Lucas Pouille, qualifié pour le 1er tour à Roland-Garros : "Ce que j'ai vécu aujourd'hui, c'est au-dessus de tout"

Chaque année, Roland-Garros, c'est la promesse d'un été qui commence et de belles histoires. Des joueurs surgissent comme des comètes, d'autres disparaissent sans qu'on s'y attende. Des cœurs bondissent ou se brisent à mesure que la quinzaine s'égrène. Cette année, le tableau principal n'a pas encore démarré que la Porte d'Auteuil a déjà écrit l'une des belles pages de l'édition 2023. Cette fois, il est question de résurrection d'un homme que tout le monde croyait perdu. Retombé à la 670e place du classement, Lucas Pouille jouera bien le premier tour du Grand Chelem parisien. Ce jeudi, il a bouclé ses qualifications au terme d'une rencontre achevée dans les larmes.

Des sanglots qui disent tout des galères par lesquelles est passé l'ex-top 10 et demi-finaliste de l'Open d'Australie. Il lui a fallu surmonter l'agitation autour d'un match très chargé au cours duquel sa femme a fait un malaise. "C'est de la belle émotion, quand je vois toute ma famille, mes amis, les gens sur le court dans cet état-là à la fin du match, a-t-il raconté à l'issue de sa victoire face à Jurij Rodionov (134e mondial) en trois sets (1-6, 7-5, 6-0). C'est la libération, et toutes les émotions lâchent un peu. Les émotions étaient tellement fortes que je n'ai pas grand-chose à dire..."

Sur le court 14, loin du faste d'un Central dont il a connu les honneurs quand tout roulait, il a pourtant retrouvé les sensations des grands matches avec un public tout entier acquis à sa cause qui l'a porté et poussé à se remettre les idées à l'endroit après un premier set raté. C'est que le public français n'a pas oublié son ancien héros, celui qui lui a apporté sa dernière Coupe Davis il y a six ans un soir de victoire face à Steve Darcis. "2017, c'est très loin..., rembobine-t-il aujourd'hui. Ça fait tellement longtemps que ce que j’ai vécu aujourd’hui, c’est au-dessus de tout."

Pour celui qui a notamment battu Rafael Nadal sur le Central de Flushing Meadows, la confession peut surprendre mais elle permet de mesurer les épreuves qu'il a dû surmonter. Mais après des saisons de galère physique et psychologique, une dépression et des blessures à n'en plus finir, il a fallu mettre son ego de côté pour repartir de tout en bas. A 29 ans, l'âge du sommet plutôt que celui des abymes pour un sportif de très haut niveau, il a dû oublier les paillettes et reprendre son bâton de pèlerin.

"Tout ce pour quoi j'ai repris la raquette en fin d'année (2022), ça me conforte aussi dans l'idée que j'ai encore pas mal de choses à donner et à faire dans ce sport", estime Pouille avant de replonger dans le bain d'un Grand Chelem lui qui n'a plus passé le premier round d'un Majeur depuis sa défaite au deuxième tour de l'US Open 2021.

"Se qualifier en Grand Chelem, ça a toujours une bonne signification sur le niveau de jeu qu'on a, poursuit-il. Je suis extrêmement fier de moi, extrêmement heureux aujourd'hui, pour moi, et pour toutes les personnes qui m'aident depuis des mois à essayer de revenir. J'essaye de ne pas avoir de pensée sur les conséquences, ce que ce tournoi va m'apporter en termes de points, en termes d'argent, de tout ça. De profiter du moment et de kiffer." Voilà longtemps qu'il n'avait plus "kiffé". Place désormais au grand tableau. Roland-Garros ne lui a jamais vraiment réussi. Mais qui sait ? Aujourd'hui, Lucas Pouille a déjà réussi son pari et la Porte d'Auteuil tient déjà l'un de ses jolis souvenirs de l'année.