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Roland-Garros 2025 - Le Top 5 en Grand Chelem de Richard Gasquet : "Wawrinka à Wimbledon, c'est ma plus belle"
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Publié 28/05/2025 à 22:54 GMT+2
Ce mercredi, Richard Gasquet défie Jannik Sinner au 2e tour pour l'un des plus grands challenges de sa carrière. A 38 ans, le Biterrois a disputé trois demi-finales en Grand Chelem, butant systématiquement contre un membre du "Big 3". Pour Eurosport, il est revenu sur les cinq matches les plus marquants de sa carrière en Majeur. Sans les classer, juste avec ses souvenirs.
Richard Gasquet après sa victoire sur Wawrinka à Wimbledon en 2015
Crédit: Getty Images
C'était en décembre dernier, au CNO. Avant d'aborder la dernière ligne droite de sa carrière, qui vient de prendre fin ce lundi à Roland-Garros, Richard Gasquet avait accepté de se prêter au petit jeu de ses victoires mémorables en Grand Chelem. "Ces tournois, c'est autre chose quand même", avait-il d'ailleurs reconnu au moment de faire son choix. Il en a retenu cinq. Les voici, agrémentés de ses souvenirs personnels.
Roddick, match plié et puis…
Wimbledon 2007
Quart de finale
Victoire en cinq sets 4-6, 4-6, 7-6, 7-6, 8-6
Quart de finale
Victoire en cinq sets 4-6, 4-6, 7-6, 7-6, 8-6
Le contexte : Double finaliste à Wimbledon, menace potentielle de Roger Federer (avant de devenir une de ses victimes préférées), Andy Roddick est une référence sur gazon. Et même un peu plus que ça. Sa première balle – un "coup de fusil" selon Gasquet à l'époque – est une garantie autant qu'une arme de destruction massive. A 25 ans, l'Américain monte en puissance et n'envisage que la finale. Son début de match, d'ailleurs, va dans ce sens-là. Trop puissant, trop brutal, il mène rapidement deux sets à zéro, break dans la troisième manche. Le match est presque plié. Et puis…
Le souvenir de Gasquet : "Je ne sais pas trop ce qu'il se passe, comment ça bascule. Roddick, c'était vraiment un énorme joueur, il venait de gagner le Queens, c'était vraiment le meilleur serveur du monde. Deux sets à zéro, break Roddick pour mener 4-3, tu te dis "bon, ça va être difficile". Tu n'es pas loin de l'avion à ce moment-là. Mais là, il fait un mauvais jeu, un jeu bizarre donc je recolle à 4-4..
Je ne sais pas trop. C'est vrai que c'est incroyable. Roddick, c'était un énorme joueur, il avait gagné le Queen. S'il mène deux sets à zéro, 4-3 break. C'était un des plus grands serveurs du monde. Tu te dis, 'bon, ça va être compliqué'. Mais là, il fait un mauvais jeu. Je me souviens qu'il fait un jeu bizarre donc je recolle à 4-4. Je reprends espoir et, dans le tie-break, je joue hyper bien.
Je sens que je suis passé tellement proche de la défaite que je me dis : 'tiens, on ne sait jamais'. Ça peut revenir. Après, petit à petit, je remporte le troisième set, le quatrième… Et là, après, je sens que je suis plus fort que lui. Je le maîtrise. Du fond du court, il ne me fait plus mal. Mais le problème, c'est que je n'ai pas son service. Il faisait deux, trois aces par jeu, il tenait avec ça. Mais après, je me disais que si je tenais, si j'étais plus fort sur le cinquième set, que j'avais tout pour le faire, parce que je sentais que j'avais pris la maîtrise du match. Ça arrive. Il y a des fois où tu commences mal, ça ne va pas. Mais après, tu sens que tu es dans un état de relâchement alors que l'autre, en face, un peu moins. C'est mentalement que tu sens ces choses-là. Et là, c'était un match où je me sentais devant sur le cinquième set."
La suite pour lui : "Je me souviens que j'avais fini à 21h mais je ne savais pas trop comment gérer la suite. J'ai joué le lendemain à midi contre Federer, avec un temps pluvieux, rien à voir avec la veille. Je perds en trois sets (7-5, 6-3, 6-4). C'est un Grand Chelem… On voit dans cet enchaînement toute la difficulté de gagner ces tournois-là..."
Raonic, le millimètre qui change tout
US Open 2013
8e de finale
Victoire en cinq sets 6-7, 7-6, 2-6, 7-6, 7-5
8e de finale
Victoire en cinq sets 6-7, 7-6, 2-6, 7-6, 7-5
Le contexte : Voilà six ans que Richard Gasquet attend de retrouver les quarts en Grand Chelem. Plus mature, plus solide, il se heurte pourtant continuellement à un plafond de verre inexplicable. A New York, sous une chaleur étouffante, il défie un Milos Raonic en pleine ascension, qui finira par être finaliste de Grand Chelem et membre régulier du Top 10. Au combat, Gasquet survit comme il peut dans ce match avant une quatrième manche ou le Canadien semble prendre l'ascendant. Raonic s'offre une balle de match. Ratée. Sa chance est passée.
Le souvenir de Gasquet : "Il faisait une humidité de malade, c'était très dur à jouer. Mais bon, ce sont des matches de Grand Chelem, c'est parfois irrationnel. C'est cinq sets. Il a une balle de match au quatrième mais il la rate. Le tennis se joue parfois à une balle, à quelques millimètres. Et là, ce soir-là, ça a été le cas. Je crois que c'est un passing de revers raté.
Je me souviens que c'était le soir. À l'US Open, il y a du monde partout, il y a toujours beaucoup d'ambiance. Où que tu joues le soir, c'est fabuleux, il y a quelque chose de différent. Je me souviens d'un gros match avec beaucoup de monde. C'était un bon moment, une très belle victoire.
Contrairement à Roddick, je ne sentais rien, aucun moment où je suis vraiment supérieur. Il jouait très bien. C'était du 50-50. Même du fond de cours, je ne sentais pas que j'étais plus fort. Il aurait pu gagner ce match-là. Il était à un point du match. Mais c'est le tennis. Tu t'accroches, tu essaies de garder ton service, de ne surtout pas le perdre. Il faut juste tout donner pour aller jusqu'au bout de soi-même."
La suite pour lui : Tout simplement le meilleur résultat de sa carrière en Grand Chelem avec une qualification en demi-finale. En quart, il dominera l'une de ses bêtes noires, David Ferrer (voir plus bas), avant de céder face à Nadal aux portes de la finale.
Ferrer, enfin dans le bon sens
US Open 2013
Quart de finale
Victoire en cinq sets 6-1, 6-3, 4-6, 2-6, 6-3
Quart de finale
Victoire en cinq sets 6-1, 6-3, 4-6, 2-6, 6-3
Le contexte : Après la perf', un nouveau défi, autrement plus conséquent. Si Milos Raonic était un gros poisson, David Ferrer était une espèce encore plus imposante, a fortiori pour Gasquet. Avant ce duel, le Français présentait un bilan de 8 défaites pour une victoire face à l'Espagnol. Mais, à New York, Richie se rebelle.
Le souvenir de Gasquet : "Ferrer, c'était énorme. Il ne ratait pas une balle. Il était partout. C'était un énorme coup droit. C'était un joueur qui était très dur à jouer. Il a fait finale à Roland-Garros, des demies tous les tournois. Il était troisième mondial pendant je ne sais pas combien de saisons. C'était un des adversaires les plus durs à jouer. Encore plus à New York, avec l'humidité, la chaleur sur le Central. Donc oui, pouvoir le battre, c'est clair que c'était énorme. Surtout que c'était un match difficile.
Je me sentais bien cette année-là. Avant de ce match, je me disais : 'cette fois, je le gagne, c'est le moment de le battre. Tu es en forme, tu as battu Raonic. Tu fais une belle saison…' Je voulais commencer très fort et c'est ce que j'ai réussi à faire. Lui, à l'inverse, faisait des erreurs. Le début de match que j'avais fait lui avait fait mal.
Mais, le problème, c'est qu'il se bat. Il va tout donner. On sait que ça va être dur à finir. J'ai réussi à le faire au cinquième set. Quand il revient à deux sets partout, je me suis dit : "celui-là, il faut que je le gagne". J'avais perdu sur Wawrinka en 8e à Roland-Garros, avec 8-6 ou 9-7 au cinquième set. C'était une défaite qui avait été dure. Je me suis dit : "c'est un cinquième set. Cette fois, il est pour toi. Tu as fait Raonic il y a deux jours. Cette fois, tu refuses de perdre ce match-là."
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Richard Gasquet à l'US Open 2013
Crédit: Getty Images
La suite pour lui : Sans essence, il calera face à Nadal. "C'était deux matches très difficiles. Raonic et Ferrer à la suite, en cinq sets avec plus de 3 ou 4 heures de match. Le problème, c'est que le tournoi commence pour certains, explique-t-il. J'étais en demi-finale mais, si tu veux gagner, c'est Nadal pour jouer Djokovic en finale. Quand on y réfléchit, j'étais très loin de l'arrivée alors que c'était déjà un marathon."
Wawrinka, peut-être la plus belle
Wimbledon 2015
Quart de finale
Victoire en cinq sets 6-4, 4-6, 3-6, 6-4, 11-9
Quart de finale
Victoire en cinq sets 6-4, 4-6, 3-6, 6-4, 11-9
Le contexte : En forme, Gasquet s'offre deux performances consécutives face à Grigor Dimitrov au 3e tour puis Nick Kyrgios en 8e. Mais, en quart, il défie son pote Stan Wawrinka, qui a pris une autre dimension depuis 2014 et son sacre à Melbourne. La preuve, le Suisse sort d'une victoire exceptionnelle à Roland-Garros, son deuxième Majeur. Sur le papier, il est nettement favori. Mais dans les faits…
Les souvenirs de Gasquet : "Il sort de Roland-Garros, il a une aura énorme. Ce n'est pas n'importe qui et il est en quart. Mais, au fond, si j'avais une surface pour le battre, c'était sur herbe. C'était un énorme joueur mais c'était peut-être là où il pouvait le moins bien jouer. Pour mon jeu, je pense que c'est là où j'ai la plus de possibilités de le battre. C'est ce que j'ai réussi à faire. Il y a eu beaucoup d'échanges assez courts, j'ai essayé de monter au filet, d'être assez offensif parce que je savais que du fond du court…
Ça a été un match incroyable, avec des rebondissements dans tous les sens. Mais quand on est arrivé au cinquième, je me suis souvenu de Roland-Garros où il m'avait battu au cinquième, 9-7. Ça avait été énorme. J'avais super bien joué, mais j'avais quand même perdu. Je me suis dit que cette fois, j'allais essayer de le faire, d'avoir une revanche.
Dans le cinquième set, j'ai fait des coups énormes. Mais c'était un match ou tout aurait pu se passer. Il avait tout pour pouvoir gagner ce match. Mais, justement, c'est moi qui suis allé chercher le match, j'ai poussé assez loin au niveau physique et mental. C'est ça qui a fait la différence. C'est certainement ma plus belle victoire à Wimbledon."
La suite pour lui : Encore un membre du "Big 4". Malgré un premier set serré, Gasquet cède en demie face à Novak Djokovic (7-6, 6-4, 6-4) qui remportera le tournoi.
Le vomi face à Dimitrov
Roland-Garros 2012
Deuxième tour
Victoire en quatre sets 5-7, 7-5, 6-2, 6-2
Deuxième tour
Victoire en quatre sets 5-7, 7-5, 6-2, 6-2
Le contexte : Ce n'est évidemment pas la plus prestigieuse de ses victoires. A ces altitudes, difficile de laisser un souvenir. Pour autant, Grigor Dimitrov et Richard Gasquet vont marquer les esprits. Parce que les deux hommes, esthètes du circuit, vont se livrer un combat acharné en plus de trois heures. Et marqué par un point épique, en fin de deuxième manche, pour permettre à Gasquet de breaker. Après 36 coups de raquette, le Français conclut par un smash. Mais, plutôt que de célébrer, il se penche et vomit sur le court. En face, Dimitrov s'écroule et reste à terre, perclus de crampes. L'image restera.
Le souvenir de Gasquet : "Ce sont des images qui sont incroyables. C'est vrai qu'il y a eu un point où il était mort de crampes. Moi, j'ai vomi de mon côté. Ça ne se voit pas souvent. C'était un point énorme. On avait le même style de jeu, on jouait du fond de court avec beaucoup de balles liftées. Ce point-là, il restera gravé. Je n'ai jamais vu dans l'histoire un mec vomir et l'autre de l'autre côté au sol, en train de cramper comme un malade. C'est assez rare."
La suite pour lui : Un match de rêve face à Tommy Haas au 3e tour avec deux bulles infligées dans le troisième et quatrième set puis un 8e de finale face à Andy Murray. Malgré le gain de la première manche, il cédera en quatre sets face à l'Ecossais.
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