Roland-Garros - Carlos Alcaraz, qualifié pour le 3e tour après sa victoire dingue en cinq sets sur Albert Ramos-Vinolas

Seulement 19 ans mais déjà une palanquée de blockbusters au compteur. Disons-le d'entrée : c'est presque un miracle que Carlos Alcaraz soit encore en vie dans ce tournoi. Parce que le gamin prodigieux est passé tout près de la correctionnelle, sauvant une balle de match face à son aîné et compatriote Albert Ramos-Vinolas. Neutralisé tactiquement pendant près de 4h30, fébrile comme rarement sur son revers, la tête de série numéro 6 a finalement réussi à s'en sortir, par un trou de souris, à la force de son bras et de sa volonté de fer. Il lui aura fallu cinq sets d'un combat démentiel, marqué par certains coups exceptionnels, pour filer au 3e tour (6-1, 6-7, 5-7, 7-6, 6-4). Dingue.

A force d'être menaçant, on a bien cru que le ciel finirait par lui tomber sur la tête. C'est pourtant sous un soleil radieux que les deux Espagnols ont démarré le combat. Rapidement, on a pensé Ramos-Vinolas K.-O. dès le premier round. Saoulé de coups et débordé par la puissance d'Alcaraz, le 44e mondial paraissait bien trop limité pour rivaliser avec le phénomène (6-1 dans le premier set). Mais si le prodige a le talent pour lui, le vétéran espagnol avait l'expérience et le sens du jeu de son côté.

Grâce à des balles cotonneuses envoyées sur le revers d'Alcaraz, il a trouvé la parade parfaite pour gagner du temps et reprendre l'ascendant dans l'échange. Mieux, il a vu son jeune adversaire décliner progressivement techniquement, offrant quantité de points gratuits, notamment en revers (74 fautes directes au total). Alors, l'impensable se produisit.

En ramenant tout grâce à ses balles bombées et ses effets extérieurs, Ramos-Vinolas a complètement annihilé la puissance de feu d'Alcaraz. Malgré deux sets accrochés au score, c'est bien le joueur de 34 ans qui avait la mainmise sur le match (6-1, 6-7 [7], 5-7). Irrespirable, ce quatrième le fut, encore plus quand le vent du boulet semblait pousser Alcaraz vers la sortie. A 5-4 sur son service, Ramos-Vinolas s'est offert une balle de match, provoquant des secousses dans tout Roland-Garros. Mais l'expérience a beau être là, elle fut insuffisante pour enlever ce bras qui tremble, provoquant une faute directe de sa part. Sa chance était passée. Mais le match restait encore irrespirable.

Parce que si Ramos-Vinolas n'avait pas réussi à achever sa proie, celle-ci se semblait pas particulièrement se rebeller. Malgré le gain du quatrième set au tie-break, Alcaraz est retombé dans ses travers, alternant fautes et fulgurances sans réelle continuité. Souvent dans la position de défendre, il fut breaké d'entrée dans le dernier set, au point d'être mené 3-0.

Mais si ce gamin est aussi spécial, c'est parce qu'il possède le gène des géants, celui qui empêche ces derniers d'abdiquer. A chaque point gagné, il a serré le poing, preuve que son ambition était intacte. Alors, il a debreaké sur un coup exceptionnel, un passing long de ligne à une main irréel.

Porté par le Simonne-Mathieu, le prodige a continué, réussissant un ultime break sur une défense incroyable, qui rappelait forcément son plus illustre compatriote. C'est par une éruption de joie que le champion naissant a fêté ce miracle. Revenu de l'enfer, il peut encore envisager de viser le paradis. Décidement, ce gamin de 19 ans est bluffant.