Adrian Mannarino : "Je suis le gars qui met la balle dans le court une fois de plus, je ne vais pas servir à 220"
OPEN D'AUSTRALIE – Vainqueur épique d'un marathon contre Aslan Karatsev (7-6, 6-7, 7-5, 6-4 en 4h38), Adrian Mannarino a vécu une sacrée soirée et même un sacré bout de nuit pour venir à bout du cogneur russe, qu'il a dompté avec ses armes, celles d'un remarquable contreur capable de toujours jouer le coup de plus. Celui de trop pour l'adversaire.
Mannarino : "Je regardais parfois l’horloge et je me disais : 'C'est pas vrai !'"
Video credit: Eurosport
Si les statistiques ne disent jamais tout d'un joueur ou d'un match, elles sont parfois si éloquentes qu'elle dessinent parfois le portrait des protagonistes. Vendredi, lors de son marathon contre Aslan Karatsev (4h38 de bataille pour quatre sets), le Français a frappé 32 coups gagnants, contre 87 à son adversaire. Mais il n'a aussi commis que 22 fautes directes en 48 jeux. Karatsev ? 86. 64 fautes de différence. C'est en le faisant jouer au maximum, toujours une fois de plus, une balle de plus, que "Manna" a fini par rendre fou le demi-finaliste surprise de l'édition 2021.
"Je ne vais pas servir à 220 km/h ou faire beaucoup de coups gagnants. Je suis le gars qui met la balle dans le court une fois de plus. C'est ce que je sais faire", a résumé le gaucher tricolore qui à 33 ans, va disputer son quatrième huitième de finale en Grand Chelem, mais le tout premier en dehors du gazon de Wimbledon. Uns sacrée performance, d'autant que, pour se frayer un chemin jusqu'en seconde semaine, il lui a fallu signer deux victoires face à deux joueurs bien mieux classés que lui, le Polonais Hubert Hurkacz (11e mondial) et donc Aslan Karatsev (15e à l'ATP). Il n'a rien volé, vraiment.
Les jambes et la tête
Mais Mannarino la joue modeste. S'il a tant brillé cette semaine à Melbourne Park, c'est aussi, selon lui, parce que son tableau était idéal. En termes de profils de ses adversaires, pas de niveau de jeu de ceux-ci. "C'était un très bon 'matchup' pour moi, juge-t-il. Je pense qu'Aslan est le genre de joueurs qui me fait bien jouer. C'était aussi le cas de Hurkacz au deuxième tour." Il aime ces gros frappeurs et, dans ces deux matches, combien de fois a-t-il réussi à les contrer en s'appuyant sur la vitesse de leur balle ?
Reste que, même en appréciant leurs filières, battre ces deux joueurs témoigne, le concernant, d'une forme qu'il n'a pas toujours affichée ces derniers temps. Pour le Francilien, la clé tient en deux éléments : sa condition physique et son comportement sur le court. "Je bouge très bien, j'ai fait beaucoup de travail foncier cet hiver et ça paie", reprend-il. Il valait mieux, pour galoper pendant plus de quatre heures et demie dans la chaude soirée australienne, vendredi.
Mais il met surtout en avant son attitude, irréprochable sur ses deux dernières sorties, ce qui n'avait pas été le cas lors de son premier tour contre James Duckworth, où il s'était retrouvé mené deux sets à un avant de s'en sortir en cinq manches : "Je me plaignais un peu trop pendant mon premier match et je pense que ça ne m'a vraiment pas aidé. Heureusement, je suis passé. J'essaie de travailler sur mon comportement sur le court, rester bien concentré, je me bats sans penser à ce qui peut se passer. Point par point, sans voir plus loin. Et ça a bien marché." C'est ce qui lui a notamment permis de ne pas se frustrer face à la cargaison de balles de break envolées au fil des jeux de service de Karatsev à partir du deuxième set.
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Coup entre les jambes, Mannarino remporte un point spectaculaire pour débreaker Karatsev
Video credit: Eurosport
Adrian Mannarino l'admet, il s'est trop souvent montré négatif sur le terrain, avec une tendance à l'autodénigrement. En Australie, il paraît prendre davantage de plaisir. On l'a souvent vu sourire en plein match contre Karatsev, malgré l'heure (très) tardive. Rigolera-t-il autant au prochain tour ? C'est peu probable. Rafael Nadal l'attend et, après une telle baston et un match bouclé à deux heures et demie du matin, la mission s'annonce encore plus difficile.
Qu'en pense l'intéressé ? Rien. Comme toujours, il ne veut surtout pas savoir qui il affrontera au prochain tour. Il s'en préoccupera sans doute dimanche matin, peu avant son match. "Il est trois heures du matin, là, je me fous de savoir qui je vais jouer. C'est la dernière chose à laquelle je pense", a-t-il lâché en conférence de presse.
Nadal n'est jamais un cadeau, et encore moins dans ce contexte. Mais au fond, c'en est un quand même. Sur ses premières sorties de l'année 2022 (deux défaites au premier tour en deux sets à Melbourne puis Sydney), Adrian Mannarino était un peu au fond du gouffre, flirtant avec le découragement, il avait même glissé à son entraîneur que "ça sentait la fin". Sacré virage en l'espace de quelques jours.
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