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Un tournoi au rabais ? Bienvenue au Masters... 750 de Miami

Laurent Vergne

Mis à jour 24/03/2021 à 14:00 GMT+1

MASTERS 1000 MIAMI – Indian Wells reporté à… on ne sait quand, Miami accueille à partir de mercredi le premier Masters 1000 de la saison. En termes de plateau, on serait pourtant presque plus proche d'un ATP 500. Djokovic, Nadal, Thiem, Federer et la moitié du Top 15 ont décidé de ne pas se rendre en Floride, la plupart pour éviter les lourdes contraintes actuelles imposées par le Covid.

Le Hard Rock Stadium de Miami en 2019.

Crédit: Getty Images

Il y a un an, le Masters 1000 d'Indian Wells avait marqué le coup d'envoi d'une série d'annulations dans le monde du tennis et même celui du sport, puisque le tournoi californien avait été le premier rendez-vous majeur à subir les affres de la pandémie du Covid-19. Douze mois plus tard, le tennis circus tente de suivre son chemin comme avant, mais rien n'est simple. Indian Wells a été renvoyé aux calendes grecques et Miami se voit décapité comme rarement. Comme pour rappeler que s'il y a de la vie sur le circuit, le retour à la normale est loin d'être effectif.
Si retour au monde d'avant il y a à Miami, c'est au monde d'avant... le Big 3. Le tournoi floridien restera comme le premier à se tenir sans Roger Federer, Novak Djokovic et Rafael Nadal, au moins un des trois géants du tennis moderne, depuis Bercy 2004, quand le Serbe avait 17 ans et l'Espagnol 18. Ce n'est donc pas tout à fait anodin. Nadal a mal au dos. Quant à Federer et Djokovic, ils ont estimé que le jeu n'en valait pas la chandelle, compte tenu du protocole sanitaire. Ils ont préféré rester en famille et attendre tranquillement le début de la campagne européenne sur terre battue.

Personne n'est vraiment à blâmer

Au-delà des trois monstres, cinq des dix premiers mondiaux ont décidé de faire l'impasse. Sept des quinze premiers. Dix des vingt-cinq premiers. Dominic Thiem, lui aussi, a choisi l'impasse. Si l'on ajoute Wawrinka et Murray, les vainqueurs des 24 derniers tournois du Grand Chelem sont absents. Probablement du jamais vu pour un tournoi de cette envergure. C'est donc un drôle de Masters 1000 qui s'annonce. Au rabais ?
Le plateau ressemble, c'est vrai, davantage à un "Super 500" qu'à un Masters 1000. Va pour un Masters 750, innovation involontaire du directeur James Blake et de son équipe. Chez les dames, les dégâts sont heureusement bien moindres, puisque seule Serena Williams fera faux bond dans le Top 20. Mais aux Etats-Unis, l'absence de la superstar américaine en vaut une poignée d'autres. L'annonce du forfait de Serena, ce week-end, a donc été perçue comme un nouveau coup dur.
On peut déplorer la situation, la trouver un peu triste, mais personne n'est vraiment à blâmer. Ni les patrons de tournoi, qui font ce qu'ils peuvent, entre craintes des joueurs et joueuses et contraintes locales, ni ceux qui décident de rester à la maison. "J'ai décidé de rester avec ma famille, avec toutes les restrictions, je dois trouver un équilibre entre mon temps sur le tour et celui passé à la maison", avait expliqué Djokovic au moment de son forfait. Ce qu'il était prêt à faire pour un titre du Grand Chelem, à savoir partir loin de chez lui et des siens en Australie, le Serbe n'est pas prêt à le faire pour un Masters 1000. Et la réflexion vaut pour beaucoup.
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Pas de Novak Djokovic à Miami.

Crédit: Getty Images

Pesanteurs et sacrifices

Sans un objectif très précis, il n'est pas simple de trouver, semaine après semaine, la motivation pour se rendre à tel ou tel endroit du globe. Il y a peu, Nicolas Mahut nous confiait ainsi que, sans la carotte de la qualification pour les Jeux, qu'il ne veut absolument pas rater, il ne serait sans doute pas allé à Miami pour y jouer le double. D'autres préfèrent carrément mettre la flèche pour un temps.
On nous dira que les joueurs et les joueuses de tennis ne sont pas les plus à plaindre sur cette planète, ni dans l'absolu ni dans le contexte précis de cette pandémie. C'est vrai, mais il n'en reste pas moins que les conditions d'exercice de leur métier depuis des mois oscillent entre contraintes, pesanteurs, voire sacrifices, familiaux ou financiers. Pour certains, suivre le rythme classique du calendrier, d'un continent à l'autre, n'est plus tenable. Il n'y a pas à juger, à considérer cela bien ou mal. C'est un fait. Le tableau de Miami est là pour le rappeler au besoin.
Vendredi dernier, pensant à voix haute, Benoît Paire avait eu cette réflexion sur Twitter : "Je dis peut-être des conneries sous le coup de l’impulsivité mais quand je vois que le Masters 1000 de Miami va se jouer sans Roger, Rafa, Novak, Dominic, Gaël et Stan c'est qu'il y a un problème en ce moment sur le circuit." Franchement, pour reprendre ses propos, l'Avignonnais a sûrement dit des "conneries" plus grosses que celle-là, même si les quatre premières absences pèsent plus que les deux dernères dans le contexte actuel. Mais on a bien saisi l'idée, et elle est loin d'être bête.

Horizons et perspectives

Alors, que faire ? Nicolas Mahut, toujours lui, soulignait que la méthode australienne constituait sans doute la voie à suivre. Regrouper joueurs et joueuses en un même endroit et organiser plusieurs tournois. Passé le temps d'isolement, certes pénible, ils peuvent ensuite vivre à peu près normalement.
Mais ce modèle, possible autour d'un Grand Chelem (comme l'US Open l'an dernier avec Cincinnati joué à Flushing juste en amont du Majeur new-yorkais) est-il transposable aisément et durablement ? Fallait-il reporter Miami ? Et pour le mettre quand ? Dans deux semaines, tout le monde reviendra en Europe pour un trimestre entier. Les questions sont légitimes, les réponses loin d'être évidentes. Et le pari de Roland-Garros, dont les dirigeants avaient décidé l'an passé d'un commun accord avec eux-mêmes de déplacer leur tournoi de fin mai à fin septembre, s'était avéré payant mais ce type de décisions unilatérales n'est viable que quand elle est exceptionnelle.
Puis, après tout, on peut aussi voir le verre à moitié plein. Ce ne sera pas le Masters 1000 le plus relevé de l'histoire, pour manier l'euphémisme, mais c'est toujours mieux que pas de Masters 1000 du tout. D'autant que celui-ci, même avec une jauge réduite, se tiendra avec du public en tribunes. Et s'il sera différent, rien ne dit qu'il ne sera pas intéressant.
Chez les hommes, il ouvre des horizons, des perspectives et soulève des questions : Medvedev va-t-il jouer les patrons intérimaires avec autorité ? Zverev n'est-il pas en train de se lancer vers une saison très prometteuse ? Karatsev, après avoir secoué les Antipodes et dévalisé les Emirats, peut-il jouer les cyclones en Floride ? Et ainsi de suite.
Dominic Thiem, six mois après, se fout pas mal de savoir que Nadal ne soit pas venu à New York et que Djokovic s'en soit autoexclu. Il a gagné l'US Open, c'est tout ce qui compte. Il ne faudra surtout pas reprocher au vainqueur de ne pas avoir battu ceux qui ne sont pas venus. Sur le fond comme sur la forme, à Miami, si les absents n'ont pas forcément tort, les présents auront raison. Surtout celui qui ira au bout de ce Masters 750, premier et, espérons-le quand même, dernier du nom.
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Stefanos Tstisipas et Daniil Medvedev, deux des principales têtes d'affiche d'un Masters 1000 de Miami décapité par les absences.

Crédit: Getty Images

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