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Roland-Garros - Naomi Osaka, les 365 jours d'une reconstruction : Du clash à Roland au retour des ambitions

Christophe Gaudot

Mis à jour 20/05/2022 à 19:29 GMT+2

ROLAND-GARROS 2022 - Il y un an, l'édition 2021 de Roland-Garros était marquée par "l'affaire Naomi Osaka", qui avait refusé de se plier aux obligations médiatiques avant de se retirer du tournoi. La Japonaise revient Porte d'Auteuil après 365 jours qui l'ont vu passer par beaucoup d'émotions et chercher activement la bonne solution pour sa santé mentale.

Naomi Osaka a mis sur la table les difficultés mentales des athlètes dans le tennis

Crédit: Getty Images

"Je vous écris pour vous dire que je ne ferai aucune conférence de presse pendant Roland-Garros." Il y a un peu moins d'un an, le 27 mai 2021, Naomi Osaka jetait un pavé dans la mare. Pavé dont les ondes de résonance sont encore vivaces à l'aube de l'édition 2022 du Grand Chelem parisien, pour elle comme pour le circuit qui s'interroge toujours sur la bonne manière de faire avec la santé mentale de ses athlètes. Pour Osaka, ces presque 365 jours n'ont pas été de tout repos, loin de là. Aussi, imaginer que ses problèmes sont derrière elle, serait sans doute une erreur.
Ceci parce que la Japonaise a connu beaucoup plus de bas que de hauts depuis un an. Et si les dernières semaines laissent envisager un véritable mieux, il s'est passé tant de choses autour de Naomi Osaka depuis un an, qu'il ne faut sans doute jurer de rien. Dans quel état d'esprit se trouve-t-elle avant Roland-Garros ? Là où, pour la première fois, elle s'était ouverte sur ses problèmes mentaux et qu'elle pensait y apporter une première réponse en zappant les conférences de presse. Ce qui avait poussé Roland-Garros à la sanctionner financièrement (12 300 euros) et elle à quitter le tournoi avant son deuxième tour.
"Je ne vais pas mentir, j'étais très inquiete en arrivant ici, a-t-elle concédé lors du "media day", vendredi. J'avais peur de tomber simplement sur des gens que j'avais offensés d'une manière ou d'une autre. Je pense néanmoins que tout le monde a été vraiment positif. J'étais aussi très inquiète à propos de cette conférence de presse, car je savais que je recevrais beaucoup de questions à ce sujet." Beaucoup, pas tout à fait. Il a beaucoup plus été question de tennis pour une Naomi Osaka qui a vécu beaucoup de choses depuis Roland 2021.

Tokyo, immense honneur et crise de larmes

"Je vais me retirer des courts un certain temps", avait-elle promis il y a un an, ne refaisant surface que pour… allumer la vasque olympique des JO de Tokyo. "Sans aucun doute la plus grande réussite sportive et le plus grand honneur que je n'aurais jamais eu dans ma vie, disait-elle, radieuse. Tout ceci avant de sombrer à nouveau, au 3e tour du tournoi olympique, et de… jouer à cache-cache avec la presse. "Je suis déçue à chaque défaite mais celle-ci craint un peu plus que les autres, avait-elle finalement lâché. La pression, je devrais y être habituée à force. Mais, en même temps, la grandeur d’un tel évènement a été vraiment compliquée à gérer."
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Le moment historique où Osaka a embrasé la vasque olympique

Ses larmes devraient être le fil rouge de son été, de Tokyo à New York. Dans la Grosse Pomme, ce fut la sensation Leylah Fernandez, future finaliste, qui allait la croquer. Ce jour-là, Naomi Osaka était apparue nerveuse sur le court, en témoignent ses nombreux jets de raquette. Ses excuses, "je suis vraiment désolée à propos de ça", furent suivies immédiatement d'une crise de sanglots et d'une annonce.
"Honnêtement, je ne sais pas quand je vais jouer mon prochain match de tennis. Je pense que je vais faire une pause pendant un certain temps. Lorsque je gagne, je ne me sens pas heureuse, je me sens soulagée. Et quand je perds, je me sens très triste. Tout ça n'est pas normal."
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Osaka fond en larmes en conférence de presse et ne sait pas quand elle rejouera au tennis

"Naomi, t'es nulle !"

Osaka a pris son temps pour revenir, tenant la promesse d'une longue coupure. Ce fut Melbourne pour préparer la défense de son titre à l'Open d'Australie. Elle se sentait alors "aussi bien que possible". Même la défaite au 3e tour du premier Grand Chelem de la saison contre Anisimova, ne semblait pas l'atteindre plus que ça.
Guérie Osaka ? Pas si vite ! De l'autre côté des Etats-Unis, à Indian Wells, un événement allait la ramener quelques mois en arrière et raviver le souvenir de ses problèmes mentaux et de son mal-être prégnant. Un simple "Naomi, t'es nulle !", lancé depuis les tribunes par un idiot, avait "suffi" à la faire craquer lors du premier set de son duel face à Kudermetova.
Cet événement a refait surface, et c'est elle qui l'a mis sur la table, ce vendredi lors de sa conférence de presse quand elle s'est demandée comment elle allait : "Je ne voudrais pas dire que c'est comme si Roland-Garros 2021 avait quitté mon esprit. Bien sûr, j'y pense toujours, et je me prépare aussi au cas où un fan dise quelque chose comme à Indian Wells. Mais dans l'ensemble, je pense que je vais bien".
Je ne veux plus pleurer en public
A Miami, son retour en finale (perdue face à Swiatek), a marqué un tournant. Voilà 407 jours que la Japonaise n'avait plus disputé de match pour un titre sur le circuit. "Je ne veux plus pleurer en public donc je me suis retenue, avouait-elle, remerciant le public pour l'amour témoigné après son succès en demi-finale. J'ai l'impression que les gens étaient heureux de me voir jouer à nouveau ou simplement de me voir heureuse".
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Naomi Osaka - WTA Miami 2022

Crédit: Getty Images

Seule ombre au tableau, cette blessure au tendon d'Achille qui a gêné sa préparation à Roland-Garros. Porte d'Auteuil, elle trouvera en Amélie Mauresmo, la nouvelle directrice du tournoi, une alliée dans son combat pour la santé mentale des joueurs et joueuses. Celle-ci a ainsi voulu repenser les espaces pour offrir aux acteurs une plus grande tranquillité d'esprit. "Cette année nous allons aussi, c'était vraiment une volonté, avoir des modérateurs en salle de presse pour que les joueurs ne se sentent pas mal à l'aise", ajoute Mauresmo. Un an plus tard, Osaka peut se féliciter d'avoir été entendue.
Voit-elle du positif sur le circuit ? "Je vais être honnête, je ne sais pas, répond-elle. Mais si vous parlez du paysage général, je sais qu'après le Roland-Garros de l'année dernière, ils ont donné plus d'espace tranquille aux joueurs à l'US Open. Je sais qu'ici, ils ont aussi un espace de bien-être mental. Je pense que c'est cool qu'ils l'intègrent."
Reste pour elle à performer sportivement. "Mon objectif est d'être tête de série à Roland", disait-elle récemment. Ce sera raté pour cette fois mais la suite ne tient qu'à elle : "D'ici la fin de l'année, j'aimerais être dans le top 10. Puis redevenir N.1 l'an prochain, ou disons dans le top 5... Non, allez N.1 ! Ça fait du bien de courir après quelque chose, ça m'a manqué". Le retour des ambitions est toujours une excellente nouvelle.
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