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Del Potro, le gratte-ciel

Eurosport
ParEurosport

Publié 15/09/2009 à 22:50 GMT+2

Juan Martin Del Potro a la tête dans les nuages. En conférence de presse, il avoue qu'il ne sait pas encore très bien ce qui lui arrive. L'Argentin, 21 ans dans 8 jours, est le plus grand vainqueur de l'ère Open (1.98m). Il est devenu un grand tout court, de Tandil à New York.

"JE NE SAIS PAS CE QUE JE FAIS ICI, J'ÉTAIS MEILLEUR AU FOOTBALL"
Quand l'Argentine déprime en regardant les pieds de ses footballeurs *, elle rêve en altitude avec les grands coups de raquette de Juan Martin Del Potro. Diego Maradona, sélectionneur du moment et idole définitive du pays, aurait peut-être pu compter sur le talent de Juan Martin, mais celui-ci a décidé, vers l'âge de six ans, de se consacrer au tennis. "Je ne sais pas ce que fais ici, quand j'étais jeune, j'étais meilleur au football qu'au tennis ", expliquait-il après sa victoire sur Rafael Nadal en demi-finale de l'US Open. C'est une blague, bien sûr. Del Potro adore le football, il y a joué au club Independiente dans sa ville natale Tandil, où on le comparait à un international Diego Marangoni pour sa taille, avant de se mettre sérieusement au tennis grâce à Marcelo Gomez, celui qui avait déjà accompagné Guillermo Perez Roldan, Mariano Zabaleta, Juan Monaco, Diego Junqueira et Maximo Gonzalez.
Avant de devenir le joueur le plus grand à remporter un tournoi du Grand Chelem (1.98m), Juan Martin a été un jeune remarqué pour sa taille. A 13 ans, il fait déjà 1.90m. Il est premier de la catégorie des 14 ans (en 2002) en Argentine, puis 9e seulement des 16 ans (2003), et 7e des 18 ans (2004). C'est en 2005 qu'il remporte ses premiers tournois Future (trois de suite en début d'année) et son premier Challenger (Montevideo). La bascule dans le circuit ATP se fait en 2006. Il entre dans le top 100 à 18 ans. Boca Juniors, le club dont il est fan, ne le verra jamais en équipe première.
*L'Argentine est en position de barragiste pour les qualifications de la Coupe du monde 2010
LA TOUR DE TANDIL NE PENCHE PLUS
Jusque-là, "Delpo" (ou encore Enano ou Palito, ses autres surnoms) suivait également un cursus scolaire avec un penchant pour l'architecture. On ne sait pas ce qu'en pense Marc Mimram, qui a conçu le plan d'extension de Roland-Garros, mais l'Argentin aurait pu proposer sa vision originale de la ville. Il adore Tandil, sa ville natale, provinciale, de 100 000 habitants, et New York est sa ville préférée. Alors quand on lui demande en quoi les deux cités se ressemblent, il répond : "leurs immeubles." Bon pour l'architecture, faudra revoir les basiques. Côté tennis, c'est avec Eduardo Infantino, puis Franco Davin, qu'il a appris à mieux construire ses points. Et a démolir ses adversaires. Richard Gasquet en sait quelque chose. C'est à Stuttgart en 2008, face au Français, que l'Argentin a remporté son premier titre ATP, suivi de trois autres dans la foulée (Kitzbuhel, Los Angeles et Washington) et d'un quart à l'US Open (battu par Andy Murray).
2008, c'est pourtant l'année où tout a failli se terminer. Touché à la troisième vertèbre en début d'année, Del Potro souffre et doute. On l'attend au tournant, on l'annonce comme la relève d'un tennis argentin trop "Nalbandian-dépendant" depuis la décadence de Guillermo Coria, les tourments de Gaston Gaudio et les errements de Guillermo Cañas. La pression est sur son dos. Et en mai, la blessure refait surface. Il pense tout abandonner. C'était avant Stuttgart. Depuis, il ne "soigne" que son service.
QUEL EST LE PROCHAIN RÊVE DE DEL POTRO ?
Comme Roger Federer, Juan Martin Del Potro a gagné, dès sa première finale de Grand Chelem, le tournoi dont il rêvait quand il était gamin. C'est en regardant Pete Sampras et Marat Safin à Flushing Meadows que le Sud-Américain a voulu devenir un champion. A 8 jours de ses 21 ans, il peut déjà se regarder en train de soulever le trophée à New York : "Je rêve de ça depuis que je suis tout petit. C'est la plus belle sensation de ma vie mais c'est encore un peu tôt pour vous décrire ça. Peut-être que je réaliserai la semaine prochaine. Mais là, je ne comprends pas encore ce qui m'arrive. Le show a été extraordinaire. Le match, le public, tout a été parfait. Quand je me effondré sur le sol après la balle de match, tant de choses me sont passées par la tête. Ma famille, mes amis, mon rêve. Je vais ramener ce trophée chez moi..."
La grande surprise de cette finale de l'US Open exaltante, quand on pouvait craindre que l'aspect mécanique du jeu de Del Potro brise les inspirations de Federer, c'est que le moins expérimenté des deux joueurs a su se montrer plus constant, le plus vigilant. Il est resté concentré pendant cinq sets, ce qu'il n'avait pas su faire à Roland-Garros, quand il menait deux sets à un en demi-finale, face à Roger Federer déjà. Il avait perdu ce jour-là, au cours d'un match déjà d'une grande intensité, le jeu décisif de la seconde manche. "Juan apprend vite", dit Davin de son protégé à qui il demande de réussir au moins deux aces par match. Comme Federer, il apprend avec une bonne dose d'humilité : "Je suis déjà content d'être entré dans l'histoire de ce tournoi. Il y aura d'autres épreuves du Grand Chelem et si j'en ai gagné une en battant Nadal et Federer, j'aurais peut-être d'autres occasions de le refaire. Mais ce sera difficile, j'étais si prêt de perdre celui-là..."
Comme Federer à Wimbledon 2003, Delpo a éclaté en sanglots au moment de la remise des trophées. Pas avant, pas après sa victoire sur Rafael Nadal en demi-finale. Sa défaite en finale de la Coupe Davis en décembre, suite à une blessure au pied mal gérée, est oubliée. Dès qu'il se sera remis de ses émotions, il pourra passer à autre chose. Pour gagner encore en altitude, pas besoin de se grandir divinement comme Maradona a su le faire un jour de Coupe du monde **, il lui suffit de garder le contrôle de sa "tête de raquette".
**Cf Maradona a marqué un but de la main contre l'Angleterre en en quarts de finale de la Coupe du Monde 1986. C'est "la main de dieu", s'était justifié l'idole sportive de l'Argentine.
SON PARCOURS A L'US OPEN 2009
1er tour: Juan Monaco (ARG, 41e mondial) 6-3, 6-3, 6-1
2e tour : Jurgen Melzer (AUT, 38e) 7-6(6), 6-3, 6-3
3e tour: Daniel Koellerer (AUT, 62e) 6-1, 3-6, 6-3, 6-3
4e tour: Juan Carlos Ferrero (ESP, tête de série N.25) 6-3, 6-3, 6-3
Quart de finale: Marin Cilic (CRO, 17) 4-6, 6-3, 6-2, 6-1
Demi-finale: Rafael Nadal (ESP, 3) 6-2, 6-2, 6-2
Finale: Roger Federer (SUI, 1) 3-6, 7-6(5), 4-6, 7-6(4), 6-2
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