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De juin à novembre, comment Murray a inversé la courbe et pris le pouvoir à Djokovic

Laurent Vergne

Mis à jour 06/11/2016 à 19:18 GMT+1

Qui aurait pu imaginer un tel scénario il y a tout juste cinq mois ? Personne. Pas même Andy Murray. Après Roland-Garros, l'Ecossais pointait à des années-lumière de Novak Djokovic : plus de 8000 points. Il ne lui aura pourtant fallu que cinq mois pour combler ce gouffre.

Britain's Andy Murray celebrates after winning his quarter-final tennis match against Czech Republic's Tomas Berdych

Crédit: AFP

5 juin 2016. Novak Djokovic bat Andy Murray en finale de Roland-Garros. Le Serbe, plus que jamais, est le patron du tennis mondial. Plus que jamais, le Britannique est son dauphin. Chacun est dans son rôle et personne n'imagine alors que les costumes puissent s'inverser à court ou même à moyen terme.
5 novembre 2016. Cinq mois plus tard, jour pour jour, Novak Djokovic s'incline en quarts de finale à Bercy contre Marin Cilic. Il ouvre ainsi en grand les portes du pouvoir à Murray. Le lendemain, le forfait de Milos Raonic à quelques minutes de la demi-finale permet à l'Ecossais de dépasser pour de bon Djokovic. Ce samedi soir, cinq minuscules points séparent les deux hommes au classement "virtuel" : 10785 pour Murray, 10780 pour Djokovic. En cinq mois s'est donc opérée une extraordinaire inversion de courbes, à faire pâlir d'envie l'Elysée.
En cinq étapes, voici comment l'improbable bascule s'est mise en place.

6 juin (classement post-Roland-Garros) : + 8035

Novak Djokovic : 16950 points
Andy Murray : 8915 points
Le 6 juin, au lendemain de sa victoire à Roland-Garros, Novak Djokovic établit un nouveau record de points au classement ATP : 16950 points. Du jamais vu. Et pour cause. Nole détient alors les quatre titres du Grand Chelem (8000 points), le Masters (1300), 5 Masters 1000 (Shanghai, Bercy, Indian Wells, Miami et Madrid, soit 5000 points), auxquels il faut ajouter ses titres à Pékin (500 points) et Doha (250). Ajoutez ses trois autres finales en Masters 1000 (Montréal, Cincinnati, Rome) et une ou deux broutilles et vous arrivez à ce stupéfiant total de 16950 points.
Andy Murray culmine alors de son côté à 8915 points. L'écart entre les deux hommes est de 8035 points. Ce 6 juin, lors de la publication du classement ATP post Roland-Garros, il y a donc autant d'écart entre Djokovic et Murray qu'entre le Britannique et le... 55e mondial. Il parait inimaginable que Djokovic, qui a déjà compilé 7340 points depuis le 1er janvier, puisse passer la main avant la fin de la saison.
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Un set pour se mettre en jambes et, ensuite, Djokovic était partout : le résumé de la finale

11 juillet (classement post-Wimbledon) : + 4845

Novak Djokovic : 15040 points
Andy Murray : 10195 points
Nous sommes un mois après Roland-Garros et la trajectoire des deux hommes vient de diverger de façon significative. Djokovic a disparu dès le troisième tour à Wimbledon. Pour la première fois depuis sept ans, il est éliminé avant les quarts de finale en Grand Chelem. Sa défaite au troisième tour contre Sam Querrey lui coûté 1910 points, soit le différentiel entre son titre 2015 (2000 points) et les 90 points offerts aux joueurs battus en 16es de finale.
Dans le même temps, Andy Murray renoue avec un titre majeur, trois ans après le dernier. Comme il a également eu la bonne idée de s'imposer au Queen's juste avant Wimbledon, son double sacre londonien lui rapporte 2500 points. Résultat, de plus de 8000 unités cinq semaines auparavant, son handicap sur Djokovic passe sous la barre des 5000 points.
Evidemment, ça change tout. Pour autant, personne ne songe encore sérieusement à une prochaine passation de pouvoir. Dans sa longue conférence de presse qui suit sa finale victorieuse contre Raonic à Wimbledon, aucune des 25 questions posées à l'Ecossais ne touche d'ailleurs de près ou de loin à la place de numéro un mondial. Comme une évidence, celle-ci reste l'absolue propriété de Djokovic.
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Andy Murray lors de son titre à Wimbledon en 2016

Crédit: AFP

12 septembre (classement post-US Open) : + 4555

Novak Djokovic : 14040 points
Andy Murray : 9485 points
Les Jeux Olympiques ne rapportant plus le moindre point, Murray n'a pu capitaliser sur sa deuxième médaille d'or, conquise à Rio. L'Ecossais est ensuite éliminé dès les quarts de finale à l'US Open et, contrairement à Djokovic, vainqueur à Toronto, il n'a pas remporté de Masters 1000. Le Serbe, qui a également atteint la finale à Flushing, a donc fait mieux que son rival sur cette période.
Mais Murray, éliminé en huitièmes à New York en 2015, avait beaucoup moins de points à défendre que Djokovic. Du coup, à l'issue de cette tournée américaine, l'écart entre les deux hommes s'est encore réduit d'environ 300 points. Cela peut paraitre peu, mais le Djoker entre dans une zone dangereuse, avec 3800 points à défendre d'ici le Masters (inclus), contre seulement 1160 à Murray...
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Murray-Nishikori : Les temps forts

17 octobre (classement post-Shanghai) : + 2415 points

Novak Djokovic : 12900 points
Andy Murray : 10485 points
Andy Murray tourne à plein régime en Asie : vainqueur à Pékin puis surtout à Shanghai, il empoche 1500 points en l'espace de deux semaines. Djokovic, lui, est à la diète : il a déclaré forfait à Pékin, où il était tenant du titre, et disparait en demies à Shanghai, sorti à la surprise générale par Bautista Agut. Cette fois, la prise de pouvoir du Britannique devient une hypothèse franchement crédible. Mais il lorgne davantage le premier trimestre 2017 que la fin 2016.
"Mon but n'est pas d'essayer de devenir numéro 1 mondial dès cette année, balaie d'ailleurs le futur patron au soir de sa victoire à Shanghai. Pour ça, il faudrait que je gagne tous mes matches alors que Novak a besoin de très peu de victoires pour conserver la première place. Donc ça ne dépend pas de moi. J'aimerais y arriver mais je ne pense que ce soit réaliste cette année." Sauf que, dans la foulée, il va encore s'imposer à Vienne, ajoutant 500 points de plus. Quand il se présente à Bercy, l'écart vient de tomber en-dessous des 2000 points. Cela peut sembler encore beaucoup mais...

7 novembre (classement post-Bercy) : - 405 points

Novak Djokovic : 10780 points
Andy Murray : 11085 points
Pour la première fois de sa carrière, Andy Murray aborde un tournoi avec la possibilité de le quitter dans la peau du numéro un mondial. S'il gagne le tournoi, Djokovic doit impérativement aller en finale pour sauver sa place. Si Murray est en finale, le Serbe devra rallier au moins le dernier carré. Vous connaissez la suite de l'histoire. La défaite de Nole en quarts contre Marin Cilic, conjuguée au forfait de Milos Raonic en demi-finale contre Murray placent le double vainqueur de Wimbledon au sommet. Ce samedi soir, il possèdait… cinq petits points d'avance sur Djokovic, qui sont devenus 405 points après sa victoire sur John Isner dimanche.
Reste une question : comment expliquer que Novak Djokovic, qui possédait 1985 points de marge lundi dernier, puisse céder son trône alors que Bercy ne rapporte pas plus de 1000 points ? Pour une raison simple : lundi, les joueurs perdront non seulement les points acquis à Bercy l'an passé, mais aussi ceux du Masters 2015. Conséquence pour Djokovic, 2300 points de débit, contre seulement 800 à Murray, qui n'avait pas franchi le premier tour lors du dernier Masters.
Si seuls les points de Bercy avaient été retirés, et si ceux du Masters ne l'avaient été que dans deux semaines, à l'issue du Masters 2016, Djokovic serait resté numéro un mondial. Dans le classement que vous verrez ce lundi, le Masters n'existera tout simplement pas. Celui de 2015 aura disparu, et comme celui de 2016 n'a pas encore été joué... Cette anomalie a accéléré la prise de pouvoir d'Andy Murray.
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Andy Murray à Bercy

Crédit: Eurosport

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