Roland-Garros 2023 | Karolina Muchova : "Iga Swiatek est numéro 1 mondiale et j'étais si proche…"

Elle a décidément quelque chose de spécial. Invaincue en cinq matches face au Top 3 avant cette finale, Karolina Muchova a certes vu sa série s'arrêter face à Iga Swiatek samedi en finale de Roland-Garros. Mais elle n'a pas à rougir de sa performance, bien au contraire. Alors qu'elle aurait pu encaisser une défaite sèche face à la Polonaise en mode rouleau compresseur pendant un set et demi (6-2, 3-0), elle n'a pas dévié de son plan de jeu offensif et a fini par faire douter sa rivale, à tel point qu'il ne lui a pas manqué grand-chose pour créer la sensation comme en demie contre Aryna Sabalenka.

"J'étais un peu lente en début de match, et Iga a l'habitude de commencer super bien ces matches. Quand elle déroule, elle est difficile à arrêter. Mais j'ai essayé de continuer à jouer en changements de rythme pour la perturber et le débreak en début de deuxième set m'a lancée, a-t-elle détaillé en conférence de presse. Dans le troisième, il n'y avait pas de grande différence entre nous, nous avons eu des opportunités toutes les deux, et je ne les ai pas aussi bien utilisées qu'elle."

Muchova jouait à 26 ans ce samedi sa première finale en Grand Chelem, un événement et une pression toujours difficile à gérer. Mais à cette altitude, elle s'est sentie parfaitement à son aise. Certes, il y a donc eu ce début de partie difficile, mais son attitude, son calme et sa détermination sur la longueur ont été autant de preuves de sa stabilité émotionnelle et mentale. Elle ne s'est pas laissée manger ni par l'occasion ni par l'aura de Swiatek dont la domination sur terre battue a pourtant de quoi impressionner.

"Je ne me suis en fait pas sentie si nerveuse, a-t-elle confirmé. Non, pas vraiment. J'ai essayé de me concentrer. Je savais que je jouais pour un grand trophée, mais je n'ai pas laissé ça m'atteindre. J'ai juste essayé de jouer comme je le fais toujours, que ce soit un 1er tour ou une finale. Je crois toujours en mes chances en Grand Chelem, c'est juste que je n'avais jamais joué une finale. Donc, j'ai toujours eu cette confiance, mais le fait d'y être parvenue, ça me fait chaud au cœur."

Et d'ajouter : "C'est bon pour la confiance. Ça me prouve que je suis capable de le faire, d'avoir de gros résultats. J'essaierai bien sûr de me retrouver dans cette position à nouveau et de me battre pour le titre. Je pense que je peux le faire et je ferai de mon mieux dans les deux derniers Majeurs de l'année et l'année prochaine à Roland."

Ce n'est donc pas sur le plan mental que Muchova a cédé. Elle a même semblé supérieure dans ce domaine à Swiatek qui a douté quasiment jusqu'au bout. Son tennis-champagne a enflammé le court Philippe-Chatrier et son élan a semblé si irrésistible en début de troisième set et même jusqu'à 4-3, service à suivre qu'une certaine frustration pourrait être légitime. Mais physiquement, la Polonaise était plus forte et Muchova l'a reconnu.

"A 4-3 dans le troisième, je ne me disais pas qu'il me restait deux jeux pour gagner un Grand Chelem. Je voulais avant tout soigner mes premières pour obtenir des points rapidement. Ça n'a pas si bien marché, mais Iga a avancé et elle a joué un jeu de retour incroyable, elle ne m'a pas donné de points faciles. Je devais pousser encore et encore. C'était très serré. C'est la numéro 1 mondiale et j'étais si proche. Contre elle, quand vous avez une opportunité, il faut la saisir, parce qu'il n'y en aura peut-être pas d'autre. C'est pour ça qu'elle est numéro 1."

Il lui a donc manqué un petit rien. Mais une fois la déception digérée, Muchova pourra construire sur cette quinzaine, elle qui ne s'imaginait pas connaître sa première finale sur terre battue. Wimbledon et le gazon, particulièrement adapté à son jeu fait de délicieux slices et volées, arrivent. Elle y a déjà atteint deux quarts (2019 et 2021) et pourrait s'y présenter sans tournoi de préparation pour retrouver une certaine fraîcheur. Sa confiance y sera en tout cas plus forte que jamais avec un statut de tête de série (elle sera 16e lundi). Alors, vous n'avez sûrement pas fini d'entendre parler d'elle.