Suprématie russe

Face à une joueuse qui restait sur quatre tournois gagnés et 22 victoires consécutives, on ne donnait pas chère de la peau de Svetlana Kuznetsova. Pourtant, la jeune Russe de 19 ans est parvenue à se qualifier pour sa première finale en Grand Chelem. Si le mérite lui en revient largement, il faut reconnaître que la blessure à la cuisse dont a été victime Lindsay Davenport a largement influé sur la rencontre. "Même si elle était blessée, son jeu n'a pas besoin de tant de mouvements que cela", tint pourtant à souligner Kuznetsova après la rencontre.

Après un premier set remporté haut la main, Davenport est apparue gênée dans ses déplacement, ce qui a permis à Kuznetsova de revenir dans la partie et de reprendre confiance. Le contraste était alors flagrant avec la 1ère manche, pendant laquelle la Russe avait vécu un véritable cauchemar. Au début du 3e set, Davenport eut beau sortir du court pour se faire bander la cuisse, rien n'allait empêcher Kuznetsova de créer la sensation. Malgré une nervosité compréhensible sur la fin, la 9e joueuse mondiale réussit un break décisif à 4-4 et s'imposa derrière sur un jeu blanc.

La Russe espère maintenant se faire un nom au même titre que ses compatiotes Myskina, Sharapova ou Dementieva. "Il me reste un match. J'essaie de rester concentrée. Je sais que les autres Russes attirent plus l'attention que moi. Si je fais mieux, tout le monde me remarquera." Pour sa part, Lindsay Davenport peinait après coup à cacher sa frustration. "Je suis simplement déçue de n'avoir pas eu l'occasion de perdre ou de gagner avec 100% de mes capacités", déclara l'Américaine.

Elena Dementieva a certainement remporté LE match de la quinzaine new-yorkaise. Complètement folle, la rencontre a atteint des sommets, aussi bien en terme de niveau de jeu qu'en intensité. Après deux sets, les spectateurs du Stadium Arthur Ashe n'avaient pourtant pas eu grand chose à se mettre sous la dent. Le temps de sortir acheter un hamburger et Elena Dementieva avait déjà remporté la première manche, en seulement 16 minutes. Impressionnante de puissance, la Russe avait en face d'elle le fantôme de Capriati. Heureusement pour le spectacle, l'Américaine repris pied dans le deuxième set tandis que Dementieva commettait davantage de fautes.

Les deux joueuses allaient alors s'engager dans un troisième acte qui restera à jamais dans les annales du tournoi. Long de 1h26, il fut parsemé de points tous plus incroyables les uns que les autres et de multiples rebondissements de situation. Les breaks se succédèrent dans un premier temps, puis Capriati sembla avoir fait le plus dur en prenant le service adverse pour mener 6-5.

C'était sans compter sur le courage de Dementieva, qui malgré la fatigue, fit preuve d'une audace exemplaire en attaquant en permanence jusqu'au bout. Comme face à Mauresmo au tour précédent, la Russe s'imposa au jeu décisif (7/5) sur un dernier revers gagnant long de ligne. Comme l'année dernière face à Justine Henin et comme en 1991 face à Monica Seles, Jennifer Capriati est éliminée en demi-finale de l'US Open après avoir servi pour le match.

Elena Dementieva : "Je sais que nous sommes beaucoup et que nous jouons très bien. Mais de voir une autre finale russe en Grand Chelem, après deux tournois du Grand Chelem déjà gagnés par des Russes, c'est formidable. Ca me paraît incroyable. (Vendredi en demi-finale), j'étais si fatiguée à la fin qu'il n'y avait plus de place pour la nervosité. Je pensais à chaque point. Je n'étais pas nerveuse du tout. Pourquoi l'aurais-je été ? Jusqu'à présent, le tournoi m'a bien réussi".

Jennifer Capriati : "Je savais qu'elle était une combattante, je savais qu'elle n'allait pas céder. Elle n'était pas en demi-finale pour rien. Mais pendant tout ce temps, j'ai gardé ma confiance, je pensais que j'allais gagner. Quand je suis revenue (au score), je pensais que j'avais pris le dessus. Cela n'a été qu'une question de quelques points par-ci par-là".