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L'issue de la finale repose sur Nadal, son intérêt sur Thiem

Laurent Vergne

Mis à jour 10/06/2018 à 09:31 GMT+2

ROLAND-GARROS 2018 – Le numéro un mondial, tenant du titre et décuple vainqueur du tournoi dans la peau du favori. Le deuxième meilleur joueur sur terre battue de ces deux dernières saisons dans le costume de l'outsider. Rafael Nadal contre Dominic Thiem, c'est l'affiche idéale pour cette finale. Ils portent sur les épaules chacun une part du destin de ce match. Mais pas le même.

Thiem contra Nadal

Crédit: Imago

Il y a tout juste un an, j'avais écrit que l'affiche Nadal-Wawrinka constituait la finale idéale. D'un côté, le maître des lieux, le patron incontesté de la terre battue, et de l'autre un triple vainqueur en Grand Chelem, invaincu dans ce contexte, qui semblait posséder à la fois le jeu, le coffre physique et l'épaisseur de caractère pour, sinon déboulonner l'idole, en tout cas offrir une véritable opposition. Nous savons tous comment cela s'était terminé. Sur le fond, par une victoire, prévisible, de Nadal, et sur la forme, un match sans intérêt, expédié en trois sets. De combat, il n'y avait point eu.
Douze mois plus tard, le dénouement de cette édition 2018 propose un cas de figure approchant. Rafael Nadal est toujours là, sa decima sous le bras désormais. Pour le reste, rien n'a changé. L'Espagnol est toujours aussi souverain sur terre. Son challenger a changé d'identité, mais comme avec Wawrinka l'an dernier, voir Nadal face à Dominic Thiem dimanche, c'est sans doute là encore la meilleure finale que nous pouvions espérer depuis le tirage au sort. L'Autrichien peut être considéré comme le numéro deux mondial sur terre. Personne n'a gagné plus de matches que lui sur cette surface depuis trois ans. Surtout, il est le seul à avoir battu Nadal ces deux dernières années sur ocre, à Rome en 2017, puis à Madrid en ce printemps 2018.
La finale idéale, donc. Mais ce n'est pas parce que cette affiche est la meilleure que nous puissions espérer qu'elle débouchera sur un grand match. Le Nadal-Wawrinka de l'an passé l'a prouvé. Faut-il craindre un scénario identique en termes d'intérêt ? Le pire n'est jamais sûr mais, si je n'irai pas jusqu'à dire que c'est probable, c'est tout de même une vraie possibilité. Dominic Thiem a d'autres arguments que Wawrinka, mais aussi des soucis que n'avait pas le Suisse. Sa force, ce sur quoi il peut s'appuyer, ce sont ses victoires sur terre contre Nadal. Deux en douze mois et trois en deux ans si l'on ajoute celle de Buenos Aires en février 2016.
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Rafael Nadal face à Dominic Thiem

Crédit: Eurosport

Thiem et le contexte d'une première finale

Depuis son année noire en 2015 et son échec en quart de finale de Roland-Garros, Nadal n'a perdu que six matches sur terre en trois ans. La moitié contre Thiem. L'Autrichien a donc les moyens, au minimum, de bousculer son illustre adversaire. Sauf que Roland-Garros, c'est autre chose. Ici, il ne s'agit pas de secouer Nadal pendant une demi-heure ou une heure, mais sur une durée beaucoup plus longue. Ce n'est pas un hasard si, depuis le début de sa carrière, le ratio de victoires du Majorquin sur terre est de 89,6% dans les rencontres en deux sets gagnants, et qu'il grimpe à... 98,2% dans les matches au meilleur des cinq sets. Dans ce format-là, Rafael Nadal est quasiment invincible.
Comme si cela ne suffisait pas, Dominic Thiem va devoir gérer le contexte de sa toute première finale majuscule. Personne, pas même lui, ne peut prédire comment il va négocier ce moment si spécial. C'est une sacrée inconnue et un paramètre supplémentaire à prendre en compte dans la crainte d'une finale à sens unique. Pour cette raison, l'intérêt de ce duel final repose en grande partie sur l'Autrichien. Il peut passer au travers, comme l'an dernier en demi-finale contre ce même Nadal. Il avait tenu trois jeux avant d'exploser complètement. Il n'avait pas existé. Pourtant, il avait, déjà, le point d'ancrage de sa victoire à Madrid.
Pour que la journée de dimanche ne manque ni de sel si de saveur, il faudra donc que Dominic Thiem soit transcendé, et non inhibé par le premier match de sa vie avec une victoire en Grand Chelem en jeu. Ce ne sera pas forcément suffisant pour gagner, mais indispensable pour l'envergure de l'empoignade. Il devra aussi réussir son entame de match et si possible prendre le premier set s'il en a l'opportunité. Les trains repassent rarement deux fois sur terre avec Nadal, quand ils ont la chance de passer. Vendredi, Juan Martin del Potro n'a pas été capable d'ouvrir la porte quand elle n'était pas encore fermée à double tour. Il l'a payé cher. Si Thiem perd la première manche, il est à craindre que le reste du film se déroule en accéléré.
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50 minutes de combat puis une boucherie : Nadal a balayé Del Potro

Pour gagner, Thiem a besoin de Nadal, l'inverse n'est pas vrai

Si le degré d'intérêt de cette finale dépend du protégé de Günter Bresnik, son issue repose en revanche sur le seul Rafael Nadal. S'il est galvanisé sur le Chatrier, s'il se déchaine, si l'idée de jouer cette finale lui donne des ailes, Thiem peut donner une dimension intéressante au match. Mais pour gagner, il a besoin de Nadal. L'inverse n'est pas vrai. L'Espagnol a les clés, clairement. S'il fait ce qu'il faut, il gagnera.
Il n'est pas infaillible, Rafa. Il ne l'a pas été dans cette quinzaine. On l'a parfois vu trop défensif. Il s'est maudit d'avoir manqué d'esprit d'initiative contre Bolelli au premier tour, mais ça ne l'a pas empêché de recommencer contre Marterer en huitièmes, sans conséquences, certes, puis en quarts contre Schwartzman, et là les dommages collatéraux ont failli prendre d'autres proportions. Il a même été inhabituellement nerveux face au petit Argentin. Ajoutez à cela une certaine tendance à démarrer en mode diesel (Bolelli, Marterer et Schwartzman l'ont breaké en premier, et Del Potro aurait pu, voire dû le faire) et vous n'avez pas un tournoi proche de la perfection de la part de l'ogre de Manacor.
Ces défauts dans la cuirasse l'ont fragilisé par séquences, et s'il en reproduit certains, il peut passer deux ou trois sales quarts d'heure contre Dominic Thiem. S'il les cumule tous et les prolonge au-delà d'un ou deux sets, il pourrait même se retrouver en grand danger. Mais tout cela dépend de lui. Si Rafa fait du Nadal, sans surjouer mais en appliquant à la lettre ce qu'il sait si bien faire, je le vois mal perdre ce match. Si Dominic fait du Thiem, cela suffira peut-être à rendre cette finale plus intéressante que sa devancière. Pas forcément à soulever la Coupe des Mousquetaires.
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Rafael Nadal à un pas d'un 11e sacre.

Crédit: Getty Images

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