Le nouveau Söderling

ROLAND-GARROS - FINALES MESSIEURS

Roger Federer (SUI, 2) bat Robin Soderling (SUE, 23) 6-1, 7-6 (7/1), 6-4

Robin Söderling est heureux. Après quinze jours passés à Paris, il est passé du statut du vilain grand canard du circuit portant le fardeau de ses mauvaises blagues et de ses défaites devant Rafael Nadal, à celui d'un membre potentiel du top 10 (il sera N.12 lundi lors de la publication du nouveau classement ATP) plutôt sympathique. A partir de sa victoire sur Rafael Nadal, le Suédois est devenu le joueur du tournoi... Jusqu'à la finale. Battu pour la dixième fois en autant de rencontres par Roger Federer, Robin Söderling est ensuite devenu le spectateur le plus proche du moment exceptionnel vécu par Roger Federer : "C'était sympa de participer à ce moment d'histoire, pour moi c'est le plus grand, j'ai toujours aimé jouer contre lui, même si je perds toujours. Je m'en souviendrai toute ma vie".

Mais ce qui restera gravé dans sa mémoire, parmi tous les souvenirs des "deux plus belles semaine de (sa) vie", c'est l'exploit du tournoi, sa victoire sur Rafael Nadal : "Battre Nadal était énorme pour moi. J'ai réussi ce qui était supposé être impossible. Personne ne l'avait encore fait" àRoland-Garros." Ces victoires nettes et sans bavures sur David Ferrer et Nikolay Davydenko, son étonnante demi-finale contre Fernando Gonzalez ont confirmé la portée de son exploit. Depuis quatre ans, Roger Federer échouait devant Nadal : il n'y a pas eu de surprise à voir le tombeur de Nadal prendre sa place en finale, ce n'est pas une surprise non plus de voir le novice perdre face à Federer. Sa victoire a changé la face du tournoi et la carrière du Suisse.

"Contre Rafa, j'arrive à faire le jeu, à dicter les échanges. Mais Roger m'empêche de le faire", a poursuivi Söderling. Cette finale a été logiquement vécu comme une initiation : "Le match s'est déroulé comme je l'imaginais. Je l'ai déjà joué tellement souvent que je connais son jeu par coeur. Et c'est encore la même histoire: son jeu ne me convient pas, je n'arrive pas à être agressif contre lui. Au début, je sortais de nos matches en me disant que j'avais très mal joué. Aujourd'hui, je sais que c'est lui qui me fait jouer aussi mal." Pourquoi ? Robin a une idée précise : "Je n'ai jamais affronté quelqu'un qui joue aussi vite, c'est un grand joueur."

Satisfait, heureux d'être convié au festin de Federer, Robin Söderling a aussi joué un rôle lors de la cérémonie de remise des trophées. On connaît la grande faiblesse de Roger Federer, aussi talentueux que sensible, et sa propension à étouffer ses sanglots lors des discours de fin de tournoi. Cette fois-ci, le badinage de Robin ("On rigolait avec mon entraîneur en disant que tu ne pouvais me battre dix fois de suite") lui a permis de prendre un peu recul. "Je te remercie de m'a voir fait rire, cela me permet de pouvoir m'exprimer ", a d'ailleurs déclaré le grand Roger en réponse aux compliments du Suédois : "Il n'a aucune faiblesse, Il mérite d'être le meilleur de tous les temps".

Dans ces échanges de bons procédés, le Suédois sait que son parcours "change évidemment pas mal de choses. J'ai toujours su que je pouvais battre tout le monde si je jouais mon meilleur tennis. Je l'ai prouvé lors de ce tournoi. C'est très bon pour ma confiance. Je me sens à l'aise sur toutes les surfaces, j'ai bon espoir de bien jouer sur gazon." Ses blagues déplacées sont donc de l'histoire ancienne ? "Je ne pense pas être quelqu'un de méchant, ce que vous avez vu pendant cette quinzaine, c'est l'homme que je suis vraiment". Un nouvel homme est né sur le circuit, avec un palmarès à la hauteur de son sens de l'humour ?

A SAVOIR : Robin Söderling n'avait jamais passé le 3e tour dans un tournoi du Grand Chelem avant ce Roland-Garros. Il possède 3 titres à son palmarès (Lyon 2004 et 2008, et Milan 2005).