Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Sinner dans le Top 10 ? Osaka, une vraie patronne ? 10 questions pour une saison (2e partie)

Maxime Battistella

Mis à jour 08/01/2021 à 18:55 GMT+1

La saison reprend tout doucement cette semaine sur les circuits ATP et WTA, mais les vedettes sont encore en phase de préparation. A quoi ressemblera cette année 2021, sur laquelle plane encore l'ombre du coronavirus ? En dix questions, découvrez les principaux enjeux de cette saison. Deuxième partie ce vendredi avec notamment une interrogation sur la révélation probable de 2021.

10 questions pour une saison

Crédit: Eurosport

Qui de Medvedev, Tsitsipas ou Zverev peut ouvrir son palmarès en Majeur ?

La hiérarchie se resserre au sommet. La saison 2020, bien que largement tronquée, a confirmé la tendance entrevue en 2019 avec un acteur principal qui a brisé l’hégémonie du "Big 3" en Grand Chelem à l’US Open, Dominic Thiem. Derrière lui, ceux qui faisaient partie de la si attendue "Next Gen", Daniil Medvedev, Stéfanos Tsitsipas et Alexander Zverev, montrent les crocs pour passer à leur tour ce cap suprême.
Alors quid de leurs chances ? Zverev a touché du doigt son rêve l’été dernier à Flushing Meadows, cédant in extremis dans une finale irrespirable face à Thiem. Le grand "Sascha" a indiscutablement l’expérience nécessaire pour négocier de mieux en mieux ces grands rendez-vous. Le plus précoce des trois au plus haut niveau, il est le seul à avoir été sur le podium mondial (fin 2017) et celui qui a, actuellement, le palmarès le plus fourni (13 titres contre 9 à Medvedev et 5 à Tsitsipas).
picture

Roger-Vasselin : "S'il y a un nouveau vainqueur de Grand Chelem, j'aimerais que ce soit Medvedev"

Si prêt, et pourtant si loin. Zverev est aussi le plus difficile à lire et celui qui a fait le moins de progrès tennistiquement parlant ces dernières années. Sur le plan mental, il alterne le très solide et des moments d’égarement et de grande fébrilité. Comment réagira-t-il à son cruel échec new-yorkais auquel il a avoué souvent repenser ? C'est toute la question. Sur le plan technique pur, le jeu de Tsitsipas comporte d’ailleurs plus d’atouts, que ce soit dans sa capacité à varier ou à la volée. Son tennis complet devrait permettre au Grec de réussir sur toutes les surfaces. Il a toutefois connu une légère crise de croissance en 2020, même si à Roland-Garros, il a rallié sa deuxième demi-finale en Majeur.
C’est finalement Medvedev, impressionnant en fin de saison, qui tient peut-être la corde. Capable de faire le mur en défense comme d’enchaîner service-volée derrière son immense première balle, il sait changer son fusil d’épaule tactiquement dans les matches à fort enjeu et se mettre dans sa bulle malgré son caractère volcanique. Comme ses deux collègues, il s’est adjugé le Masters, mais lui l’a fait en s’offrant le Top 3 mondial Djokovic-Nadal-Thiem à Londres. Il a aussi déjà connu une finale à l’US Open 2019 où il avait fait trembler Rafa. Aussi bien mentalement que physiquement, Medvedev est celui qui présente le moins de failles à l’heure actuelle pour viser le Graal.

Le circuit WTA aura-t-il enfin une vraie patronne ?

C’est un serpent de mer, mais il est inévitable. Depuis le dernier titre du Grand Chelem de Serena Williams à l’Open d’Australie 2017, 11 joueuses différentes ont triomphé lors des 14 Majeurs suivants. Sur la même période, seul Dominic Thiem a osé perturber à New York l’été dernier (dans des conditions particulières dues au coronavirus qui plus est) le règne sans partage du "Big 3". Entre les deux circuits, masculin et féminin, le contraste est donc saisissant.
Et la WTA souffre indubitablement d’un déficit de "stars" pour la représenter face aux trois mastodontes de l’ATP. Ce manque de leadership a aussi ses bons côtés : le suspense quant au résultat final est souvent préservé jusqu’au bout et cette hiérarchie mouvante fait la part belle aux surprises, Iga Swiatek est la dernière en date à en avoir profité. Mais la situation actuelle n’est pas forcément condamnée à perdurer. Car si les numéros 1 mondiales ont souvent changé d’identité au cours des trois dernières années, une seule joueuse a réussi à gagner trois tournois du Grand Chelem pendant cette période : Naomi Osaka.
picture

Cornet: "Ça doit être fabuleux de passer une journée dans la tête d'Osaka"

De là à dire que la Japonaise sera forcément la patronne en 2021, il y a un pas que nous ne franchirons pas. Chat échaudé craint l’eau froide. En triomphant coup sur coup à New York et à Melbourne fin 2018-début 2019 – ce qui lui avait permis de devenir numéro 1 –, Osaka s’était déjà affirmée comme l’héritière la plus probable de Serena, avant de rentrer dans le rang, perturbée par ce nouveau statut. Depuis, elle a eu le temps de s’y faire et se sent de mieux en mieux dans sa peau de championne, n’hésitant pas à l’utiliser pour faire passer des messages forts sur le plan politique.
Néanmoins, elle manque un peu de patience parfois pour construire les points, notamment sur terre battue où elle ne s’épanouit pas encore. Le talent et la jeunesse d’une Bianca Andreescu (si toutefois son corps la laisse tranquille), la variété du tennis d’Ashleigh Barty, actuelle numéro 1 mondiale, l’avènement de Sofia Kenin ou encore la pugnacité de Simona Halep ont de quoi lui donner du fil à retordre. Sans oublier la résistance des "mamans flingueuses" Serena et Victoria Azarenka. Plus sûrement qu’une reine absolue, un noyau dur au Top du tennis féminin a toutes les chances de se constituer, rendant les batailles futures pour le trône passionnantes.
picture

Un match, un masque : quand Osaka fait passer des messages contre les violences policières

Jannik Sinner surgira-t-il dans le Top 10 dès cette année ?

La question sent l’enflammade. Et pourtant… C’est peut-être parce que Jannik Sinner lui-même n’est pas du genre à s’enflammer, d'une concentration et d’une application phénoménales pour son jeune âge (il n’a que 19 ans), qu’on est en droit de se la poser. Malgré un exercice 2020 largement perturbé par le coronavirus et un classement gelé qui protège avant tout les meilleurs, la progression de l’Italien reste constante et rapide surtout.
Alors qu’il pointait à la 78e place mondiale au début la saison passée, il affiche désormais le matricule 37. Déjà très performant en indoor et en deux sets gagnants fin 2019, il a pris une autre dimension dans les rendez-vous majeurs. A l’automne, il est devenu le plus jeune joueur à atteindre les quarts de finale à Roland depuis un certain Rafael Nadal en 2005. Sur son chemin, il s’est d’ailleurs offert le luxe d’éliminer Alexander Zverev qui sortait pourtant d’une finale à l'US Open.
picture

Pas encore 20 ans et déjà tout d'un grand : Sinner est allé chercher le titre au mental

Du côté de la Porte d’Auteuil, sa puissance naturelle et la propreté de ses frappes ont émerveillé ceux qui ne le connaissaient pas encore. Et s’il a dû baisser pavillon contre le maître des lieux, Sinner est celui qui a donné le plus de fil à retordre à "Rafa". Ajoutez à cela 3 victoires sur des Top 10 et vous comprenez que le gamin n’est pas effrayé quand le niveau s’élève. Il a enfin conclu l’année en fanfare, s’adjugeant le premier titre de sa carrière à Sofia. Un point de passage pas encore atteint par Félix Auger-Aliassime (malgré 6 finales).
Sinner a donc cet avantage de ne pas avoir à rechercher de déclic, contrairement au Canadien. Et comme lui, il possède toute la panoplie d’un joueur professionnel ambitieux – sérieux, travail et talent – bien couvé par son coach expérimenté Riccardo Piatti, avec une marge de progression en défense ou sur le plan physique. En Australie (battu au 2e tour en 2020), à l’US Open (sorti au 1er tour) ou encore à Wimbledon, il aura de gros points à aller chercher en Grand Chelem. Sans oublier les Masters 1000 où il n’a pas encore brillé. A ce rythme, il ne serait pas surprenant de le voir vite débarquer dans le gotha. Le défi sera alors de s’y installer pour longtemps.

La saison 2021 marquera-t-elle la fin de la génération "Masters" du tennis français ?

Le nom choisi pour les désigner peut surprendre, nous en convenons. Mais il l’a été pour éviter de ressortir une énième fois l’expression de "nouveaux Mousquetaires" qui aura pesé bien vite et trop sur leurs épaules. Quoi qu’on en dise, et malgré l’absence de titres en Grand Chelem, Jo-Wilfried Tsonga, Richard Gasquet, Gaël Monfils et Gilles Simon auront fait la pluie et surtout le beau temps du tennis tricolore pendant plus d’une décennie. Tous les quatre ont été membres du Top 10 et ont joué le Masters, ce qui donne une idée du niveau atteint par cette génération. Mais à 30 ans passés depuis un certain temps désormais, l’heure de passer la main se rapproche inéluctablement.
La plupart ont d'ailleurs perdu du terrain au classement. Au premier rang desquels Tsonga, actuel 60e joueur mondial, qui a longtemps été le leader de la bande. Le plus titré des quatre (18 trophées), seul finaliste en Majeur (Open d’Australie 2008) et vainqueur en Masters 1000 (Paris-Bercy 2008 et Toronto 2014), le Manceau a vu l’enchaînement des pépins physiques restreindre ses ambitions ces dernières saisons. Forfait à Melbourne, la question de sa fin de carrière se pose avec de plus en plus d’insistance.
picture

Tsonga : "Mon corps commence à être bien usé"

Tsonga a néanmoins prouvé, en 2019 surtout, qu’il pouvait encore surprendre en indoor et au meilleur des 3 sets. Suffisant pour le convaincre d’insister au-delà de 2021 ? On peut en douter. Pour Gasquet, 47e à l’ATP, le constat est sensiblement le même. Et si le Biterrois reste passionné comme au premier jour, il a lui-même déclaré que cette saison pourrait bien être sa dernière. Gilles Simon (64e), le plus âgé des quatre – il vient d’avoir 36 ans –, a montré qu’il avait de beaux restes l’automne dernier à Cologne notamment.
Mais le temps fait son œuvre et les idées de reconversion ne manquent pas pour cet analyste fin du jeu. Il a récemment déclaré qu’un potentiel rôle de capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis ne serait pas pour lui déplaire, et en a déjà eu un aperçu lors de l’ATP Cup 2020 quand Gaël Monfils l’avait désigné pour mener la sélection française. "La Monf’", justement, est peut-être l’exception de cette génération. S’il a mal fini le dernier exercice, il reste un numéro 1 tricolore ambitieux (11e mondial) et espère bien jouer encore quelques saisons. Son cas particulier ne saurait toutefois à lui seul inverser la tendance : il sera difficile dans l’immédiat d’assurer leur relève.

Quelle sera la révélation de la saison ?

Nous entrons ici dans le domaine du pari et de la projection. A l’image d’un Jannik Sinner en 2020 ou d’un Félix Auger-Aliassime en 2019, qui crèvera l’écran en 2021 parmi les jeunes talents du circuit ? Si on s’en tient aux dynamiques les plus impressionnantes dans les derniers mois de compétition en dehors du Top 100, deux noms se détachent : ceux de l’Espagnol Carlos Alcaraz et de l’Italien Lorenzo Musetti.
Tous les deux ont impressionné à l’automne sur une surface en particulier : la terre battue. A seulement 17 ans, Alcaraz compte déjà 3 titres en Challenger. Avant lui, seulement 4 autres joueurs avaient fait aussi bien à cet âge précoce : Novak Djokovic, Richard Gasquet, Juan Martin Del Potro et Félix Auger-Aliassime. Le droitier espagnol est donc en avance sur les temps de passage de son idole Rafael Nadal. C’est à Rio en février dernier qu’il a d’ailleurs remporté sa première victoire sur le circuit ATP après une bataille féroce (3h36 de jeu) face à son compatriote Albert Ramos Vinolas, alors 41e à l’ATP.
picture

Jeu, Set et Maths : Lorenzo Musetti et ses chiffres fous face au top 100

Au classement justement, la progression d’Alcaraz est fulgurante : il est passé de la 490e à la 141e place mondiale au cours d’une saison pourtant amputée de moitié. Doté d’un mental déjà très solide et d’un jeu agressif, d’une ambition assumée – il rêve de devenir numéro 1 mondial –, il vise le Top 100 à court terme. L'objectif est raisonnable d’autant qu’il bénéficie des conseils précieux de son coach Juan Carlos Ferrero, ancien vainqueur de Roland-Garros, pour entretenir sa belle dynamique.
Treize places devant lui, Musetti (128e mondial) a enthousiasmé lors du Masters 1000 de Rome où il s’est offert successivement de sacrés noms – Stan Wawrinka (auquel il a infligé une bulle) et Kei Nishikori – après être sorti des qualifications. Dans le sillage d’un tennis italien décidément très prolifique en ce moment, il a fait des merveilles notamment grâce à son revers à une main. Dans la foulée, il a confirmé en gagnant à Forli en Challenger et a atteint sa première demie sur le circuit ATP en Sardaigne. Son aîné Sinner considère même que Musetti est plus "talentueux" que lui. Ça promet.
picture

Un mental à la Nadal, un jeu à la Federer : voici Carlos Alcaraz

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité