Roland-Garros 2023 | Carlos Alcaraz victime du stress : "Je me suis déçu"

On le croyait à l'abri de pareille mésaventure. Carlos Alcaraz avait tellement impressionné par sa capacité à enchaîner les thrillers en cinq sets lors du dernier US Open dans des "night sessions" endiablées qu'il semblait farfelu de s'inquiéter sur sa capacité à tenir la distance. N'avait-il d'ailleurs pas été le premier à vaincre Rafael Nadal et Novak Djokovic dans un même tournoi sur terre battue à Madrid l'an dernier après deux formidables combats sans jour de repos ? Certes, c'était au meilleur des trois manches. Mais vu l'intensité de ces duels, sa résistance physique ne semblait pas pouvoir être remise en cause.

Alors quand le Murcien s'est arrêté net, la jambe raide, en début de troisième set face à Novak Djokovic en demi-finale de Roland-Garros, la première crainte fut naturellement la blessure musculaire. Un claquage, peut-être même une déchirure. Il n'en était rien : Alcaraz a tout simplement été victime de crampes, comme il l'a confirmé après sa défaite.

"Honnêtement, ça a été vraiment dur pour moi. Je me suis déçu. J'arrivais sur ce match avec de bonnes sensations, en me sentant super bien physiquement, et j'ai crampé à la fin du deuxième et au début du troisième sets, a-t-il reconnu. Les deux premiers sets étaient vraiment, vraiment intenses et j'ai commencé à sentir des crampes au niveau du bras. Au début du 3e set, ça a commencé à venir de partout dans mon corps, pas seulement les jambes. C'était vraiment dur pour moi de bouger."

Cela ne faisait pourtant qu'un peu plus de deux heures que l'Espagnol et le Serbe s'étripaient consciencieusement. Connaissant le réservoir d'énergie de "Carlitos", la panne sèche a de quoi étonner. Alors le stress a-t-il joué comme le supposait notamment Nick Kyrgios ? Le Murcien n'a pas évité le sujet, très sincère là où d'autres auraient peut-être caché la vérité. "J'ai commencé vraiment nerveux. Et toute cette tension accumulée dans les deux premiers sets, c'était vraiment intense. Il y a eu vraiment de bons et durs échanges avec des amorties, des sprints. C'est un mélange de beaucoup de choses. Mais la tension était la raison principale."

Et la raison de cette excessive nervosité a un nom : Novak Djokovic. L'aura du Serbe, vainqueur désormais de ces 20 derniers matches en Grand Chelem, sa maîtrise du format long, l'enjeu d'une telle affiche qui pouvait symboliser un passage de témoin ont visiblement trop pesé dans l'esprit d'Alcaraz. Le phénomène espagnol, qui semblait prêt à négocier un tel choc à en croire son entraîneur Juan Carlos Ferrero, s'est fait manger mentalement par le monstre.

"Ce n'est pas facile de jouer contre Novak, vous savez. C'est la vérité. La prochaine fois que je l'affronterai, j'espère que ce sera différent, mais il y aura toujours de la nervosité. Je ne m'étais jamais senti comme ça", a-t-il encore avoué. S'il reste un phénomène de précocité, Alcaraz s'est attaqué à une légende vivante de son sport et il s'est pris le mur de plein fouet.

Pour la première fois peut-être depuis sa défaite face à Hugo Gaston en huitième de finale à Bercy où il s'était laissé impressionner par un public survolté, "Carlitos" a fait son âge. Et ce même s'il a mis un point d'honneur à terminer la partie, contrairement à Lorenzo Musetti il y a deux ans contre le même Djokovic. Alcaraz s'est déçu, donc. Mais il y a fort à parier qu'il en tirera les leçons. Après chaque échec – et ils sont rares –, il y parvenu avec brio.