Open d'Australie 2014 - Na Li, l’assurance de la miraculée

Avec Na Li, c’est toujours un peu tout ou rien. Prenez cet Open d’Australie : la Chinoise n’a laissé que deux jeux à Ana Konjuh, six à Belinda Bencic, deux à Ekaterina Makarova et encore quatre à Flavia Pennetta. Soit quatorze jeux perdus en quatre matches. Et puis au milieu, au troisième tour, elle s’est retrouvée à un point de la défaite face à Lucie Safarova. A 5-3 dans le deuxième set, il s'en est fallu de quelques centimètres pour que le revers de la gauchère tchèque ne signe la fin du tournoi pour la finaliste sortante. Rescapée 1-6, 7-6, 6-3, au plus fort de la canicule de la première semaine, la Chinoise préférait sourire devant ces "cinq centimètres qui ont sauvé mon tournoi. A cinq centimètres près, c'était hop, direction l’aéroport ! Mais l’avantage des tournois du Grand chelem, c’est qu’après chaque match vous avez une journée entière pour corriger ce qui n’a pas été."

Ce qui n'avait pas été ce jour-là, c'était... à peu près tout. Deux coups gagnants seulement, dix-huit fautes directes, la championne de Roland-Garros 2011, deux fois finaliste à Melbourne (2011 et 2013), était dans un très mauvais jour. Le genre de "jour sans" que tous les champions connaissent en général à un moment ou un autre dans un tournoi. Mais quand ils y survivent, il devient alors très difficile de les arrêter sur la route du titre. Na Li se sent-elle dans cet état d’esprit ? "C’est évident que c’est un peu comme une deuxième chance qui s’offre à moi. Après le match contre Safarova, Carlos (Rodriguez, son entraîneur, ndlr) et moi étions en colère. D’habitude, nous débriefons chaque match dans la foulée, mais là nous n’avons pas pu. Il n’y avait rien à dire. Par contre le lendemain on a mis les bouchées doubles à l’entraînement. C’est seulement à ce moment-là, quand on a vu que cela payait au tour suivant contre Makarova, une autre gauchère, que l’on a commencé à se sentir mieux."

Très alerte depuis ce coup de chaud contre Safarova, c’est peu dire que Na Li a repris son rythme de croisière. Ou de croiseur. "C’est l’une des joueuses qui frappe le plus fort sur le circuit, juge sa victime en quarts de finale, Flavia Pennetta. Et je trouve qu’elle a encore progressé en coup droit ces derniers mois. Elle est plus régulière sur ce coup. Quand elle joue aussi bien, sans faire de fautes, il n’y a pas grand-chose à faire. Contre moi, elle a sorti le match parfait."

Voilà qui n’a rien d’une bonne nouvelle pour ses rivales encore en lice à Melbourne, à commencer par Eugénie Bouchard, son adversaire dans le dernier carré. Si c’est à Paris que Na Li a remporté son unique titre majeur, l’Open d’Australie est bien le tournoi du Grand chelem qui lui réussit globalement le mieux. Elle compte notamment deux finales et deux demies – et plus si affinités ce week-end – au cours des cinq dernières années. Les joueuses qui ont pu l’arrêter sur le Plexicushion ? Serena Williams, Kim Clijsters (deux fois) et Victoria Azarenka. Parmi les trois autres prétendantes au titre, seule Agnieszka Radwanska est déjà parvenue à la battre au moins une fois. Mais, du quatuor à se disputer la victoire, Na Li est clairement celle qui possède le plus de certitudes à ce stade de la compétition. Au point qu’en conférence de presse, quand la question lui a été posée de savoir si elle se voyait gagner le titre, elle ne s'est pas cachée et a répondu, dans un petit sourire : "Oui, peut-être."