L'orgueil de Federer

MS MADRID - 2e tour

Roger Federer (SUI/N.2) - Radek Stepanek (CZE)

31 858 000 euros, ce sont les gains de Roger Federer depuis le début de sa carrière professionnelle. C'est plus que n'importe quel autre joueur dans l'histoire du tennis, et plus que Pete Sampras qui était avant cette semaine le joueur le plus rémunéré de ce sport. Vous l'avez compris, ce n'est pas l'argent qui motive le Suisse. Forfait à Stockholm, flou sur ses engagements de fin d'année, il est revenu fringant à Madrid avec la ferme intention de gagner le tournoi. Avec un oeil sur sa cotation et l'indice ATP technique, il laisse entendre qu'il n'a pas abandonné l'idée de redevenir N.1 mondial. Il veut surtout prouver que ceux qui avaient annoncé un "krach" pour Federer s'étaient trompés.

Roger Federer aurait pu ne pas venir à Madrid. Après son forfait à Stockholm, l'idée d'une intersaison en version longue avait fait son chemin : "Ma saison a été longue et difficile [...], donc ces derniers temps, toutes les hypothèses étaient envisageables. " Le voilà pourtant à pied d'oeuvre cette semaine. Comment cela s'est-il passé ? "Après une semaine de repos et de réflexion supplémentaire pour être certain que j'avais une chance de gagner le tournoi dans lequel je m'engageais..." Mais aussi les "nombreux points" ATP qu'offrent les tournois de fin d'année et surtout "le goût de la compétition qui ne (le) quitte jamais ". Entendez : 'Je ne veux pas me faire distancer au classement ATP et surtout pas perdre le rythme avant la Masters Cup'.

Quand on observe la saison de Federer, on est frappé par trois aspects de son parcours : la perte de sa place de N.1 mondial, les doutes des observateurs et les réactions du joueur lui-même, qui a extériorisé plus que de coutume ses sentiments sur le court. En tuant la chimère qui lui grignotait son quotidien, il a vécu un mal pour un bien. Perdre son statut "d'invincible" lui a permis de s'exprimer plus "humainement" sur le court. Au diable le masque impassible, voici un Federer rajeuni, plus expressif. Touché par les remarques faites sur son éventuel déclin, il est prêt à défendre son bilan et aller chercher d'autres trophées. Quand l'orgueil d'un tel champion parle, on peut s'attendre à de nouveaux exploits...

"Oui, on m'a enterré un peu vite, explique-t-il dans L'Equipe ce mardi. Comme ces gens à New york qui me disaient : 'C'est super, vous avez sauvé votre saison'. Mais non ! Je n'avais pas à sauver une saison qui n'avait pas franchement été mauvaise. Tenez, le numéro 1, il n'a pas fallu grand-chose pour que je le conserve. Il m'a filé entre les doigts à Toronto..." La blessure est fraîche, mais comme la mononucléose subie en début d'année, elle ne devrait pas empêcher la hausse de la cote Federer fin 2008.

"Elle m'a fait mal cette défaite", souligne Federer à propos de son match face à Gilles Simon à Toronto. Le Suisse, sans prendre de risques, explique que les deux chances françaises pour gagner un Grand Chelem sont Richard Gasquet et Jo-Wilfried Tsonga. Preuve que le Suisse reste vigilant même pendant les vacances, il a regardé la finale du tournoi de Bangkok et la victoire de Tsonga sur Djokovic. "C'était intéressant", comme le tirage au sort de Madrid où il pourrait retrouver JWT au 2e tour...

A SAVOIR : Roger Federer s'est autorisé une saison au moins aussi longue que l'année dernière. Voici le rappel du nombre de matches joués ces dernières saisons.

2008 - 60 (en cours)
2007 - 66 au total
2006 - 87
2005 - 86
2004 - 81