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Simple messieurs - Quarts de finale - Djokovic a longtemps eu un problème avec Roland-Garros, plus qu'avec Nadal

Laurent Vergne

Mis à jour 31/05/2022 à 20:32 GMT+2

ROLAND-GARROS 2022 - Novak Djokovic et Rafael Nadal vont s'affronter pour la 10e fois sur la terre battue parisienne. Le Serbe s'est incliné sept fois pour deux victoires. Comme tout le monde, il subit donc le plus souvent la loi de l'Espagnol que le contraire. Mais dans son cas, l'explication est au moins en partie à chercher ailleurs, dans son obsession longtemps inassouvie pour Roland-Garros.

Novak Djokovic Rafael Nadal | Tennis | ESP Player Feature

Crédit: Getty Images

"On a un grand problème, qui s'appelle Nadal. L'affronter à Roland-Garros, c'est le plus grand défi du tennis en général. J'ai battu Rafa une fois à Roland-Garros et j'ai perdu, je ne sais pas, dix fois."
Ces propos, signés Novak Djokovic en mars 2021 et tenus lors d'un entretien accordé à France Télévisions, ont partiellement vieilli. Passons sur le fait qu'il n'a perdu "que" sept fois contre le maître des lieux à Paris. On lui pardonnera de ne pas avoir tenu les comptes au match près et la nature du rapport de forces, au moins sur le strict plan des résultats, est, elle, parfaitement juste. Ou était, plutôt, puisque le Serbe a, depuis ces paroles, doublé son total de victoires face à Nadal à Roland-Garros en le dominant en quatre sets l'an dernier.
Mais c'est surtout le début qui s'écarte peut-être le plus de la réalité. "On a un grand problème, qui s'appelle Nadal." "On", sans aucun doute. Mais dans ce "on", lui, Novak Djokovic, a presque toujours été un cas à part. Laissons de côté la période pré-2011, avant l'émergence du "Djoker" comme le patron du circuit. Jusqu'ici, il n'avait clairement pas les moyens de rivaliser avec Nadal sur terre battue.
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Rafael Nadal et Novak Djokovic

Crédit: Getty Images

7-5 Djokovic sur une période de cinq ans

Leurs trois premiers duels à Roland-Garros, en 2006 (quart de finale), 2007 (demie) et 2008 (demie là encore) avaient été à sens unique ou presque, Djokovic ne remportant pas le moindre set. Le constat est le même en élargissant à l'ensemble de l'ocre : huit duels entre les deux hommes sur terre avant 2011. Huit victoires de Nadal. Depuis, les choses se sont tout de même nettement équilibrées, même si l'Espagnol a toujours l'avantage : 11-8 en sa faveur au cours des douze dernières années et 4-2 à Paris.
Au fond, si Novak Djokovic a longtemps eu un problème, c'est davantage avec Roland-Garros qu'avec Rafael Nadal lui-même. La meilleure preuve ? En 2015, il a pris le meilleur sur lui, et en trois sets. Un quart de finale, déjà. Quelques jours plus tard, il coinçait en finale face à Stan Wawrinka, comme il avait bloqué face à Federer en 2011 en demie. Son incapacité à aller au bout porte d'Auteuil ne tenait pas qu'au seul Nadal. Roger Federer pouvait avancer cet argument avant sa victoire en 2009. Pas Djokovic.
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Novak Djokovic après sa défaite en finale contre Wawrinka en 2015.

Crédit: AFP

Cela ne signifie pas que, même pour lui, défier son grand rival sur sa surface de prédilection n'est pas resté un challenge redoutable, mais l'explication reste trop courte. D'ailleurs, entre le printemps 2011 (Madrid) et le printemps 2016 (Rome), les deux hommes ont ferraillé à douze reprises sur terre. Djokovic a gagné sept de ces rencontres. Personne n'a jamais eu un "head to head" favorable face à Nadal sur terre sur une durée aussi longue et sur un total de matches aussi significatif. Pourtant, sur cette période, il ne figurait pas encore au palmarès de Roland-Garros. Sur ce même laps de temps, Nadal y a triomphé quatre fois.

Le faux débat du format cinq sets

Il y a quelques années, Patrick Mouratoglou avait fait preuve auprès d'Eurosport d'une forme d'incompréhension quant à la dichotomie entre la réussite de Djokovic à Roland-Garros et son expression globale sur terre battue. "Dans le cas de Novak, la terre battue est un faux débat. Quand Novak est à son meilleur niveau, la surface importe peu, il peut être performant partout. Il a ainsi souvent battu Rafa partout sur terre, et même sévèrement parfois."
Oui, mais il le battait en deux sets gagnants, à Madrid, Rome ou Monte-Carlo, mais à Roland-Garros, sur la distance des cinq sets, c'était une autre limonade. "Il n'y a aucune logique à cela, rétorquait Mouratoglou. Novak est ultra fort en cinq sets, c'est un des joueurs les plus endurants. C'est une anomalie qu'il n'ait pas battu Nadal plus tôt à Roland. Mais il a fait un blocage, tout simplement. Ça arrive quand on commence à tourner autour d'un titre, on se met à réfléchir."
Dimanche, à l'évocation de son rapport longtemps contrarié avec la manche française du Grand Chelem, Novak Djokovic n'a pas dit autre chose. "Ça m'a pris beaucoup d'années pour gagner le titre ici, a-t-il rappelé. J'ai connu quelques crève-cœurs, en finale, demi-finale, des marathons que j'ai fini par perdre. Gagner en 2016 a été un immense soulagement pour moi. C'était très spécial, très émouvant."
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Novak Djokovic vainqueur de Roland-Garros en 2016.

Crédit: AFP

Gagner à Paris, ça reste la chose la plus difficile pour moi en Grand Chelem
Mais Roland demeure son plus grand défi, et cela ne tient pas seulement à la problématique Nadal, même si le guerrier espagnol constitue une part très importante de l'équation. "Gagner à Paris, ça reste la chose la plus difficile pour moi en Grand Chelem, juge-t-il. Regardez l'année dernière. Ma deuxième semaine (il avait été mené deux sets à rien en huitièmes contre Musetti et en finale face à Tsitsipas et avait livré deux grosses batailles entre les deux contre Berrettini et Nadal, NDLR). Ce sont probablement les quatre matches et les sept jours les plus compliqués de toute ma carrière sur la route d'une victoire en Grand Chelem."
Jusqu'ici, il s'est promené dans cette édition 2022. Maintenant, Nadal est de retour sur son chemin et le temps où le Majorquin faisait figure d'épouvantail face à lui est sans doute révolu. Il est même sans doute légitime de considérer le Serbe comme légèrement favori. Parce qu'à travers ses deux victoires face à "Rafa" en 2015 et 2021, il a soldé les deux comptes qu'il traînait : le premier en battant enfin Nadal à Roland-Garros, le second en gagnant le tournoi en ayant battu l'Espagnol en chemin, ce qui n'avait pas été le cas lors de son premier sacre en 2016.
Cela ne garantit en rien que Djokovic expédiera son rival mardi soir tel un Schwartzman quarante-huit heures plus tôt. Ni même qu'il en sortira nécessairement vainqueur. Le souvenir de la raclée reçue en finale ici il y a un an et demi est encore ancrée dans sa mémoire, même s'il en a effacé une bonne partie des stigmates via sa superbe revanche de 2021. Mais si Djokovic doit céder dans ce quart de finale, ce ne sera pas en raison des traumatismes passés. Il est au-dessus de ça.
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