Pour Gaël Monfils, battre Nadal et remporter Monte-Carlo, ce serait monumental

ParLaurent Vergne

Publié 17/04/2016 à 00:26 GMT+2

MASTERS 1000 MONTE-CARLO – Premier Français à atteindre la finale depuis 16 ans sur le Rocher, Gaël Monfils a déjà réussi sa semaine. Il est maintenant condamné à l'exploit face à un Rafael Nadal revigoré. Pour le Parisien, une victoire dimanche marquerait tout simplement le moment le plus marquant de toute sa carrière.

Gaël Monfils

Crédit: Panoramic

Le contexte

Nadal-Monfils, ce n'était pas forcément l'affiche la plus prévisible en début de semaine. La présence du Français est une vraie surprise, mais il est donc celui qui aura le mieux tiré parti de la sortie de route d'entrée de jeu de Novak Djokovic. La fausse note du Djoker a ouvert en grand la moitié supérieure du tableau. Après avoir bénéficié d'un tableau tranquille jusqu'au dernier carré, le Français a croqué son compatriote Jo-Wilfried Tsonga. Ce sera la troisième finale de Masters 1000 de Monfils, la première en dehors de Bercy.

Evidemment, retrouver Rafael Nadal pour la grand-messe dominicale sur le Rocher est moins étonnant. Il va d'ailleurs établir un record avec sa 10e finale à Monte-Carlo : jamais personne n'avait disputé 10 finales dans un même Masters 1000. Vainqueur successif de Thiem, Wawrinka et Murray, le Majorquin a prouvé ces derniers jours qu'il était en passe de redevenir un énorme client sur terre. Mais il a besoin de concrétiser tout cela par un titre. Il n'a gagné que trois tournois depuis son 9e sacre à Roland-Garros en juin 2014, et aucun de l'envergure de Monte-Carlo. Sa semaine aurait un gros goût d'inachevé s'il échouait dimanche.

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Ce serait évidemment aussi le cas pour Gaël Monfils, mais l'enjeu va au-delà de ça pour le Français. Pour lui, une victoire dimanche serait tout simplement la plus importante de toute sa carrière. Monfils ne compte que 5 titres depuis le début de sa carrière. Cinq tournois estampillés ATP 250, la plus petite catégorie de tournois. Son ratio en finales est catastrophique (5-13). Remporter un Masters 1000 lui donnerait une autre dimension. Surtout en battant Rafael Nadal, et plus encore sur terre battue. Ce serait, en tout cas à ce jour, LE grand moment de sa vie tennistique. Rien de moins.

Face à face

Il n'y a pas photo. Ce sera dimanche la 14e confrontation entre les deux hommes et Rafael Nadal mène largement, 11 victoires à 2. Le dernier succès du Français face au Majorquin remonte à janvier 2012, à Doha. C'est d'ailleurs également là que Monfils avait signé sa première victoire, en 2009. A Doha, Monfils mène donc 2-1. Ailleurs, c'est du 10-0 Nadal. En quatre rencontres sur terre battue, l'Espagnol n'a jamais perdu un set, et Monfils n'a pris que 17 jeux au cumul de ces quatre matches...

3 stats à avoir en tête

4. Le nombre de Français vainqueurs d'un Masters 1000 depuis l'instauration de cette catégorie de tournois au début des années 90. Il s'agit de Guy Forget (Cincinnati et Bercy, en 1991), Cédric Pioline (Monte-Carlo, 2000), Sébastien Grosjean (Bercy, 2001), Jo-Wilfried Tsonga (Bercy, 2008 et Canada, 2014).

10. En atteignant la finale, Gaël Monfils s'est assuré de remonter à la 14e place mondiale lundi. Mais s'il parvient à l'emporter, il reprendra place dans le Top 10, au 10e rang justement. Il s'installera juste devant Richard Gasquet, pour 20 petits points. Ce serait un évènement pour le Français, qui n'a plus figuré dans les 10 premiers depuis le mois de novembre 2011.

12. Rafael Nadal n'a remporté aucun des 12 derniers Masters 1000 auxquels il a pris part. Une disette inédite dans la carrière du champion de Manacor. Nadal avait décroché son premier titre à sa 10e tentative. Par la suite, il n'avait jamais aligné plus de sept Masters 1000 sans gagner, jusqu'à ce qu'il reste scotché à 27 titres après sa victoire à Madrid en 2014.

Ils l'ont dit

Rafael Nadal : "Je n'ai pas envie de dire tous les jours si je suis à mon meilleur niveau ou pas. Je suis en finale de Monte-Carlo, c'est une grande nouvelle. C'est une semaine très importante pour moi."

Gaël Monfils : "Si je veux l'embêter, ça va être un gros combat physique. Il va falloir sortir un match, pas seulement bon, mais d'exception. Il essaie de te marcher dessus tout de suite et ensuite ce n'est pas facile de sortir de sa toile."

Notre avis

Ce qui frappe le plus dans la saison de Gaël Monfils, c'est à la fois son calme et son extrême constance dans la performance, au moins dans les grands tournois. Hors 250, il a disputé un quart de finale en Grand Chelem, une finale et deux quarts en Masters 1000 et une finale en 500. Mais dimanche, il faudra que le Français ajoute aux qualités du Monfils 2016 ce zest de folie et cette grinta qui lui ont permis en certaines occasions, par le passé, de titiller voire battre les meilleurs.

Même si Nadal n'est plus l'invincible terreur de l'ocre des grandes années, le challenge reste colossal. Il faut arrêter de comparer le Nadal d'antan à celui d'aujourd'hui. 2008, c'est terminé. Mais cette semaine, Rafa a montré qu'il était à nouveau capable d'imposer un énorme défi physique à son adversaire. Monfils devra répondre dans ce domaine. Il en a les moyens, mais peut-il le faire sur la durée d'un match entier ? Une chose est sûre, si Nadal est à la hauteur de ce qu'il a été face à Wawrinka ou Murray, il faudra une giga-Monf' pour succéder à Cédric Pioline. Au bout du compte, difficile de miser contre Nadal en finale à Monte-Carlo, quand ce n'est pas Djokovic en face...