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Le record de Federer ? Le Grand Chelem ? Oui, Djokovic peut le faire

Laurent Vergne

Publié 01/02/2016 à 07:18 GMT+1

Lancé comme une bombe sur l'autoroute de l'histoire du tennis, Novak Djokovic s'approche majeur après majeur des 17 titres de Roger Federer. La perspective de le voir rattraper un jour le Suisse n'est pas délirante. Pas plus que celle d'un Grand Chelem du Serbe. C'est en tout cas lui qui possède les clés.

Novak Djokovic à nouveau couronné à Melbourne

Crédit: Panoramic

Je vous avais prévenu juste avant le coup d'envoi de l'Open d'Australie : si vous étiez las de la domination du Novak Djokovic version 2015, une dépression approfondie vous attendait pour 2016. Janvier se termine à peine qu'il a déjà enquillé deux tournois, dont un Grand Chelem, en ayant déjà étrillé, plus ou moins violemment, trois de ses quatre principaux poursuivants, à savoir Nadal, Federer et Murray. A vrai dire, je n'avais aucun mérite. C'est une telle évidence : Djokovic est aujourd'hui à l'ATP ce que le PSG est à la Ligue 1.
En remportant cinq des sept et quatre des cinq derniers majeurs, Novak Djokovic s'est mis en position de marquer l'histoire de son sport dans des proportions inimaginables il y a quelques années. Avec 11 titres du Grand Chelem, le voici donc à hauteur de Rod Laver et Bjorn Borg. Roy Emerson, qu'il vient d'égaler pour ce qui est de l'aspect purement australien de la légende, sent déjà le souffle du Djoker dans sa nuque. Comme disait Tonin Magne à Poulidor quand Anquetil s'apprêtait à le doubler dans un contre-la-montre : "rangez-vous Raymond, et regardez passer la caravelle". Alors, range-toi, Roy. La caravelle serbe, elle, a plutôt des allures de fusée, ce qui la rend plus complexe encore à arrêter. Au point d'envisager l'inenvisageable...
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Murray aussi n'a pas résisté à Djokovic, maître de Melbourne : les temps forts de la finale en vidéo

Le tournant des trois derniers majeurs

A l'issue de sa formidable saison 2011, qui n'est même plus celle de référence, je n'aurais pas mis un centime sur la possibilité de voir un jour Djokovic devenir recordman des titres en Grand Chelem. Il en était alors à 4. Federer à 16. Quatre fois plus. Même il y a un an et demi, l'écart restait conséquent : 17 pour Federer, 6 pour Djokovic. Je n'y aurais pas cru davantage. Mais les 18 derniers mois ont tout changé. D'abord parce que Federer n'avance plus. Sachant qu'il est peu probable qu'il gagne Roland-Garros où il débarquera sans avoir joué un seul tournoi sur terre, cela fera quatre ans cet été qu'il n'a plus décroché un titre majuscule. Nadal va quant à lui "fêter" ses deux ans sans couronne au printemps.
Pendant que les deux légendes sont à l'arrêt, la fusée Djokovic se promène dans l'hyper-espace tennistique. Son palmarès s'est survitaminé en un an et demi et le voilà donc à 6 titres seulement du record de Roger Federer. 6 titres, dans l'absolu, ce n'est pas rien. C'est le palmarès d'un Becker ou d'un Edberg. Pour égaler Federer, il faut donc la carrière de Borg plus celle d'Edberg. Pas du tout cuit, je vous l'accorde. Mais il faut tenir compte du contexte. Il n'a jamais été aussi favorable à Novak Djokovic. Si l'on compare avec l'année 2011, il devait à l'époque composer avec un Nadal au top et un Federer pas loin de l'être. Aujourd'hui, sa marge sur la concurrence est autrement plus importante. La plus importante, sans doute, dont ait pu disposer un numéro un mondial ces dernières années.
Sur les bases qui sont à la fois les siennes et celles de ses principaux concurrents depuis un an et demi, il n'est donc pas impossible du tout que Novak Djokovic puisse aller titiller, voire un peu plus, les 17 couronnes de Federer. S'il y parvient, il faudra se souvenir des trois derniers tournois du Grand Chelem en date comme d'un tournant. Djokovic y a battu Federer trois fois, dont deux en finale. S'il avait pu gagner un, deux ou ces trois duels, le Suisse se serait sans doute mis hors de portée de façon définitive. Il serait à 19 ou 20 majeurs. Djokovic à 8 ou 9. Ce ne serait pas du tout la même histoire. Voilà pourquoi les trois derniers grands tournois ont peut-être changé le cours de l'Histoire.

Le Grand Chelem, une folie raisonnable ?

Je suis bien conscient que la roue peut vite tourner. Quand Nadal a décroché son 14e Grand Chelem à tout juste 28 ans, le record de Federer semblait plus que dans ses cordes. On sait où en est aujourd'hui le Majorquin. Deux éléments peuvent freiner Djokovic dans un futur proche : des blessures ou une forme de lassitude. Je ne crois pas une seconde au deuxième. Personne ne maîtrise le premier. Personne ne peut prédire l'avenir, mais le présent nous donne quand même une bonne indication de ce que pourraient être les prochains mois. Le scénario de l'Open d'Australie était prévisible. La suite de la saison risque de l'être aussi.
Si l'hypothèse continue de se préciser, nous aurons l'occasion de reparler des 17 titres de Federer. Quoi qu'il arrive, ce record-là ne tombera pas avant un an et demi, de façon mathématique, et sans doute deux ans au minimum pour rester raisonnable. En revanche, dès 2016, un autre immense challenge attend Djokovic : la quête du Grand Chelem. A cheval sur deux saisons, d'abord, à Roland-Garros. Ce serait grand.
Puis il y a l'autre. Le vrai. Le Grand Chelem calendaire. Cela parait incroyable puisque, ayant déjà remporté les deux dernières levées 2015, cela signifierait que le Serbe décrocherait 6 majeurs de suite. J'ai du mal à y croire et le cas de figure le plus probable reste celui d'un accroc, ou deux. Le Grand Chelem semble donc une perspective un peu folle. Mais une fois encore, la supériorité du protégé de Boris Becker est telle à ce jour que pareille folie apparait raisonnable. Oui, Djokovic en est là. Il a des folies raisonnables.
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Novak Djokovic - Open d'Australie 2016

Crédit: AFP

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