Tsonga "déçu" et déterminé

"Il y a une ou deux semaines, la course au Masters ne me titillait pas trop. Mais, maintenant, je n'ai que ça dans la tête", lance Jo-Wilfried Tsonga. Comme l'année dernière la perspective de gagner son billet au dernier moment le stimule : "Faut que je fasse péter un gros truc à Shanghai ou à Bercy parce que je vois bien que les Söderling, Verdasco ou Davydenko scorent en ce moment. Je suis dos au mur et j'aime ça. Si jamais j'arrive à Bercy avec la possibilité d'aller au Masters, ça va être génial. La salle va être chaude bouillante et mois avec. Ça m'excite rien que d'y penser." Cela ne l'empêche pourtant pas de pense à jouer Lyon, où il n'aura rien à gagner sinon la gloire, puisqu'il s'agit d'un tournoi ATP 250 et qu'il a déjà obtenu les deux meilleurs résultats requis dans cette catégorie (victoires à Marseille et Johannesbourg)*.

Non ! répond l'intéressé. "Tennistiquement, je ne suis pas meilleur". Oui, conteste son propre entraîneur, Eric Winogradsky, dans un encart publié le même jour dans l'Equipe. "Quand il dit qu'il n'a pas progressé, je suis plus mesuré. Jo est tellement perfectionniste qu'il n'a peut-être pas envie de se jeter des fleurs.. Or il sait faire plus de choses aujourd'hui qu'il y a un an. Ou plutôt, il savait les faire, mais il les fait mieux. Je pense surtout au jeu de transition entre la défense et l'attaque. Avec son revers slicé, il temporise de mieux en mieux avant d'attaquer en coup sec. Il se sert d'avantage de son coup droit bombé pour revenir dans le terrain et attaquer. Entre ce que son chip de revers est aujourd'hui et ce qu'il était il y a un an, y'a pas photo."

L'inventaire est assez significatif. "Wino" évoque également le changement de raquette décidé juste avant Roland-Garros. C'est peut-être ce qui fait autant relativiser le Français, "déçu" de n'avoir pas réussi en Grand Chelem : "J'ai calé chaque fois au moment où ça devait basculer. Quand c'était LE moment, je n'ai pas su devenir un autre". "Je est un autre" disait Rimbaud qui visait le dérèglement de tous les sens. Ce n'est pas en dérèglant le jeu de ses adversaire qu'il arrivera à se transcender, c'est en restant lui-même sous-entend Winogradsky, qui le connaît si bien. Il rappelle d'ailleurs un moment crucial de la saison : les trois victoires en trois matches en Coupe Davis lors du match de barrage contre les Pays-Bas (4-1). "Il va en tirer des certitudes", assure Eric.

Là où les deux hommes sont définitivement d'accord, c'est sur la programmation. "J'ai appris énormément sur la gestion d'une saison". Tsonga comprend mieux comment son organisme réagit aux exigences d'une saison complète. Lui qui n'a que deux saisons et demi derrière lui, et deux saisons tronquées par les blessures. L'année prochaine, il ne disputera que 19 ou 20 tournois plutôt que 25.

JWT ne se voit pas autrement que top 5 avec des résultats en Grand Chelem et en Coupe Davis. S'il constate que l'on donne la priorité à cette épreuve en France et que ce n'est pas forcément compatible avec le calendrier des meilleurs (il cite Federer ici), il est clair sur le sujet : "Une sélection pour son pays, cela ne se refuse pas. Ensuite, je suis persuadé qu'on va la gagner. Je le sens." Intuitif sur le court, calculateur en dehors (pour son calendrier), voilà le Tsonga 2009. Première info pour 2010: il ne fera pas la saison australienne. Abu Dhabi (exhibition), Doha, Kooyoong (exhibition) puis l'Open d'Australie, "pour arriver comme un avion".