Ljubicic sans défense ?

MS MIAMI - FINALE

Roger Federer (SUI/N.1) - Ivan Ljubicic (CRO/N.6) dès 18h00

Sur un court de tennis, Ivan Ljubicic dégage actuellement une impression de force et de sérénité rare. Depuis deux ans, il progresse à grands pas au classement mondial en usant de sa frappe lourde et précise au point de pouvoir déclarer cette semaine qu'il estimait être au niveau du numéro 2 mondial.

A 27 ans, le Croate n'a qu'une obsession : faire partie des meilleurs sans dénaturer son jeu, sans se prendre pour la star qu'il n'est pas. "Je me sens bien et prêt pour mon objectif suprême qui est de participer une nouvelle fois au Masters" , affirme celui qui se situe bien loin des stéréotypes de la star des courts.

Moins explosif que Roddick, moins glamour que Safin ou Nalbandian, moins élégant que Federer, plus discret qu'Hewitt, Ivan incarne une forme de sérénité et de détermination. Cet alliage rare, qui lui donne quelquefois un aspect pataud dans ses déplacements, lui permet de s'appuyer sur une frappe puissante et précise, en fond de court comme au service. Le joueur, qui a récemment fait un geste en faveur de vieux éléphants d'un zoo abandonné en Ex-Yougoslavie, pourrait aisément prendre l'animal comme emblème. A un rythme pachydermique, ce natif de Banja Luka a gravi les échelons avant de transpercer les portes du Top 30 en 2004.

"Je crois que tout a changé aux jeux Olympiques de 2004 à Athènes, en gagnant une médaille (de bronze) en double. Enfin quelque chose de grand m'est arrivé. Quelque chose d'énorme que j'allais garder toute ma vie", souligne Ivan. "Cela m'a donné confiance. J'ai senti que je pouvais jouer libéré maintenant que j'avais gagné quelque chose dans ma carrière. Malheureusement, une semaine plus tard à l'US Open, je me suis blessé aux côtes. Mais mon jeu était là. Et l'année 2005 a été fantastique, et 2006 a l'air d'être encore meilleure."

Cette saison, Ljubicic compte déjà deux titres (Chennaï et Zagreb) et trois défaites seulement pour 25 victoires. D'excellents arguments pour évoquer son niveau de jeu mais pas d'euphorie : "J'essaye juste de gagner des matches les uns après les autres. Je sais que si je ne joue pas bien, je vais perdre. Je ne suis pas le genre de joueur qui peut se permettre de mal jouer et de gagner. Si je joue mal, je perds." Qui plus est face à Roger Federer.

"Sur le circuit en ce moment, on a tous une chose en commun: on joue au tennis et on perd contre Roger", ironise un joueur qui a déjà perdu neuf fois en douze rencontres face au Suisse. "A chaque fois que je joue contre lui, je me dis "ok, cette fois c'est peut être la bonne". Mais cela n'arrive jamais. Depuis deux ans, on s'est souvent rencontré. Plusieurs fois, je ne suis pas passé loin. "

Dernière confrontation en date, un quart de finale à Indian Wells : "Là-bas, j'ai trop forcé mon jeu. J'ai joué des coups que je ne tente pas d'habitude. Et à cause de cela, je ne me suis pas senti à l'aise. Dimanche, je vais juste jouer mon jeu. Et s'il est meilleur, il me battra. D'ailleurs, il le sera probablement."

Ivan Ljubicic porte un regard lucide sur son tennis et sa marge de progression, il va disputer sa 13e finale (dont 5 titres) alors que Federer tentera de réussir le doublé Indian Wells-Miami pour la seconde fois consécutive pour sa 47e finale (36 titres). Vainqueur de la Coupe Davis l'an passé, capitaine-joueur de son équipe en 2006, il est entré dans l'histoire du sport de son pays.

Reste à faire de même en réussissant un exploit ici à Miami, en Grand Chelem ou aux Masters et donner rendez-vous, après quelques années glorieuses, au cimetière des éléphants du circuit...

Le match sera suivi de la finale du double dames :