ATP Miami : Federer espère faire tomber le tenant du titre Isner de son piédestal

La victoire de John Isner à Miami en 2018, son premier et unique titre à ce jour en Masters 1000, a été l’apothéose d’une saison historique pour l’Américain dans sa régularité au plus haut niveau. Il a ainsi atteint par la suite la première demi-finale de sa carrière à Wimbledon, battu alors par Kevin Anderson au terme d’un immense combat de cinq sets (7-6, 6-7, 6-7, 6-4, 26-24) et 6h36 de jeu. Dans la foulée, il a aussi enregistré le meilleur classement de sa carrière (8e joueur mondial) et a participé au Masters de Londres.

Mais 2019 n’a pas démarré sous les mêmes auspices pour le géant, battu dès le premier tour de l’Open d’Australie par son compatriote Reilly Opelka, une autre montagne. Demi-finaliste à Delray Beach puis à Acapulco, Isner a repris quelques couleurs avant la tournée américaine. Dominé par Karen Khachanov en huitième de finale à Indian Wells, il ne semblait toutefois pas aborder la défense de son titre et des 1000 points acquis en Floride dans un état de confiance suffisant.

Et pourtant, l’Américain a tour après tour montré à quel point il était solide mentalement, ne laissant aucun set et surtout aucun tie-break (sur neuf disputés !) en route. Si les éliminations précoces de Novak Djokovic et Dominic Thiem ont dégagé sa moitié de tableau, il a montré qu’il avait le service et le jeu taillés pour le gigantisme du Hard Rock Stadium et a déjà sauvé sa place dans le top 10.

Retrouver Roger Federer à ce stade de la compétition est moins surprenant, tant le Suisse pratique un haut niveau de tennis depuis quelques semaines et son 100e sacre sur le circuit ATP à Dubaï. Si l’on met de côté son entrée en lice hésitante contre le Moldave Radu Albot qui lui a pris un set et un début de match accroché contre le Serbe Filip Krajinovic, il a totalement maîtrisé son sujet par la suite, expédiant successivement Daniil Medvedev, Kevin Anderson et Denis Shapovalov. Il a aussi impressionné par sa capacité à se remettre rapidement de sa défaite en finale à Indian Wells contre Dominic Thiem. Dimanche, le Bâlois de 37 ans jouera pour un 4e titre à Miami, le 101e de sa carrière, et pour chiper à Novak Djokovic la 1ère place… à la Race (classement depuis le début de l’année).

Roger Federer mène 5-2 dans ses duels face à John Isner sur le circuit. Mais l’Américain a remporté leur dernière confrontation officielle lors de l’édition 2015 du Masters 1000 de Paris-Bercy (7-6, 3-6, 7-6).
Si le résultat importe moins, les deux joueurs ont croisé le fer plus récemment dans le cadre particulier de la Laver Cup, compétition-exhibition tenue en septembre dernier. Federer s’était alors imposé après une nouvelle bataille très serrée au super tie-break du troisième set (6-7, 7-6, 10-7).

2e tour : bat Radu Albot (4-6, 7-5, 6-3)
3e tour : bat Filip Krajinovic (7-5, 6-3)
1/8e de finale : bat Daniil Medvedev (6-4, 6-2)
1/4 de finale : bat Kevin Anderson (6-0, 6-4)
1/2 finale : bat Denis Shapovalov (6-2, 6-4)

2e tour : bat Lorenzo Sonego (7-6(2), 7-6(7))
3e tour : bat Albert Ramos Vinolas (7-5, 7-6(6))
1/8e de finale : bat Kyle Edmund (7-6(5), 7-6(3))
1/4 de finale : Roberto Bautista Agut (7-6(1), 7-6(5))
1/2 finale : bat Félix Auger-Aliassime (7-6(3), 7-6(4))

4. C’est le nombre de joueurs qui ont réussi à défendre leur titre à Miami : les Américains Pete Sampras et Andre Agassi, le Suisse Roger Federer et le Serbe Novak Djokovic. John Isner va jouer dimanche pour rejoindre ce club très fermé.

50. Il s’agira dimanche de la 50e finale disputée en Masters 1000 par Roger Federer, un record. Il est suivi de très près dans ce secteur par Rafael Nadal (49) et Novak Djokovic (47). Le Suisse en a gagné un peu plus de la moitié jusqu’ici (27/49, soit 55 %), mais reste sur trois défaites : deux à Indian Wells (2018, 2019) et une à Cincinnati (2018).

11. Tenant du titre, John Isner surfe actuellement sur une série de 11 victoires consécutives à Miami et visera donc la passe de 12 ce dimanche.

Si l’on ne considère que le niveau de jeu pratiqué durant les dix derniers jours, difficile de ne pas faire de Roger Federer le favori de cette finale. Le Suisse n’a eu besoin que d’un tour pour prendre ses marques dans le Hard Rock Stadium où son jeu tout en variations fait des merveilles. Agile au filet, percutant en coup droit, il a aussi retrouvé une belle réussite à la relance en revers, un secteur du jeu qui s’annonce fondamental à l’approche de cette finale. Face au grand serveur Kevin Anderson en quart de finale, il a eu un aperçu de ce qui l’attend dimanche, même si le Sud-Africain n’a pas connu le meilleur jour de sa carrière au service (seulement 56% de premières balles) à cette occasion.

Federer aime les grands serveurs, il ne s’en cache pas et n’a perdu contre Isner que dans des conditions indoor (sur terre battue en Coupe Davis en 2012 et à Paris-Bercy en 2015). Mais le dernier titre du Bâlois en Masters 1000 commence à dater (en octobre 2017 à Shanghaï) et il a surtout perdu ses trois dernières finales dans cette catégorie de tournoi contre trois adversaires différents : Juan Martin Del Potro et Dominic Thiem à Indian Wells (2018 et 2019), Novak Djokovic à Cincinnati (2018). De quoi peut-être être nerveux en entrant sur le court central dimanche, même si son expérience inestimable des grands rendez-vous fait sacrément contre-poids.

John Isner, de son côté, n’a rien à perdre et s’évertuera sûrement à soigner son pourcentage de premières balles pour protéger son engagement. L’Américain le sait, s’il parvient à pousser Federer au tie-break, il aura certainement un coup à jouer. Parfait dans l’exercice à Miami, il est parvenu à élever considérablement son niveau de jeu dans ces situations dans les tours précédents. Il a aussi montré contre Félix Auger-Aliassime qu’il était capable de passings surprenants en bout de course, et surtout qu’il pouvait être très percutant à la relance sur les secondes balles adverses.

Tout l’enjeu pour Federer sera donc de protéger suffisamment son propre service pour engager la bataille sur celui d’Isner. Dans l’échange, le Suisse, très mobile cette semaine, part avec une longueur d’avance, mais si l’Américain prend feu au service, Federer risque de ne pas avoir beaucoup d’occasions de le montrer.

Notre pronostic : Federer en trois sets