Roland-Garros 2013 : Benoît Paire a chassé le naturel

Finis les excès de colère, les raquettes brisées et les matches balancés, Benoît Paire est devenu un joueur plus posé depuis quelques mois. Pour de bon ?

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Benoît Paire est en train de se rapprocher de la maturité. Conscient de son énorme potentiel, le Français a calmé ses ardeurs de rébellion constante et ses excès de colère contre lui-même pour enfin prendre un nouveau virage dans sa carrière. A 24 ans, l'Avignonais n'a plus de temps à perdre. Il est actuellement 26e mondial et lancé sur une autoroute qu'il ne doit pas s'aviser à prendre à contre-sens. Mercredi, il a justement démontré qu'il avait compris cet enjeu crucial. En deux jours et quatre sets, il a dominé Marcos Baghdatis au premier tour de Roland-Garros. Un match compliqué face à un joueur aussi imprévisible que talentueux qu'il a finalement bouclé en vainqueur malgré la pression.
"C'est un match que j'aurais perdu il y a quelques mois. Le fait d'être dominé en début de match, de ne pas très bien le sentir, je me serais dit : 'Je loupe mon Roland-Garros, je vais m'énerver, péter les plombs'", a reconnu le Français qui avait fait "n'importe quoi" face à David Ferrer l'an passé au deuxième tour de Roland-Garros (défaite 6-3, 6-2, 6-2). "Malgré la perte du premier set, je suis resté concentré, je me suis dit qu'il fallait attendre l'occasion, que cela tourne. J'ai su le faire." La meilleure illustration de ce changement s'est sans doute vue mardi. A 3-2 dans la troisième manche, il est mené 0/40 par le Chypriote. Avec un calme olympien, il a refait son retard, remporté son jeu de service, puis a breaké dans la foulée au meilleur moment, juste avant l'interruption.
"Au lieu de  m'engueuler, il essaie simplement de m'apprendre des choses"
"C'est le travail au quotidien avec mon entraîneur, Lionel Zimbler, depuis trois ans qui fait que je prends conscience que, sur le court,il faut rester calme. Il y a des moments où on joue bien, d'autres où on joue moins bien. Un match est long, il ne faut pas paniquer." Une philosophie nouvelle pour ce joueur, plus souvent vu en train de briser ses raquettes ou tenter des coups improbables qu'à penser à rester sous contrôle. C'est Zimbler qui a bel et bien trouvé le mode d'emploi de ce joueur fougueux que la Fédération n'est pas parvenue à apprivoiser lors de son passage au CNE. "Il me prend comme je suis, il n'essaie pas de me formater en disant : 'Tu dois faire cela ou cela.' Il essaie de comprendre pourquoi je fais ces erreurs, pourquoi je m'énerve, pourquoi dans les moments importants je fais des amorties tentées alors qu'il ne le faut pas. Au lieu de m'engueuler, il essaie simplement de m'apprendre des choses en essayant de me faire comprendre que j'ai eu tort."
Et visiblement ça marche. Avant ce premier tour, Paire a signé une demi-finale à Rome (un tournoi Masters 1000) après des victoires notamment sur Juan Martin Del Potro, alors septième mondial, et Juan Monaco (18e). De loin, son meilleur résultat sur le circuit qui pourrait bien en appeler d'autres. Sur terre battue cette saison, l'Avignonais a même eu un parcours très honorable en perdant quatre fois sur six contre des joueurs du Top 10 mondial : face à Roger Federer à Rome, face à Richard Gasquet à Monte-Carlo et deux fois face à Rafael Nadal à Barcelone et Madrid. Seules ses deux défaites face à Victor Hanescu (54e mondial) à Estoril et Tommy Robredo (72e) à Casablanca pourraient lui donner des regrets, mais au final, sa présence au deuxième tour récompense ses efforts. Et une qualification pour le troisième tour, qui égalerait son meilleur résultat en Grand Chelem, ne serait que la suite logique des choses.
Mais arrivera-t-il à manoeuvrer la suite des évènements ? C'est la question. Le Français apprend déjà à gérer sa célébrité dans les allées de Roland-Garros, autre donnée nouvelle pour lui. "Je suis attendu à Roland-Garros. Après Rome, les gens attendent que je fasse un bon résultat. Même avec la presse, je le ressens. Avant j'étais dans une petite salle d'interview, maintenant je suis dans la plus grande avec beaucoup de journalistes. Les autres années, je pouvais me balader tranquillement ici avec mes parents, voir des matches. Maintenant, c'est plus difficile. Est-ce que cela me met un peu plus de pression ? Forcément, je pense." Cela ne l'a pas empêché de conclure le match en se faisant plaisir avec des coups qui le caractérisent encore. "Attention, sur le dernier jeu, je réalise des coups qui sont payants. Ce n'est pas pour chambrer mon adversaire ou impressionner le public. Dans des moments importants, j'essaie de tenter quelque chose et juste de créer du jeu." Chassez le naturel...
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