La transition des Bleus

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ParEurosport

Publié 15/09/2009 à 10:40 GMT+2

La performance des Français à l'US Open a été à l'image de leur saison en Grand Chelem: ils ont réalisé des parcours honorables qui nous laissent sur notre faim, le tout sur fond de petites ou grandes polémiques. Tsonga, Monfils, Simon, Gasquet tous sont logés à la même enseigne : la transition.

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Crédit: Eurosport

LE TGV A PETITE ALLURE
Depuis 2008, le tennis français est sur de bons rails. Reste à passer à la vitesse supérieure. Quand on rêvait des performances de la locomotive du TGV français en 2009 (un "Tennis à Grande Vitesse" symbolisé par la bande des quatre Jo-Wilfried Tsonga, Gilles Simon, Gaël Monfils et Richard Gasquet), on s'est contenté de découvrir de nouveaux paysages. Sur fond de polémiques, blessures et nouvelles approches techniques, les Français se sont montrés constants mais pas brillants. Un bien pour un mal, un réajustement certainement nécessaire, qui a transformé les quatre majeurs en quatre étapes de transition. L'US Open a confirmé cette tendance pour chacun des principaux joueurs.
RALENTISSEMENTS INVOLONTAIRES
A Melbourne, Jo-Wilfried Tsonga avait une grosse patate, de l'énergie à revendre et une motivation à tout casser. Un problème au dos avait malheureusement brisé sa dynamique. Les genoux et le poignet douloureux de Gaël Monfils l'ont empêché d'être à son maximum à Roland-Garros, de participer à Wimbledon, et de préparer parfaitement l'US Open. Et le genou droit de Gilles Simon n'a pas tenu de Roland-Garros à Flushing Meadows. Dans l'hexagone, on a une tradition de la blessure. La malchance n'est peut-être pas uniquement en cause ? On peut se consoler avec quelques bonnes nouvelles : Tsonga semble gérer à la perfection ses propres soucis (dos, genoux) et a fait un effort pour perdre du poids cet été, et Monfils prend toutes les précautions pour préserver son organisme. L'objectif est de durer, personne ne s'y trompe.
PASSAGES A NIVEAU
En achetant les billets Melbourne-New York, via Paris et Londres, les supporters français ne s'attendaient pas à franchir autant de passages à niveau. Après deux demi-finales et une finale en deux ans, on attendait une montée en puissance des leaders bleus. C'est une grande phase de transition qu'ils nous ont offerte :
. Jo-Wilfried Tsonga: A Melbourne, sa blessure au dos ne lui a pas permis de s'exprimer. Ensuite, il décide de changer de raquette 15 jours avant Roland-Garros. C'est la première fois qu'il dispute le tournoi en tant que top 10, un tournoi d'évaluation réussi (huitièmes de finale). On l'attendait à Wimbledon, il y échoue tristement face à Ivo Karlovic. Il arrive ensuite à l'US Open dans les meilleures conditions possibles, quelques doutes sur ses retours excepté. Il en ressort déçu après un match contre Fernando Gonzalez qui a révélé ses faiblesses actuelles: ses retours encore, son jeu au filet surtout, trop délicat en revers, et un certain manque d'adaptation tactique. Cette saison de confirmation, loin d'être finie puisque JWT doit encore défendre son titre à Bercy et peut encore aller à Londres (Masters), est somme toute logique. Ce n'est que sa deuxième saison complète ou presque sur le circuit.
. Gilles Simon: Jusqu'ici, le métronome de la bande a autant de raisons d'être satisfait de son année que d'être frustré. Il n'a jamais joué aussi bien en Grand Chelem : un quart en Australie, un huitième à Wimbledon et deux seizièmes. Et pourtant, comme il l'avouait récemment lui-même, il manque d'un match référence, d'une grosse perf, une demi-finale ou une finale sur les majeurs pour asseoir définitivement son statut de top 10. Entre une grosse crise de confiance au printemps et des problèmes de rotule récurrents, "Gilou" peut être heureux de ses résultats. A condition de les considérer comme un apprentissage, une nouvelle transition. Pour ce joueur à la progression très régulière, disons même discrète, c'est la première fois depuis cinq ans qu'il "plafonne" un peu. Sans que cela se ressente en termes de résultats, il faut insister là-dessus.
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TENNIS US OPEN 2009 Gilles Simon

Crédit: Imago

. Gaël Monfils: Le boxeur, le puncheur, le marathonien, "le meilleur athlète du circuit" selon Murray et Roddick, a "une grosse caisse" mais n'arrive pas à la faire résonner dans les grandes occasions. La faute à... des pépins physiques, c'est ennuyeux. Après une préparation quasi-militaire avec Roger Rasheed, on l'annonçait comme plus affûté que jamais et il s'était blessé à Melbourne (face à Simon d'ailleurs en huitièmes). Le reste de la saison sera sur le même ton, du moins en Grand Chelem. A Roland-Garros, il passe plus de temps avec une machine à "dérouiller" le genou que sur le court, et atteint malgré tout les quarts et pour la deuxième année consécutive, il fait l'impasse sur Wimbledon. A l'US Open, il annonce qu'il est prêt à défier Rafael Nadal physiquement, mais il n'a toujours qu'une heure et demie d'autonomie dans les jambes et les bras, et consent à dire, après la rencontre, qu'il manquait de préparation.
A force de se focaliser sur l'impact physique et une sort d'hyper-motivation (souvenez-vous de ses références à la boxe cette quinzaine), on a l'impression qu'il en oublie la partie tactique. Monter au filet pour bousculer un Nadal épatant en fond de court, c'est possible. S'appuyer sur son grand service pour aller plus vite de l'avant, c'est possible. Comme Tsonga, Monfils a confirmé qu'il était prêt à souffrir pour devenir constant. Depuis 2007, il a d'ailleurs atteint le 3e tour de tous les tournois du Grand Chelem auquel il a participé. Depuis 2008, il a atteint au moins les huitièmes. La phase de consolidation est terminée, on attend le décollage.
. Richard Gasquet: Ce n'est pas un passage à niveau que "Richie" a connu en 2009, c'est un long arrêt en gare. Comme Tsonga à l'US Open, il avait commencé la saison par une leçon de Grand Chelem donnée par Fernando Gonzalez à Melbourne. Un match en cinq sets que l'on pouvait interpréter de deux façons : une défaite en cinq sets de plus ou une belle lutte face à un joueur qui touchait les lignes. Ensuite, au lieu de voir la renaissance du prodige à Roland-Garros, c'est à sa chute que l'on a assisté. Et sur la place publique. L'affaire de Miami l'a éloigné du tennis pendant trois mois. A Flushing Meadows, on le retrouve face à Nadal, avec un revers inchangé mais un fond de jeu trop léger. La saison de la reconquête est devenue la saison de la vérité. Si Gasquet se remet de ce qu'il lui est arrivé, il lui faudra reprendre là où il s'était arrêté à Melbourne. Comment va-t-il relancer la machine ? Nadal lui avait offert son soutien hors du court, et une référence pour s'étalonner sur le court. A suivre.
A SAVOIR : Après les élections de la FFT en février, la réduction d'effectif au Team Lagardère et le départ du DTN Patrice Dominguez, les réunions au sommet de tous les acteurs du tennis français à New York, ont énervé quelques joueurs, dont Tsonga lui-même, qui se plaignait de ne pas être suffisamment informé.
LEURS RESULTATS EN GRAND CHELEM EN 2009
Open d'Australie: 3e tour : Gasquet, 1/8 : Monfils, 1/4: Tsonga et Simon
Roland-Garros: 3e tour : Simon, 1/8 : Tsonga, 1/4: Monfils
Wimbledon: 3e tour : Tsonga, 1/8 : Simon
US Open: 1er tour : Gasquet, 3e tour: Simon, 1/8 : Tsonga et Monfils
LES AUTRES
Jérémy Chardy est la plus belle progression de l'année chez les Français. En Grand Chelem, il est cependant en pleine phase d'apprentissage face aux joueurs du top 10. Paul-Henri Mathieu va mieux, mais il plafonne dans les grands tableaux. Julien Benneteau, qui a subi les changements du Team Lagardère, s'est relancé, sans pour autant revoir les lumières des quarts de finale d'un majeur comme à Roland-Garros en 2006. Un petit clin d'oeil pour finir : Josselin Ouanna a gagné trois matches cette saison, trois matches en Grand Chelem. Encore un effort. Fabrice Santoro a disputé son 69e et dernier tournoi du Grand Chelem à l'US Open, pour un quart de finale au total et deux huitièmes...
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