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Open d'Australie – Rybakina-Sabalenka, mesdames sont servies…

Rémi Bourrières

Mis à jour 28/01/2023 à 09:06 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE - La finale Dames entre Elena Rybakina et Aryna Sabalenka, ce samedi, sera aussi une histoire de service. La première nommée est probablement la meilleure au monde actuellement dans l'exercice, tandis que la seconde est revenue sur le devant de la scène grâce à un énorme travail sur ce coup qui tend à (re)devenir prépondérant dans le tennis féminin.

Sabalenka - Rybakina, une finale de cogneuses ?

S'il aura été jusque-là d'une monotonie assez confondante chez les hommes, chez les femmes en revanche, c'est à se demander si cet Open d'Australie 2023 n'est pas le plus grand tournoi du Grand Chelem de l'histoire. En taille, il s'entend. Avec 1,83 m de hauteur moyenne, la finale entre Elena Rybakina (1,84 m) et Aryna Sabalenka (1,82 m) sera en tout cas la plus élevée depuis celle de Wimbledon 2017 entre Venus Williams (1,85 m) et Garbiñe Muguruza (1,83 m). Forcément, ça va tomber de haut.
Du côté de Rybakina, c'est une certitude. La Kazakhstanaise ne doit pas être réduite à ça tant l'ensemble de ses coups sont précis, mais ce qui dépasse de tout le reste, c'est bel et bien son service. Il suffit de regarder ses matches pour s'en convaincre, puis de jeter un œil sur les statistiques de la quinzaine pour le démontrer : Rybakina est leader, ou pas loin, sur tout ce qui touche au service. C'est elle qui a frappé le plus d'aces (45), décoché le service le plus rapide (195 km/h, à égalité avec Coco Gauff), et surtout, plus représentatif encore, celle qui a remporté le plus de points (80%) derrière sa première balle. Mieux : à Melbourne, jusque-là, une première sur deux lui a rapporté le point en un seul coup de raquette.

"La meilleure serveuse au monde"

N'en jetez plus. "Rybakina, c'est actuellement la meilleure serveuse au monde", en conclut notre consultant Mats Wilander. "C'est sûr que c'est ma meilleure arme sur ce tournoi", en convient la joueuse qui a toujours été une bonne serveuse mais qui est devenu une grande serveuse, a-t-elle expliqué, au prix d'un gros travail technique effectué avec son coach d'origine croate Stefano Vukov, lequel l'entraîne depuis 2019. Elle s'était déjà énormément appuyée dessus pour conquérir son premier sacre en Grand Chelem à Wimbledon l'été dernier. Et désormais, elle ne semble pas loin de la perfection sur ce geste.
Car oui, même quand on culmine à des hauteurs largement au-dessus de la moyenne, le service, s'il tombe de haut, ne tombe pas du ciel. Il résulte d'un mouvement biomécanique complexe qui consiste à transférer l'énergie du bas vers le haut sans en perdre une goutte. Or, le moindre parasite, qu'il soit d'ordre mental ou technique, peut perturber cette chaîne cinétique, jusqu'à parfois la briser. Guillermo Coria, si tu nous lis…

Sabalenka n'est plus la joueuse aux 425 double-fautes de l'an passé

Bref, que l'on mesure 1,54 m comme la Japonaise Shuzo Aoyama, finaliste du double dames à Melbourne, ou 1,91 m comme l'ancienne joueuse tchèque Eva Hrdinova, le service n'est jamais acquis. Souvent, même, ça s'en va et ça revient. Tout simplement, ça se travaille et c'est exactement ce qu'a fait Aryna Sabalenka, victime l'année dernière d'un cancer généralisé du service (425 double-fautes au cours de la saison 2022 !) qui lui a valu des tonnes de quolibets mais qui l'a aussi poussée à réagir dans le bon sens.
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Henin : "Si elle doute encore, Rybakina m'impressionne plus que Sabalenka"

La Biélorusse, réputée pour son émotivité à fleur de peau, a longtemps cru comme beaucoup que son problème était essentiellement d'ordre mental. Elle s'est aperçue, en collaborant avec un biomécanicien à la fin de la saison 2022, qu'il était aussi voire surtout technique. Elle a corrigé le problème et forcément, cela change tout : en 2023, elle n'a toujours pas perdu un match. A Melbourne, elle n'a servi "que" 22 double-fautes, ce qui est encore un peu élevé, mais sans rapport avec le "désastre" – pour reprendre le mot d'un journaliste en conférence de presse – de la saison dernière.
Je voulais juste qu'on m'aide à régler ce p… de service.
Evidemment, Sabalenka a été beaucoup interrogée sur son service en Australie, et elle a répondu à cœur ouvert. "Même quand mon service était, comme vous dites, un 'désastre', je n'ai jamais cessé d'y croire et d'essayer, a-t-elle ainsi expliqué. Avec le biomécanicien, on s'est rendu compte que même à l'époque où mon service fonctionnait, il y avait des choses qui n'allaient pas. Avant, je ne me serais pas ouverte à la biomécanique. Mais là, j'étais tellement dans le trou que j'étais prête à tout. Je voulais juste qu'on m'aide à régler ce p… de service. Et finalement, ça m'a énormément servie. Au bout du compte, je suis heureuse d'avoir vécu cette crise car cela m'a permis de progresser au service."
Cela tombe bien parce qu'elle va trouver du répondant sur ce coup qui s'annonce logiquement, au-delà de la maîtrise des nerfs, comme l'une des clés principales de cette finale dames : "Plus encore que les aces ou les services gagnants, le pourcentage de première balle va être à mon avis prépondérant, estime notre consultante Camille Pin. On le sait, il ne va pas y avoir de longs rallyes. Ça va être un concours de bûches, et ça se jouera à celle qui réussira à s'ouvrir le terrain la première. Il faudra donc passer les premières car, sur les secondes, les deux joueuses risquent de se faire agresser."
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Sabalenka - Rybakina, une finale de cogneuses ?

Et ce d'autant plus que la tenue en night-session de cette finale aura un vrai impact sur les conditions, comme l'avait expliqué Rybakina après sa victoire en demies face à Victoria Azarenka, également en soirée. La nuit, la balle va moins vite et le "full ace" qu'aiment à rechercher tout autant Rybakina que Sabalenka est moins facile à trouver. "Ce soir, j'ai dû m'adapter et chercher davantage les zones que les points gratuits", avait ainsi expliqué la Kazakhstanaise. Il s'agira donc moins d'être puissante que précise, ce samedi.
Camille Pin, qui avait failli battre Maria Sharapova (1,88 m…) en 2007 à Melbourne, pourrait témoigner qu'à son époque, ça servait aussi l'acier. Elle a d'ailleurs, à un mois près, le même âge que Serena Williams, peut-être la plus grande serveuse de l'histoire. Et elle a côtoyé les Venus Williams, Lindsay Davenport, Kim Clijsters ou autres Amélie Mauresmo… Bref, les grandes serveuses ne datent pas d'aujourd'hui. Mais il semble que depuis quelque temps, le service est en train de vraiment s'installer sur le devant de la scène du tennis féminin.
Ces grands gabarits ont toujours existé mais avant, elles ne tenaient pas l'échange. Aujourd'hui, elles ont beaucoup progressé.
"D'une manière générale, les filles retournent extrêmement bien et pendant un moment, la qualité de relance a été supérieure à la qualité de service, analyse encore l'ancienne 61e mondiale. Mais on voit depuis quelque temps pas mal de serveuses prendre le dessus sur les relanceuses. Soit des joueuses très athlétiques comme c'était le cas d'Ashley Barty ou aujourd'hui de Caroline Garcia, qui ont la qualité d'épaule nécessaire. Soit des grands gabarits comme, également, Karolina Pliskova. En fait, ces grands gabarits ont toujours existé mais avant, elles ne se déplaçaient pas bien du tout et ne tenaient pas l'échange. Aujourd'hui, elles ont beaucoup progressé dans ce domaine et c'est là-dessus qu'elles arrivent à sortir du lot."
A l'inverse des hommes, rares étaient autrefois les matches féminins qui se jouaient sur le service. Ça l'est moins aujourd'hui. Caroline Garcia est, en effet un, bon exemple. La Française, qui a été celle ayant servi le plus d'aces en 2022 (402), a expliqué en grande partie sa défaite en huitièmes de finale à Melbourne par sa déconfiture au niveau du service. Samedi, ni Rybakina ni Sabalenka ne devra flancher dans ce domaine. La punition, sans quoi, sera immédiate.
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