Ugo Humbert fait le bilan de saison 2024 : "L'objectif de finir au Masters a créé une sorte de petit burn-out"

Ugo Humbert : Ma régularité. Le fait d'avoir réussi à rester dans le top 20 tout au long de l'année veut dire que j'ai fait une saison pleine où j'ai été très constant. Il y a eu deux titres, et puis la finale à Bercy. Finir la saison comme ça, c'était vraiment incroyable.

U.H : Oui, c'est ce que j'aime aussi chez moi, c'est que je ne suis pas le plus rapide mais chaque année je progresse. J'apprends sur moi chaque année, j'ai quand même maintenant pas mal d'expérience, donc j'apprends de plus en plus à me connaître. C'est aussi pour ça que je travaille avec la psychologue, on essaye d'enlever pas mal de barrières, donc ça se fait petit à petit, il faut juste être patient, mais il y a beaucoup de progrès.

U.H : Oui, je me sentais moi-même à 100%. C'est pour ça que j'ai parlé sur le cours, d'habitude je le fais intérieurement, mais là je sentais que je n'étais pas tout seul, que j'avais des solutions. Et puis de partager ça avec le public, c'était incroyable. Il y a quasiment 5000 personnes qui sont derrière toi… Franchement, à tous mes matches, j'ai eu des frissons. Donc j'ai essayé de leur partager au maximum.

U.H : En termes de niveau de jeu, il y a eu plein de matches où j'ai eu la sensation que rien ne pouvait m'arriver. Mais ce ne sont pas ces matches-là que je garde. C'est aussi ce que je ne comprenais pas avant. A l'époque, j'espérais bien me sentir pendant un match, que tout rentre, que je tape parfaitement pour pouvoir gagner. Mais, au final, dès que ça n'allait pas trop bien, que les conditions n'étaient pas top, je n'avais pas de plan B. Cette année, il y a eu pas mal de matches où je n'étais pas bien, où je tapais mal, et j'ai réussi à trouver des solutions, à m'en sortir et à me sentir de mieux en mieux.

U.H : Hurkacz, à Dubaï, en quart de finale, je tapais très mal, j'étais nerveux. Mais, au fur et à mesure du match, je me suis dit 'allez, tu te bats à chaque point, tu te donnes à fond, et au fur et à mesure, ça s'est passé de mieux en mieux, j'ai sauvé des balles de match, et je me retrouve deux jours après à soulever le titre. Il y en a eu quelques-uns, ils sont tellement importants. Parfois, tu n'es pas à 100%, tu ne te sens pas forcément bien, mais tu te dis 'fais l'effort, parce que si tu passes aujourd'hui, peut-être que demain, ça ira mieux'. C'est pour ça qu'il ne faut jamais lâcher. Pour moi, la chose la plus importante, c'est l'état d'esprit que tu as quand tu arrives sur un cours de tennis. Il y a ton adversaire qui peut très bien jouer aussi. Toi, tu peux faire une excellente partie et perdre. D'autres fois, tu peux jouer un peu moins bien, mais juste avec le cœur, l'envie et les tripes, tu arrives à trouver des solutions, tu arrives à t'en sortir, et c'est ça qui est beau dans le tennis.

U.H: Je suis capable de très bien jouer sur terre, je me suis prouvé ça aussi à Monaco. C'est bien pour moi parce que ça me met moins de pression sur le fait que je suis capable de jouer pleinement tout au long de l'année. Même sur terre battue, je suis capable de gagner des matches, de gagner des points ATP. Ma première saison, j'ai gagné 20 points par ci par là sur terre battue donc j'arrivais sur le gazon, qui est ma meilleure surface, avec un peu plus de pression. Je me disais 'là j'ai vraiment intérêt à gagner'. Maintenant, c'est mieux, je suis un peu plus tranquille.

U.H : En termes de jeu, je pense que ma base est vraiment très solide. Avec Jérémy, on a quand même bien construit mon identité de jeu, je suis quelqu'un d'agressif, qui essaie vraiment de prendre le jeu à son compte. Je suis capable de faire des points des deux côtés, coup droit comme revers, j'ai une super qualité de balle…. Après, je pense que je peux encore progresser sur le jeu vers l'avant, sur le jeu au filet. Et puis après, je pense que physiquement, il faut que je passe aussi un cap. Ça va m'aider sur mes coups de défense, pour revenir un peu plus de fois dans le point. Ce sont vraiment des objectifs importants.

U.H : Je m'étais donné beaucoup d'objectifs de résultats : gagner un gros titre, donc un 500 ou un 1000. Faire mon meilleur résultat en Grand Chelem aussi. J'ai bien commencé la saison, au point d'être dans le top 10 à la Race donc je m'étais mis comme objectif de finir au Masters. C'est quelque chose que je n'ai pas du tout bien géré. Après Monte-Carlo, j'étais encore dans les temps mais je ne me préparais plus pareil. Ce n'est pas la même dynamique, tu regardes les classements, tu regardes les résultats des gars, tu arrives sur les 30, tu es un peu plus nerveux.

Donc je pense que je me suis un peu cramé là-dedans. Dans la tête, ça ne m'a pas fait du bien. En Asie puis aux Etats-Unis, j'étais cramoisi, je n'en pouvais plus. J'avais une sorte de petit burn-out, je n'avais plus envie de jouer. Et puis la Coupe Davis m'a fait du bien, et là j'ai changé d'état d'esprit. Je me suis dit 'de toute façon, ton objectif, c'est fini, tu ne pourras pas aller au Masters. Donc donne-toi à fond sur chaque balle et puis on verra bien ce que ça donne à la fin. Et sur la fin, je fais finale à Tokyo et finale à Bercy donc il faut que je garde cet état d'esprit.

U.H : Comme ça, j'aurais dit la finale à Bercy parce que ça aurait été mon plus gros titre. Au final, je n'ai pas de regrets sur cette finale parce que j'étais mort et lui était monstrueux, il a super bien joué, donc je n'ai pas eu d'occasion particulière pour avoir une chance de gagner. Mais si le mage est gentil, il me fait récupérer un peu plus avant de jouer la finale, je signe. Peut-être que ça aurait été différent…

U.H : La volée de Roger, pour finir les points.

U.H : Grigor Dimitrov volleye très bien. Richard aussi !

U.H : Aucune. En fait, j'adore ressentir tout type d'émotions, même celles qu'on peut penser négatives. Par moment, c'est aussi quelque chose de positif, parce que si tu l'utilises ensuite pour essayer de travailler quelque chose, peut-être que ça va te motiver encore plus pour faire encore d'autres efforts. Je suis comme je suis.