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Roger Federer : Les 20 symphonies majeures du Maestro

Laurent Vergne

Mis à jour 29/01/2018 à 17:01 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Roger Federer a repoussé ses propres limites statistiques à Melbourne en obtenant dimanche son 20e titre du Grand Chelem. Une barre mythique effacée ce dimanche, mais dont la quête s'étale sur près de quinze années. Retour sur les 20 glorieuses du patron de Bâle.

Roger Federer, l'homme aux 20 titres du Grand Chelem

Crédit: Getty Images

Wimbledon 2003 : Federer n'est plus un loser

Avec le recul, cela prête à sourire. Mais quand débute ce Wimbledon 2003, Roger Federer commence gentiment à se voir affubler d'une étiquette de loser. Attendu depuis plusieurs années comme le nouveau Sampras, le Suisse peine à concrétiser son talent en Grand Chelem. Il vient de s'incliner au premier tour à Roland-Garros, en trois sets, contre Luis Horna. A Londres, il change enfin de dimension. Federer ne cède qu'un seul set dans la quinzaine et fait preuve de beaucoup d'autorité en battant Roddick en demie puis Philippoussis en finale. Le compteur est ouvert.
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Roger Federer à Wimbledon en 2003

Crédit: Panoramic

Open d'Australie 2004 : Numéro un

Fin 2003, trois "Young guns" semblent sur la même ligne : Juan Carlos Ferrero, vainqueur à Roland-Garros, Roger Federer, lauréat à Wimbledon et au Masters, et Andy Roddick, vainqueur de l'US Open et numéro un mondial. Ces trois-là paraissent en mesure de se partager durablement le pouvoir. 2004 va mettre un terme à ce débat de façon abrupte. Federer va s'imposer comme l'unique patron du circuit. A Melbourne, il punit justement Ferrero en demi-finales, avant de survoler sa finale contre Safin. Pour la première fois, le voilà numéro un mondial. Le début d'un règne de quatre années et demie.

Wimbledon 2004 : Roddick, martyr préféré

Federer aborde pour la première fois un Majeur dans la peau du tenant du titre. Il ne va pas faillir. Hewitt lui chaparde un set en huitièmes, mais sans vraiment l'inquiéter. En revanche, Andy Roddick se montre coriace en finale. Très agressif, l'Américain remporte le premier set puis mène 4-2 dans le troisième, à un manche partout. L'averse qui tombe alors va faire un bien fou à Federer. A la reprise, il débreake et remporte cette manche avant de s'imposer en quatre sets. Enormes regrets pour Roddick. Federer, cette fois, ne pleure pas. Signe que l'habitude s'installe...

US Open 2004 : Le premier Petit Chelem

Personne n'a accompli le Petit Chelem depuis Mats Wilander en 1988. Federer est en mesure de le faire à Flushing, et il ne va pas se gêner. Seul Andre Agassi parvient à le bousculer en quarts de finale, mais l'Américain cède 6-3 au cinquième set. La finale met aux prises Federer et l'ancien numéro un mondial, Lleyton Hewitt. Ce match va rester comme un des symboles de la suprématie totale de RF à cette période. Tout la hargne de l'Australien ne peut rien face à la maestria de l'Helvète, qui lui colle un double 6-0 (6-0, 7-6, 6-0) rarissime dans une finale majeure. A 23 ans, Federer est seul au monde, en attendant l'émergence d'un jeune Majorquin...

Wimbledon 2005 : Roddick, Acte II

Le premier semestre 2005 laisse un goût un peu amer à Federer, battu deux fois en demi-finale à Melbourne (par Safin) et Roland-Garros, où Nadal lui inflige la première d'une longue série de défaites sur la terre battue parisienne. Mais à Wimbledon, il ne trouve toujours pas son maître. Il ne lâche qu'un set dans la quinzaine, contre Nicolas Kiefer. En finale, il retrouve Andy Roddick. Contrairement à l'année précédente, il ne laisse cette fois aucune chance à son rival américain, dominé en trois sets (6-2, 7-6, 6-4).

US Open 2005 : La der de Dede

Une de ses finales les plus romantiques, face à Andre Agassi. Agé de 35 ans, le Kid de Las Vegas s'offre là un dernier rush majuscule. Le public du Arthur-Ashe croit en l'improbable exploit. Alors que les deux hommes sont à égalité une manche partout, Agassi mène 4-2 dans le troisième set et 30-0 sur son service. Mais Federer, imperturbable, redresse la situation (6-3, 2-6, 7-6, 6-1). Agassi déborde d'admiration : "il joue au tennis d'une manière que je n'ai jamais vue auparavant." Pour la première fois dans l'ère Open, un joueur réussit le doublé Wimbledon-US Open deux années de suite.

Open d'Australie 2006 : Reconquête australe

Une quinzaine moins impériale de la part du N.1 mondial. La seconde semaine, en tout cas. Accroché par Tommy Haas en huitième (victoire en cinq sets) puis en quarts par Davydenko (6-4, 3-6, 7-6, 7-6), il perd à nouveau un set en demie contre Nicolas Kiefer avant d'affronter le surprenant Marcos Baghdatis en finale. Le Chypriote, 54e mondial, fait souffler un vent de folie sur le premier set mais, sur la longueur du match, finit par s'écrouler. Federer s'impose 5-7, 7-5, 6-0, 6-2 et remporte son troisième Majeur consécutif. Il ira à Roland-Garros pour le Grand Chelem sur deux ans mais échouera face à Nadal.

Wimbledon 2006 : Nadal, pas encore prêt

Roger Federer se promène pendant deux semaines avant de retrouver Rafael Nadal en finale. L'Espagnol monte en puissance, même en dehors de la terre battue où il règne déjà en maitre. Mais sur le gazon londonien, il n'est pas encore de taille à battre le maître des lieux. Surclassé dans le premier set, il oppose pourtant une résistance beaucoup plus solide que prévu. Une manière de prendre date pour l'avenir. Federer l'emporte en quatre manches (6-0, 7-6, 6-7, 6-3) et décroche son quatrième titre consécutif à Wimbledon.

US Open 2006 : Petit Chelem, bis

Sous les yeux de Tiger Woods, installé dans sa box, Roger Federer remporte l'US Open pour la troisième fois consécutive. Du jamais vu depuis Ivan Lendl dans les années 80. C'est aussi son huitième majeur. A seulement 25 ans, il est désormais l'égal de champions comme Agassi, Connors, Rosewall ou Lendl et se hisse au-dessus de McEnroe ou Wilander. Pour la troisième fois, sa victime en finale se nomme Andy Roddick. Revigoré par sa collaboration avec son nouveau coach Jimmy Connors, A-Rod s'accroche et jusqu'à la fin du troisième set, le match parait même indécis. Mais comme contre Agassi un an plus tôt, le Bâlois reste très sûr de lui. Trop pour laisser filer sa couronne new yorkaise.

Open d'Australie 2007 : Le monarque absolu

Invaincu depuis le mois d'août, le Suisse est au faite de sa domination quand arrive l'Open d'Australie 2007. A Melbourne, il confirme cette domination sans partage. Il détruit notamment Andy Roddick en demi-finale, au terme d'un match déprimant pour l'Américain, avant de battre Fernando Gonzalez pour le titre. Federer rend une copie immaculée : pour la première fois depuis Bjorn Borg à Roland-garros en 1980, un joueur remporte un Grand Chelem sans avoir perdu le moindre set. C'est son dixième titre majeur. Qui aurait alors imaginé qu'il ne serait qu'à mi-chemin de sa folle quête ?

Wimbledon 2007 : Le chef d'œuvre

Un air de déjà vu : pour la 4e année consécutive, la 3e en finale, Federer a buté sur Nadal à Roland-Garros. Le tournoi parisien se refuse toujours à lui. Défendre sa citadelle londonienne reste donc crucial. Mais la menace Rafa se précise de plus en plus. L'Espagnol n'a encore jamais gagné ailleurs qu'à Paris en Grand Chelem, mais il pousse Federer aux cinq sets. Dans la dernière manche, Federer, sur un fil, doit sauver des balles de break à 1-1 et 2-2. Il tient bon et finit par s'envoler. Le coup est passé près. Nadal a d'ailleurs obtenu plus de balles de break que Federer. Du strict point de vue tennistique, ce match est un chef d'œuvre. Federer rejoint Bjorn Borg à double titre, avec 11 victoires en Grand Chelem et cinq titres consécutifs à Londres.
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2007 Finale Wimbledon Federer Nadal

Crédit: AFP

US Open 2007 : Troisième Petit Chelem

Roger Federer lâche un set au troisième tour contre le jeune John Isner, alors 184e mondial, et un autre en huitièmes contre Feliciano Lopez. Mais la suite confine à la perfection. Roddick, Davydenko et Djokovic sont tous dominés en trois sets à partir des quarts. Le Serbe, alors âgé de 20 ans, dispute là sa toute première finale. Federer, sa dixième d'affilée... Pour le Bâlois, cet US Open 2007 reste à part : c'est la seule fois sur ses 20 triomphes majuscules qu'il domine trois membres du Top 5 sur la route du titre. C'est surtout son troisième Petit Chelem en quatre ans. Federer a alors remporté 10 des 14 derniers Majeurs...

US Open 2008 : Le quintuplé new yorkais

Pour la première fois depuis son premier titre à Wimbledon en 2003, Federer est privé de victoires durant trois tournois du Grand Chelem consécutifs. Balayé par Nadal à Roland-Garros, il a même vu son règne à Wimbledon stoppé par le même Nadal. Quand il arrive à New York, il n'est même plus numéro un mondial. On parle, déjà, de déclin. Mais à Flushing, il va remettre quelques pendules à l'heure. Il écarte Djokovic en quatre sets en demi-finales, puis surclasse le "rookie" Andy Murray en finale (6-2, 7-5,6 -2). Après son quintuplé à Wimbledon (2003-2007), il signe donc un exploit similaire à New York et n'est plus qu'à une marche du record absolu de Pete Sampras après ce 13e Majeur.

Roland-Garros 2009 : La Coupe des Mousquetaires, enfin !

L'élimination de Rafael Nadal contre Robin Söderling fait office de tremblement de terre. Jamais le Majorquin n'avait perdu un match en trois sets gagnants sur ocre. Ce choc ouvre à Roger Federer la porte que Nadal lui claquait systématiquement à la figure depuis 2005. Il va passer bien près de ne pas en profiter. En huitièmes contre Tommy Haas, puis en demie face au jeune Juan Martin Del Potro, il souffre avant de s'en sortir en cinq sets. La finale face à Söderling est en revanche une formalité. Ce 7 juin 2009, Federer effectue un pas significatif dans l'histoire de son sport : il comble le principal trou à son palmarès et devient co-recordman des victoires en Grand Chelem avec ce 14e trophée.

Wimbledon 2009 : Seul au monde

Encore une finale mythique, d'une intolérable cruauté pour Andy Roddick. L'Américain livre un match presque parfait. Il ne perd son service qu'une seule fois dans toute la partie, sur le tout dernier jeu du match, le 30e du 5e set... Jamais il n'a été aussi proche de battre son éternel bourreau en Grand Chelem. Pour Federer, c'est la victoire du mental et de l'opportunisme. Le score (5-7, 7-6, 7-6, 3-6, 16-14) traduit l'âpreté du combat. Avec cette victoire, Roger Federer devient seul recordman des titres en Grand Chelem, dépassant Sampras d'une unité (15 contre 14). Il redevient aussi numéro un mondial.
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Wimbledon 2009 : Roger Federer bat Andy Roddick après un suspense incroyable

Crédit: Imago

Open d'Australie 2010 : Irrésisitible

Le Suisse traverse une période faste depuis la fin du printemps, même si Juan Martin Del Potro a mis fin à son règne américain. Dommage, sans quoi il aurait pu, une fois encore, tenter de détenir simultanément les quatre levées du Grand Chelem. Nadal contraint à l'abandon en quarts contre Murray, Djokovic sorti par Tsonga au même stade, personne ne peut se mettre en travers de son chemin, même si Davydenko le secoue pendant deux sets. Mais sa marche en avant a quelque chose d'irrésistible et Murray doit baisser pavillon en trois sets en finale.

Wimbledon 2012 : Le grand retour (déjà)

Pour beaucoup, déjà, Federer ne gagnera plus de tournoi majeur. Sevré depuis deux ans et demi, il s'est pourtant rapproché de son meilleur niveau depuis le dernier semestre 2011. Wimbledon va marquer son grand retour. En demi-finale, il domine Djokovic en quatre sets. Sa première victoire sur un N.1 mondial depuis le Masters 2010. Puis, en finale, il fait (encore) pleurer Andy Murray, vaincu en quatre sets. C'est son septième Wimbledon. Il égale Sampras. Mais ce titre-là aurait pu ne jamais exister : au troisième tour, mené deux sets à rien et passé à deux points de la défaite face à Julien Benneteau, il s'en était sorti d'extrême justesse.
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Roger Federer et Andy Murray à Wimbledon, en 2012.

Crédit: Imago

Open d'Australie 2017 : La résurrection

Roger Federer n'a plus gagné le moindre Grand Chelem depuis quatre ans et demi. Blessé, il n'a plus joué depuis six mois. Il est sorti du top 10 pour la première fois depuis 2002. Difficile d'imaginer alors qu'il puisse reprendre le fil de son glorieux récit. Et pourtant... Berdych est sa première victime de marque dès le 3e tour. Federer enchaine ensuite les victoires en cinq sets contre Nishikori (huitième), Wawrinka (demie) et, bien sûr, Rafael Nadal en finale. Ces retrouvailles, six ans après leur dernière finale en Grand Chelem, sont savoureuses. Breaké dans le 5e set, Rodgeur trouve les ressources pour remporter les cinq derniers jeux et s'offrir à 35 ans ce qui reste peut-être la plus belle de toutes ses victoires.
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Il y a un an, Federer retrouvait les sommets après une finale inoubliable contre Nadal

Wimbledon 2017 : Promenade dans un jardin anglais

Afin de se donner toutes les chances à Londres, RF a fait l'impasse sur la saison sur terre. Choix judicieux. A Wimbledon, il vole et l'hécatombe qui touche ses principaux rivaux (Nadal, Djokovic, Murray) lui facilite un peu plus la tâche. Dimitrov (quart), Berdych (demie) et Cilic (finale) ne sont pas de taille à le gêner. Fait assez incroyable, Federer remporte son deuxième titre du Grand Chelem sans perdre un seul set. Une première pour lui depuis l'Australie 2007, dix ans plus tôt. A 36 ans, pareille performance parait irréelle.

Open d'Australie 2018 : 20 titres et la même émotion

Favori, à 36 ans passés ? Roger Federer renie ce qualificatif devant les médias avant le coup d'envoi du tournoi. Mais favori, il l'était bel et bien. Et rien ni personne ne parviendra à contredire cet état de fait. Comme à Wimbledon l'été précédent, son tableau se dépeuple à mesure qu'il avance. Il se hisse en finale sans perdre un set et en ayant passé moins de onze heures sur le court, un record pour lui en Australie. Erratique en finale contre Marin Cilic, il finit par terrasser le Croate.
Voilà. Après un long chemin de près de quinze années, des larmes de Wimbledon à l'été 2003 à celles de la Rod Laver Arena en janvier 2018, une destinée de champion hors du commun. Et un roman dont tous les chapitres ne sont peut-être pas encore écrits.
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