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Christopher Clarey (NY Times) : "On est allé en boîte de nuit et j'avais l'impression que Rafa regardait ça de loin"

Bertrand Milliard

Mis à jour 31/05/2022 à 11:36 GMT+2

LES GRANDS ENTRETIENS DE ROLAND - Tout au long de cette quinzaine, Bertrand Milliard vous propose une série d'interviews avec des personnalités de divers horizons pour apporter un autre regard sur le tennis. Mardi, Christopher Clarey, véritable "insider" du circuit. Le journaliste du New York Times est sans doute un de ceux qui connait le mieux les stars du circuit, notamment les membres du Big 3.

Rafael Nadal en 2006 après son deuxième titre à Roland-Garros.

Crédit: Getty Images

Véritable insider du circuit, Christopher Clarey vient de publier une biographie de Roger Federer, joueur qu'il connaît depuis ses débuts. Dans cet entretien, le journaliste du New York Times parle de l'évolution de son métier débuté il y a plus de trente ans aux Etats-Unis et de ses rapports privilégiés avec les acteurs du jeu… et avec la France !
Christopher, vous sortez actuellement un livre sur Roger Federer. C’est un joueur qui est l’objet de nombreux ouvrages. Dites-nous pourquoi celui-ci va être particulier et pourquoi il faut le lire ?
C.C. : Déjà, il n'y a pas beaucoup de livres aux Etats-Unis sur Federer, il y en a plus en France. La culture du tennis est plus développée en France qu'aux Etats-Unis, donc en premier lieu j'avais cette envie d'expliquer Roger aux Américains et aux anglophones. On m'a souvent dit que si tu écrivais un livre, c'était pour ne pas avoir de regrets de ne pas l'avoir fait plutôt que pour l'envie de le faire et dans ce cas-ci, c'est vrai. Parce que j'ai eu la chance avec le New York Times et le Herald Tribune d’avoir beaucoup de contacts avec Roger, de même qu'avec Nadal et Djokovic. Grâce au journal, j'ai ce contact depuis le début.
Vous voulez dire que vous l'avez beaucoup rencontré tout au long de sa carrière ?
C.C. : Oui. Presque chaque année j'ai pu avoir avec Roger des interviews en détail et une vision de sa progression, de même qu'une vision assez globale parce que je voyage beaucoup et que j'ai pu le rencontrer un peu partout. Je pense qu'on a fait des interviews sur les six continents, dans des situations un peu exceptionnelles, comme une voiture au milieu de la nuit en Argentine, près de chez lui juste après la naissance de ses enfants, dans un chalet suisse, en Australie ou encore dans un avion privé entre Indian Wells et Chicago il y a quelques années… Tout cela montre à quel point Roger est international et à l'aise un peu partout.
Comment était-il quand vous l'avez connu ?
C.C. : J’ai connu un Roger un peu désorganisé, franchement pas super beau, pas bien léché quand il était jeune, avec des problèmes de self control. Et il est devenu un ambassadeur pour le tennis, il a pris ce rôle en main et on a sous-estimé la façon dont il a mûri selon moi. Donc j'ai voulu faire cette enquête pour moi-même, pour le sport, pas pour ses fans, mais pour les gens qui aiment bien l'excellence, vraiment creuser pour voir comment il a fait, de A à Z. Et essayer de comprendre pourquoi il est devenu aussi aimé un peu partout. Je suis parti un peu de zéro et après avoir terminé mes recherches, j'ai dû réaliser 82 ou 83 interviews, uniquement pour le livre.
Le fait qu'il y ait eu toutes ces interviews avec lui et que vous l'ayez beaucoup côtoyé influe-t-il sur le contenu du livre pour se rapprocher d'une biographie ou est-ce vraiment une enquête comme vous venez de nous le dire ?
C.C. : C'est un mélange. Je savais qu'il y avait déjà de bons livres sur Roger comme celui de René Stauffer par exemple, le journaliste suisse qui a suivi Roger depuis son plus jeune âge. Moi j'ai commencé plus tard, quand Roger avait 19 ans, mais ce que j'avais, c'était l'accès à tout ce monde professionnel et à ses rivaux. Ses rivaux d'avant, qui dans un sens sont peut-être encore plus intéressants que ceux d'aujourd’hui et qu'on a un peu oublié : les Marat Safin, Andy Roddick, Lleyton Hewitt, David Nalbandian. C'était pour moi très intéressant de parler avec ces gens-là aujourd'hui. Ils voient Roger avec un peu moins d'amertume peut-être désormais, comme il a pourri pas mal de leurs journées (rires)… Mais ce qui m'a le plus appris sur Roger, c'est d’aller reparler avec les gens de l'époque où il était très jeune et notamment des gens avec qui je n'avais jamais parlé.
Par exemple ?
C.C. : Son psychologue, Chris Marcolli. Je savais qu'il existait mais je n'avais jamais réussi à le joindre. J'ai parlé aussi avec son premier agent, Régis Brunet, qui a dû le voir pour la première fois en Floride quand il avait 12 ou 13 ans. Il avait couru vers une cabine téléphonique pour appeler un ami en Suisse pour organiser un entretien avec les parents de Roger. Ça montre à quel point le monde a changé. Il se retrouvait dans un téléphone payant en Floride à mettre des pièces pour joindre quelqu'un pouvant lui-même joindre les parents ! Le côté business, depuis le début, est très intéressant. Je voulais aussi parler avec des gens qui connaissaient bien Peter Carter, son premier coach décédé en 2002, si important pour Roger puisqu'il l'a formé. J'ai beaucoup appris sur Carter via des gens d'Australie ou de Suisse qui le connaissaient bien.
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Roger Federer et Peter Carter en 1998

Crédit: Imago

Vous vous donc êtes beaucoup intéressé aux jeunes années de Roger Federer…
C.C. : Oui, en tant que journaliste, c'est sur ces années que j'ai appris le plus et ce qui était le plus riche. La période entre 1997 et 2003. En gros de l'époque où il a gagné Wimbledon Junior (en 1998 ndlr) jusqu'à son premier titre en senior. C'était une période critique et, pour moi, les interviews les plus riches de sa jeunesse se situent à cette période-là.
Vous êtes ce qu'on appelle une figure du circuit, depuis très longtemps dans le tennis, en tant que journaliste américain. On sait que le tennis n'est pas forcément un sport majeur aux Etats-Unis. Parlez-nous un peu d'où vous venez et comment vous êtes venu au journalisme et au tennis.
C.C. : Je suis issu d'une famille de militaires. Mon père, mon grand-père et mon arrière-grand-père étaient dans la Marine américaine. Mon grand-père était amiral quatre étoiles, mon père amiral une étoile, ils ont fait pas mal de guerres : la Première Guerre mondiale pour mon arrière-grand-père, la Seconde pour mon grand-père et le Vietnam et la Guerre du Golfe pour mon père. Donc déjà c'est une déception familiale quand on a un journaliste sportif après tout ça (rires), mais j'ai fait de mon mieux.
Je n'étais pas fait pour le monde militaire. Aux Etats-Unis, quand tu es militaire, tu bouges tout le temps, tu changes de lieu et d'école tous les deux ans. Et le fait de bouger, ça correspond bien au milieu du journalisme, donc je suis à l'aise sur la route, j'ai eu cette habitude dès l’enfance. Je suis assez extraverti mais j'ai aussi un côté introverti, c'est pourquoi j'aime ce métier. D'un côté tu as le contact avec les gens, tu fais des interviews et après tu te retires dans ton coin en souffrant pour écrire ton papier, ou ton livre en l'occurrence.
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Christopher Clarey à Melbourne en 2017 avec Craig Tiley, le patron de Tennis Australia.

Crédit: Getty Images

Ce métier était donc une vocation malgré la lignée militaire de votre famille ?
C.C. : J'ai toujours été attiré par le sport. J'ai joué au tennis depuis mon plus jeune âge, ma mère était une bonne joueuse de club. On avait toujours la télévision allumée pendant les tournois du Grand Chelem avec les commentaires de Bud Collins et mes premiers souvenirs sont de regarder Connors, Evert… et même Yannick Noah, parce que ma mère l'aimait bien.
Ça ne s'invente pas, vous êtes né à Newport, dans le Rhode Island, la ville qui accueille le Hall of Fame du tennis. Mais vous n'y êtes donc pas resté longtemps ?
C.C. : Je suis né là-bas mais on est parti au bout d'un an. Mais je suis souvent revenu après dans ce coin.
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Newport, temple du Hall of Fame du tennis.

Crédit: Getty Images

Vous avez aussi un attachement particulier à la France…
C.C. : Oui. J'ai eu la chance de rencontrer une Française quand j'étais à l’Université à San Diego. Une Parisienne venue étudier là-bas et ça a changé ma vie puisque nous nous sommes mariés par la suite.
Vous travaillez dans un journal extrêmement réputé, le New York Times. Comment y êtes-vous entré ?
C.C. : C'est grâce à ma femme française. Nous nous sommes mariés en 1991. A l'époque, nous vivions à San Diego où j'ai commencé ma carrière journalistique dans un journal un peu style Ouest France. Je ne parlais pas français à l'époque et je me suis dit 'je ne peux pas avoir une vie de famille avec quelqu'un sans parler sa langue, je ne veux pas que mes enfants parlent derrière mon dos' (rires). Donc il était évident que je devais venir en Europe apprendre la langue et j'en avais très envie. J'avais 26 ans, j'ai quitté un bon poste, on est venus à Paris pour que j'apprenne le français et je suis devenu journaliste freelance, assez perturbé par cette instabilité après avoir eu un poste fixe. J'ai étudié le français avec ma belle-mère, pendant des déjeuners, pendant un an. J'ai écrit un manuscrit et elle a fait les corrections sur 'mon devoir'. Alors, je n'ai peut-être pas le langage de la rue mais j'ai le langage de ma belle-mère.
C'est l'époque où il y a eu des Jeux Olympiques tous les deux ans avec le décalage entre les Jeux d’été et les Jeux d'hiver. Les J.O. aux Etats-Unis sont importants et mon ancien chef à San Diego connaissait bien le chef du New York Times, ancien correspondant tennis pour le journal. Et en décembre 1991, au milieu de la nuit, j’ai reçu un appel du New York Times me demandant si je pouvais aller faire un petit reportage pour eux. Evidemment, j'ai accepté. C'était du patinage artistique, sur les Duchesnay, qui étaient à Obersdorf en Allemagne. J'ai pris le train de nuit pour faire des économies, je suis allé faire le reportage là-bas et ça a commencé comme ça. J'ai intégré l’équipe de la rédaction un an plus tard et je n'ai plus arrêté depuis trente ans maintenant.
Sans jamais vivre à New York alors ?
C.C. : Je n’ai jamais vécu à New York, non.
Vous êtes resté en France après ?
C.C. : Oui, pendant cinq ou six ans. Ensuite, je suis parti en 1996 à Séville pour apprendre l'espagnol, un autre rêve que j'avais en tête. On était partis pour un an mais on a tellement aimé qu'on y est restés huit ans. J'y travaillais pour l’International Herald Tribune. Et depuis 2004, on est le plus souvent basés aux Etats-Unis avec toujours un pied en France.
Vous n'êtes plus journaliste indépendant ?
C.C. : Non, depuis longtemps ! J'ai intégré d’abord le Herald Tribune puis le New York Times. En fait c'est la même entreprise et je travaille à plein temps pour le journal depuis 1993.
Vous êtes américain mais vous avez une image très différente de l’Américain moyen telle qu’on peut l’avoir en France. Pour vous connaître depuis de nombreuses années sur le circuit, j’ai longtemps cru que vous étiez Français, non pas à cause de la langue mais notamment pour votre look assez BCBG (il rit), vous pourriez très bien passer pour un Parisien ! Vous seriez devenu complètement français ?
C.C. : Déjà il faut me voir à San Diego dans mes shorts et mes sandales (rires), mes flip-flop ! Je pense que la clé du bonheur, c'est de s'adapter au milieu dans lequel on se trouve et certainement le journalisme sportif et le tennis m'ont amené à ça. Quand je suis à Paris, j'ai trop entendu ma belle-famille me dire 'c'est important de respecter le lieu, la ville et les coutumes' donc je m'habille mais je ne mets pas les mêmes vêtements à San Diego, c'est clair.
Il y a quelques années, était-il plus facile de se rapprocher les joueurs, de nouer un contact un peu privilégié avec eux ?
C.C. : Oui, je ne suis pas sûr qu'il serait possible d'écrire le livre que je viens d'écrire sur Roger Federer avec un joueur de la prochaine génération. Pour plusieurs raisons : déjà le monde a changé en termes de communication. Il y a vingt-cinq ans, si un joueur avait quelque chose d'important à partager ou à clarifier, il avait besoin d'un journaliste pour s'exprimer, ou au moins d'une conférence de presse. Aujourd’hui il fait un petit post sur Twitter et Instagram, bien pensé et organisé avec son agent et voilà, c'est vite fait.
Deuxièmement, et je pense que ce n'est pas une bonne chose, les joueurs sont tirés à droite et à gauche par des supports internes, l'ATP et la WTA ont leur propre site internet et avec toutes les chaînes de télévision, internet, il y a beaucoup plus de demandes, donc le temps réservé à la presse est sans doute le même mais coupé en mille morceaux. Les opportunités pour une vraie interview ou un vrai contact se réduisent et c'est dommage parce qu'on n'a pas une vraie vision de ces joueurs d'aujourd’hui. C'est encore possible mais c'est beaucoup plus rare.
Quid des joueurs du Big 3 ?
C.C. : J’ai toujours apprécié chez Roger, Rafa et Novak, mais particulièrement Roger, le fait que lorsqu'il fait quelque chose, il le fait bien. Il ne fait pas beaucoup, mais il fait bien, en profondeur, il n'évite pas les questions et c'est quelqu'un qui a un vrai contact humain avec les gens, qui n'est pas en train de regarder son téléphone toutes les deux minutes, il est présent. Nous ne sommes pas amis, c'est une relation professionnelle, très riche, et un vrai plaisir. Je respecte beaucoup ça chez lui et je pense que ce ne serait plus possible.
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Djokovic, Nadal et Federer.

Crédit: Getty Images

Vous avez donc un contact privilégié avec Roger Federer, avec d'autres grands joueurs aussi, et je crois savoir que lors de la première victoire de Nadal ici vous avez passé pas mal de temps avec lui et son entourage…
C.C. : Je ne dirais pas si privilégié que ça mais en fait, après sa victoire ici en 2005, comme je parlais espagnol, son attaché de presse Benito Perez-Barbadillo avait organisé un dîner au Café de l’Homme et il m’y avait invité. Il avait travaillé pour l’ATP avant et la confiance était installée. Mais c'est surtout après sa deuxième victoire. J'avais déjà fait plusieurs articles sur Rafa en Espagne, et j'ai de nouveau été invité pour sa fête de victoire. Ce qui est drôle, c'est que cette fête de victoire n'était pas 'Noah-esque' du tout. C'était dans une espèce de van avec Rafa et toute sa famille et on se déplaçait avec ça. On est allé sur les Champs-Elysées vers deux ou trois heures du matin dans une boîte de nuit et là, j'avais l'impression que Rafa regardait ça de loin, il n'était pas du tout en train de faire le fou. On voyait bien qu'il était très discipliné, très mûr et que le deuxième ne serait pas le dernier.
Il pensait peut-être à Wimbledon aussi ?
C.C. : Il pensait à Wimbledon et à plein de Roland-Garros à venir. Mais il a vraiment passé la nuit en compagnie de sa famille et ce n'était pas l'image qu'on peut avoir des Espagnols fêtards, en tout cas pas dans ce contexte-là.
Comment faire pour préserver cette frontière entre le journaliste et le joueur ? Être proche d’un joueur, c’est bien, mais il faut pouvoir garder le sens critique du journaliste. Est-ce difficile ?
C.C. : Au début, avec des joueurs que tu regardais à la télévision comme McEnroe, Borg ou Navratilova… Ce sont des gens que j'avais regardés étant jeune et de changer de connexion et travailler comme journaliste, ça prend un peu de temps. Mais quand tu es déjà journaliste et que les jeunes débarquent comme Roger ou avant cela, à l'époque où j'ai commencé, quand Pete Sampras, Agassi, Chang, Courier ont percé, je n'ai pas trouvé ça difficile. C'est le métier de journaliste. Tu as le contact mais tu n'es pas un ami, tu as besoin pour bien faire ton travail de garder cette objectivité. Tu installes une certaine confiance, donc si tu écris quelque chose de critique ou une révélation, il faut bien peser le pour et le contre, vraiment comprendre pourquoi tu le fais et si c'est juste ou pas. Mais je trouve que cette proximité est aussi une bonne chose parce que tu ne vas pas les descendre en flammes pour rien du tout, tu vas vraiment bien penser tes critiques.
Et puis ce qui m'a surtout beaucoup aidé, c'est de travailler pour des journaux de qualité, comme le New York Times et le Herald Tribune. Il y a une vraie culture, un vrai apprentissage et il y a plein de règles et beaucoup de surveillance. Si tu fais un papier trop flatteur, tu auras des voix qui s'élèveront dans le journal pour comprendre pourquoi tu as écrit ça comme ça. C'est pour ça qu'il est important d’avoir des plateformes de presse fortes.
Une question difficile pour terminer: si je vous demande quel est votre plus grand souvenir ou un souvenir qui vous a marqué dans votre vie de journaliste tennis ?
C.C. : Houla. Tennis ?
Ou journaliste tout court !
C.C. : Franchement, il y a eu tellement de matchs… C'est un sport à émotions, de longue haleine, avec des matchs parfois de cinq ou six heures. Mais franchement, avec le recul, pour plein de raisons, je vais dire la finale de la Coupe Davis 1991 à Lyon. Etrangement, car je suis américain, mais je venais de me marier avec une Française, de me lancer dans un monde différent en France. Il y avait de jeunes Américains, comme moi, qui jouaient contre les Français. Je débarquais un peu dans ce monde-là et il y avait toute l'Histoire derrière cette rencontre, les Mousquetaires et les échecs du passé. Mais l'émotion qu'il y a eu dans cette rencontre avec Noah, Borotra qui était là, Forget, Leconte qui était habité, et l'ambiance dans cette arène, ça m'a fait me dire que je ne couvrais pas le tennis pour rien. Ça a joué un rôle important. Il y avait énormément d'émotion et ça venait à un moment de ma vie où ça m'a vraiment touché de sentir l'importance de cet événement pour la France.
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