Toujours plus haut dans le gotha, Djokovic rejoint trois légendes d'un coup

C'est à pas de géant que Novak Djokovic avance dans l'histoire de son sport. Après une période un peu creuse (selon ses standards) de deux ans au cours de laquelle il n'avait gagné qu'un seul tournoi du Grand Chelem de Roland-Garros 2012 à Roland-Garros 2014, il a depuis un an et demi adopté un rythme de glouton. Vainqueur de 5 des 7 dernières levées majeures (seul l'US Open 2014 et Roland-Garros 2015 lui ont échappé au cours des 18 derniers mois), il avance si vite qu'avec ses 11 titres, il rattrape et dépose un certain nombre de légendes du tennis.

De son deuxième sacre à Wimbledon en 2014, qui l'avait remis définitivement dans le sens de la marche, jusqu'à son 6e titre à Melbourne ce dimanche, le Serbe vient de faire coucou à quelques très grands noms, à mesure qu'il les laisse dans son rétroviseur. Petit flashback :

Wimbledon 2014, 7e titre - Il dépasse deux légendes du All England Club, Stefan Edberg et Boris Becker, qui s'étaient arrêtés à 6 titres en Grand Chelem, ainsi que Jack Crawford ou Donald Budge, l'auteur du premier Grand Chelem calendaire de l'histoire.

Open d'Australie 2015, 8e titre - Là, ça devient très sérieux. Avec cette 8e couronne majeure, le Serbe se hisse parmi les 10 vainqueurs les plus prolifiques de tous les temps. Il se place au-dessus de Wilander, Newcombe ou McEnroe, et rejoint Lendl, Agassi, Connors et Rosewall. C'est ce qui s'appelle changer de dimension.

Wimbledon 2015, 9e titre - Troisième sacre londonien et 9e titre majeur au total, ce qui le met devant les joueurs pré-cités et seul à 9e place des joueurs les plus titrés en Grand Chelem.

US Open 2015, 10e titre - Son deuxième Petit Chelem lui permet d'intégrer le cercle des champions à au moins 10 titres majeurs. Djokovic égale les 10 titres de Bill Tilden dans les années 1920.

Open d'Australie 2016, 11e titre - Rod Laver, l'homme du dernier Grand Chelem, et Bjorn Borg, l'homme qui a à jamais changé le tennis. Le Djoker est désormais statistiquement à hauteur de ces deux légendes avec 11 victoires en Grand Chelem. Devant lui ne restent plus que Roy Emerson (12), Rafael Nadal (14), Pete Sampras (14) et Roger Federer (14).

Tout va donc très, très vite à la cadence qui est actuellement la sienne. Sans spéculer sur le fait de savoir si Novak Djokovic égalera Emerson (probable), Nadal et Sampras (très possible) ou Federer (pas impossible), une chose est d'ores et déjà certaine : le Serbe est désormais l'homme le plus titré de l'histoire de l'Open d'Australie.

Pas tout seul, certes. Ce sera peut-être pour l'année prochaine, mais il a rejoint dimanche Roy Emerson, qui avait enlevé son 6e et dernier titre à domicile en 1967 (son 5e consécutif). C'était juste avant le début de l'ère Open et Emerson, immense champion s'il en fut, a tout de même bénéficié du passage chez les professionnels de certains de ses principaux rivaux, à commencer par Laver et Rosewall. Il parait sage de considérer que les 6 titres de Djokovic ont une valeur supérieure. Melbourne est en tout cas son jardin et il a à présent conquis plus de la moitié de ses titres majeurs ici (6 sur 11).

Emerson pour la partie australienne du contrat, Laver et Borg dans l'absolu, Djokovic n'a vraiment pas perdu son temps dimanche. Roland-Garros sera évidemment son prochain objectif. D'un point de vue historique, il y jouera très gros, à triple titre : d'abord pour franchir un cap de plus en dépassant Borg et Laver pour rejoindre Emerson. Ensuite pour combler la seule lacune à son palmarès pour s'offrir le Grand Chelem en carrière, comme Federer, Nadal et Agassi avant lui pour évoquer les plus récents. Enfin, et surtout, pour devenir le premier homme depuis Rod Laver à détenir les quatre couronnes majeurs simultanément. Il lui avait manqué deux sets, dans une situation comparable, en2015. Mais ce Djokovic-là est bien plus dominateur encore.