Le corsaire et le rescapé

Après deux semaines de navigation, Rafael Nadal et Mariano Puerta ont découvert l'île au trésor : le court central Philippe Chatrier. Le jeune flibustier majorquin, qui a déjà eu raison de l'amiral Federer, a le vent en poupe. Face à lui se dresse un mari

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Crédit: Eurosport

ROLAND-GARROS - Finale messieurs
Rafael Nadal (Esp, 4)-Mariano Puerta (Arg)Nadal-Puerta, face-à-face
Se lancer à l'assaut d'un Grand Chelem, c'est toujours prendre le risque d'un naufrage. A peine la vigie a-t-elle crié "Terre", que les meilleures embarcations coulent sur les premiers récifs. La terre parisienne n'est que rarement promise. A quelques exceptions près, dont quelques vikings suédois (Borg, Wilander) ou mercenaire tchèque (Lendl), les plus grands capitaines ont toujours souffert pour y jeter l'ancre. Ce dimanche, la 75e édition des internationaux de France accueillera à bon port, Porte d'Auteuil, un 47ème vainqueur et un nouveau vainqueur d'un tournoi du Grand Chelem.
Ni Rafael Nadal, qui dispute son premier Roland-Garros (soit sa sixième participation à un tournoi du Grand Chelem), ni Mariano Puerta, quinze participations en Grand Chelem (pour un seul 3e tour), n'arrivent en terrain conquis.
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Pour le premier, il s'agit de surfer sur une vague de succès impressionnante et méritée. Après deux ans d'adaptation au plus haut niveau, le prodige majorquin a passé l'épreuve des latitudes extrêmes en Coupe Davis. Depuis qu'il a ramené le saladier d'argent au pays avec son compatriote Carlos Moya (Majorquin aussi) en 2004, plus rien de lui résiste. La méthode est simple. Un peu de tradition espagnole et beaucoup de tradition familiale.
A Manacor, capitale tennis hispanique aujourd'hui, ou ailleurs il s'agit de remporter chaque point, chaque match, avec la hargne, la force et le talent dont on dispose. A l'instar de Carlos Moya (vainqueur à Paris en 1998) mais avec la touche Nadal, celle d'une famille où le sport permet de s'épanouir avant d'être un métier. A Paris, ce jeune homme de 19 ans s'est montré d'une rare détermination. Il échappe au doute. Mieux, ce droitier de naissance le renvoie de la main gauche dans l'autre partie du court. Qui le fera douter à son tour ?
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Un naufragé peut-être. Mariano Puerta a déjà tout vécu. Un bon début de carrière et une traversée du désert. 18e mondial en 2000, il a été suspendu pour dopage en 2003 pendant neuf mois, le temps de frôler la mort dans un accident d'ascenseur et de déprimer suffisamment pour prendre 30 kilos en trop. Deux ans plus tard, le voilà au sommet. "Robinson" Puerta est devenu ambassadeur d'Argentine, prêt à transmettre le flambeau que Gaudio et Coria ont abandonné. Inespéré. Mariano peut lâcher ses coups, plus rien ne le retient. Le doute est derrière lui. Si son tennis est moins puissant que celui de Nadal, il connaît toutes les astuces du terrien. Il connaît les lames de fond des matches en cinq sets.
Si Rafael Nadal peut être considéré comme un "Wilander explosif", Mariano Puerta ne ressemble pas assez à Guillermo Vilas pour pouvoir comparer les deux époques (NDLR : lors de sa première finale, lors de sa première participation, Mats Wilander avait battu l'Argentin Guillermo Vilas, déjà vainqueur en 1977 et finaliste en 1975 et 1978).
La grande inconnue de cette finale, avec la météo comme le sait tout bon marin, est de savoir comment Nadal va réagir devant ce miroir déformant, un autre gaucher, qui, comme lui, sait chasser le doute. En bref, il va falloir apprendre à gagner contre un joueur qui a déjà tout perdu.
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