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Nadal : "Aller à New York pour jouer au tennis ? Aujourd'hui, je vous répondrais non"

Laurent Vergne

Mis à jour 04/06/2020 à 16:05 GMT+2

Lors d'un échange avec la presse, Rafael Nadal fait le point sur sa situation alors qu'il reprend doucement l'entraînement en essayant de ne pas trop forcer après deux mois d'arrêt complet. L'Espagnol savoure les plaisirs simples retrouvés, et oscille entre l'envie de reprendre la compétition et un certain scepticisme devant la faisabilité de la chose à courte ou moyenne échéance...

Rafael Nadal of Spain at the 2019 US Open (Getty Images)

Crédit: Getty Images

"Ça fait plaisir de vous revoir, même dans des petits écrans." Au lendemain de son 34e anniversaire, qu'une fois n'est pas coutume il n'aura pas fêté à Roland-Garros ("On a juste fait une toute petite fête avec la famille", dit-il), Rafael Nadal a tenu jeudi matin une conférence de presse en ligne pour échanger sur cette drôle de période, ce qu'il appelle un "retour progressif à la vie normale" et les perspectives de reprise du circuit ces prochains mois.
Plus que le tennis, c'est d'abord cette normalité qui a manqué au champion espagnol depuis le début de la crise sanitaire planétaire due au Covid-19. "La vie normale, voilà ce qui m'a manqué, plus que le tennis, avoue-t-il. Être avec mes amis, ma famille. C'est le plus important, plus que le tennis. Je n'avais pas la tête au tennis. Et ça fait du bien d'entendre enfin quelques nouvelles positives parce que pendant très longtemps, nous n'avions que des échos terribles. J'essaie de profiter du retour à un début de vie normale, et de rester positif."
Professionnellement, il n'en est pas au stade de la normalité. "J'étais confiné dans un appartement", rappelle-t-il. Alors, il reprend en douceur. Sans chercher à forcer ou s'imposer de trop lourdes charges de travail. "J'y vais pas à pas, en augmentant les doses de travail semaine après semaine, explique le numéro 2 mondial. Le plus important, c'est d'éviter les blessures et de préparer mon corps à ce qui pourrait arriver dans les prochains mois. Ce n'est pas le moment d'être à 100%. Il faut s'entraîner un peu, rester calme et apprécier le fait d'être de retour sur un court de tennis."
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Rafael Nadal à Acapulco en 2020.

Crédit: Getty Images

"Si vous me demandez si, aujourd'hui, j'aurais envie d'aller à New York pour jouer au tennis, je vous répondrais non"

Sur ce plan, il se montre très prudent. Presque fataliste, même. L'US Open, Roland-Garros, la fin de saison, la reprise en août, tout cela lui paraît à la fois lointain et, surtout, plus qu'incertain. "Si vous me demandez si, aujourd'hui, j'aurais envie d'aller à New York pour jouer au tennis, je vous répondrais non, admet-il. Mais dans deux mois, je ne sais pas comment la situation aura évolué. J'espère que ça va s'améliorer et je suis sûr que l'USTA, comme la FFT, font tout pour organiser leur tournoi dans de bonnes conditions." Comme il l'avait évoqué la semaine dernière, il conditionne sa venue à l'aspect sanitaire.
Mais sur ce plan, on ne le sent guère optimiste. Au mieux, il apparaît d'une grande prudence, à raison d'ailleurs. "Si tout le monde est en sécurité et que le tournoi peut être disputé dans de bonnes conditions, OK. Sinon, je ne vois pas l'intérêt, poursuit-il. Organiser un évènement comme un tournoi du Grand Chelem, ce n'est pas comme organiser un évènement avec huit ou dix personnes. On parle de 600, 700 personnes entre les joueurs, les gens qui travaillent... Le tournoi masculin, féminin, les doubles, les qualifications... Mais je ne veux pas prédire le futur. J'essaie juste de suivre les informations et l'évolution de la situation."
Il n'a en tout cas pris aucune décision à ce jour, quant à une possible reprise aux Etats-Unis. Choisir entre l'US Open et Roland-Garros ? Encore une fois, tout cela lui paraît trop loin, presque abstrait, pour se pencher en ce début de mois de juin sur ce genre de décisions : "Il viendra un moment où je déciderai avec mon équipe, mes proches. On décidera de ce qui est le mieux pour moi, pour mon corps, pour ma carrière. Il faut que nous puissions jouer sans avoir peur du virus, sans crainte de le faire repartir, et c'est pour ça que je ne suis pas sûr à 100% des décisions que nous prendrons. Nous sommes un sport global, avec des gens venant de partout dans le monde et ça rend la situation plus complexe pour le tennis."
Quant à Roland-Garros, il n'y pense pas (trop) pour l'instant. Surtout au vu du contexte qui s'annonce si particulier avec un minimum de préparation sur terre battue, même dans le meilleur des cas. "L'idéal, sourit-il, ce serait de pouvoir jouer Monte-Carlo, Barcelone, Madrid, Rome. Ce serait ça. Et de gagner beaucoup de matches. Voilà la préparation idéale. Mais la réalité est assez différente. Je ne peux pas vous dire ce que sera la meilleure préparation possible cette année. Attendons déjà de voir ce qu'il est possible de faire, et ce qui est impossible."
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Rafael Nadal lors de l'US Open 2020.

Crédit: Getty Images

"Je voudrais que l'on envoie des messages forts, que l'on montre l'exemple"

Pour des questions d'équité et justice, Rafael Nadal aimerait d'ailleurs que le circuit ne reprenne que quand toutes les restrictions auront été levées, afin de ne pas pénaliser certains joueurs et certaines joueuses venant de pays où le virus serait encore très actif. Même s'il en convient, il s'agit là davantage d'un souhait que d'une vision réaliste :
Mon sentiment, c'est que nous devrions reprendre seulement quand tous les joueurs de tous les pays seront capables de voyager à nouveau dans des conditions normales. A mon avis, nous reprendrons avant et peut-être que moi-même, je suivrai le mouvement mais je crois que si nous faisons cela, nous ne serons pas corrects à 100% et je voudrais que mon sport soit correct à 100%, surtout dans ces circonstances très particulières. Je voudrais que l'on envoie des messages forts, que l'on montre l'exemple.
Comme tout le monde, Nadal a pour l'instant plus de questions que de réponses. Il a hâte de reprendre le fil de son métier, de sa passion, de sa carrière. Mais il espère ne pas laisser de côté ces trois derniers mois et la mise en perspective qu'ils lui ont imposé, à lui comme aux autres.
"Ce que j'ai appris, explique le Majorquin, c'est que nous devrions tous nous rappeler à quel point nous avons de la chance quand la situation est normale. Être en bonne santé, avec ses proches, savourer un dîner avec des amis... On comprend la chance que nous avons quand nous perdons cette normalité. Il faut que nous arrêtions de nous plaindre tous les jours pour des choses stupides et futiles." Mais, même sur ce point, Rafa le fataliste ne se berce pas trop d'illusions : "Le problème, c'est que nous oublions trop vite..."
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