son habituel bourreau devenu victime. "Chaque joueur a ses propres opinions et chacun est libre de dire ce qu'il veut, a-t-il soufflé. S'il croit que le court bleu lui porte préjudice, c'est sûrement le cas. Pour moi, la couleur n'est pas le problème. Le court glisse, mais c'est la façon dont ils la font, parce que l'an dernier, c'était déjà glissant." L'an dernier, Nadal n'avait été battu que par Djokovic en finale.
Une chose est sûre: même sur ce court qu'il n'aime pas, Nadal a compté à deux reprises un double break d'avance dans le troisième set. Il aurait dû gagner ce match. Mettre sur le dos de la surface ses quatre services perdus dans la dernière manche parait exagéré. Cette défaite est une alerte pour lui. Sera-t-elle une parenthèse? Après ses victoires à Monte-Carlo et Barcelone, difficile de voir dans ce printemps 2012 le signe d'un déclin terrien. Avant le match contre Verdasco, Rafa n'avait pas encore perdu un set sur terre cette année. Rome, ultime répétition avant Roland-Garros, permettra d'en savoir plus sur la vraie nature du séisme castillan. En attendant, jusqu'à preuve du contraire, Nadal reste Nadal. Au bénéficie du doute. Et du bleu.
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