Pas de Bleus pas de lézard

Aucun joueur ne défendra les couleurs françaises en huitièmes de finale du Masters de Monte-Carlo. Une première depuis la création du tournoi en 1995. Et pourtant, à écouter les principaux intéressés, il n'y aurait pas péril en la demeure bleue, alors que nous sommes à un mois et demi du début de Roland-Garros. Le premier à relativiser les claques prises par Gilles Simon, Gaël Monfils, dès leur entrée en lice, et Marc Gicquel, qui n'a inscrit qu'un jeu face à David Ferrer, est le capitaine de Coupe Davis. Guy Forget, présent sur le Rocher pour superviser les performances françaises, a été à peine surpris de la prestation de joueurs français.

"Il faut comprendre que nous sommes au tout début de la saison sur terre battue, insiste-t-il. La transition synthétique-terre est très difficile à appréhender. Le meilleur joueur qui sait parfaitement s'en accommoder est Rafael Nadal. Et c'est de loin le meilleur pour passer d'une surface à une autre. Et il faut reconnaître que ce n'est pas le cas des Français." Loin du tumult monégasque, Jo-Wilfried Tsonga a sagement préféré éviter de jouer sur le Rocher se sachant trop juste pour débuter cette semaine sur surface ocre. Tout comme Richard Gasquet qui est, par contre, embêté par un problème à l'épaule et présent dans les travées monégasques pour le faire constater. Avec ces deux là en moins, les chances de briller sur terre revenaient tout naturellement sur Gaël Monfils, 10e mondial et demi-finaliste à Roland-Garros l'année dernière.

Mais pas de chance, le Parisien arrivait avec des tendinites plein les genoux. Des straps sur les rotules -"à la Nadal", comme aime le souligner Guy Forget-, Monfils a fait ce qu'il a pu pour ses débuts sur terre, avec des sérieuses difficultés qui ne laissent rien présager de bon. "J'ai très mal aux genoux et je joue pour la première fois avec ces bandages serrés qui compriment le tendon, explique-t-il en conférence de presse. C'est très efficace, la douleur disparaît, mais je ne pouvais pas fléchir. Sans eux, je ne pourrais pas jouer." A tel point que Forget, encore lui, a sous-entendu que le N.2 français ne reviendra pas sur un court avant quinze jours pour se soigner... Affaire à suivre.

Mais le plus inquiétant n'est-il pas Gilles Simon? Notre N.1 a terriblement souffert face à l'Allemand Andreas Beck, issu des qualifications. Si cet Allemand, vainqueur dernièrement du Challenger de Khorat en Thailande fin mars, enchaîne là son 9e match sans défaite, il était aussi le premier surpris. Tombeur de Nicolas Kiefer la veille au premier tour, Beck a profité d'un match sans de Simon pour battre son premier joueur du Top 10 et rallier le 3e tour d'un Masters pour la première fois de sa carrière. "Je sais que j'étais malade ces derniers jours, mais je n'explique ma débâcle que par un jeu très, très mauvais de ma part aujourd'hui. Aucune n'arrivait à entrer dans le court aujourd'hui", se laissait dire Gilles Simon à la sortie du court. "Je ne passe pas une première balle, je fais des doubles, on ne peut pas gagner un match dans ces conditions. C'est vraiment pourri."

Si Paul-Henri Mathieu et Marc Gicquel n'ont pas réussi à surclasser les deux David spécialistes de la terre battue, Nalbandian et Ferrer, Florent Serra n'a jamais trouvé la faille dans le jeu du géant croate Ivo Karlovic. Le Bordelais est aussi la déception de la semaine, lui qui venait de signer une finale sur la terre battue de Casablanca, perdue dimanche face à Juan Carlos Ferrero. "J'avais un peu mal partout, mes jambes étaient lourdes. Maintenant, je vais me reposer." Et Guy Forget de conclure : " Les Français ne sont pas les seuls à tâtonner, j'ai vu d'autres joueurs qui n'ont pas encore trouvé leurs marques, je pense qu'il y aura encore des surprises d'ici la fin de la semaine. C'est juste dommage qu'un aussi beau tournoi que Monte-Carlo arrive si vite." Sur les dix premières têtes de série, seuls manquent à l'appel des huitièmes de finale Juan Martin Del Potro (N.6), Gilles Simon (N.6) et Gaël Monfils (N.9). Il faut espérer que tout le monde soit réglé et en jambes pour le prochain Masters à Rome, dans quinze jours, sous peine de revivre ce fiasco à Roland-Garros.