Clijsters veut confirmer

Tout le monde se souvient de cette image : une petite fille blonde s'élance sur le court Arthur-Ashe pour y rejoindre sa maman encore sous le choc de l'émotion. Kim Clijsters, vainqueur pour la 2e fois à Flushing Meadows l'an passé, en a une trace indélébile en mémoire, elle qui n'osait même pas s'imaginer dans la peau de la championne un mois plus tôt. Et pourtant, deux ans après une première retraite et la naissance de sa fille Jada, l'ex-N.1 mondiale réalisait le plus joli "come-back" de l'histoire du tennis, s'appropriant son 2e titre dans ces tournois du Grand Chelem qui se sont tant refusés à elle pendant la première partie de sa carrière (1 titre en 5 finales). Avec son histoire, Mme Brian Lynch (basketteur américain) a passionné l'Amérique qui lui a pardonné les éliminations de Venus Williams, puis de Serena, alors tenante du titre mais tancée par les médias après une altercation avec une juge de ligne.

"Je n'y crois pas encore, se laissait-elle dire en conférence de presse après sa victoire, c'est irréel que je gagne un titre, qui plus est un Grand Chelem, à mon troisième tournoi depuis mon retour. Ce n'était vraiment pas dans le plan (...) L'idée était plutôt de reprendre en douceur sur le circuit pour être prête la saison prochaine." Qu'en est-il justement de cette saison ? La Belge continue son bonhomme de chemin. Trois titres de plus à son palmarès, garni désormais de 38 trophées : à Brisbane en janvier face à Justine Henin, Miami en mars face à Venus, puis Cincinnati en août où "Maman Kim" a même fêté son année de reprise en s'imposant dans l'Ohio face à Maria Sharapova, non sans avoir sauvé 3 balles de match (2-6, 7-6, 6-2). Un palmarès qui fait d'elle la première joueuse de la saison avec trois distinctions. Non classée avant l'US Open 2009, Clijsters revient à New York avec le 3e rang mondial. Serena Williams étant forfait, c'est avec la tête de série N.2 qu'elle remettra son titre en jeu avec cette fois-ci le statut de favorite.

Ses trois trophées de la saison récoltés sur dur, la Belge est consciente qu'un doublé est tout à fait à sa portée, plus que les années précédentes. "L'US Open est un rendez-vous très important pour moi, expliquait-elle il y a quelques jours à New York. J'ai un titre à défendre et j'adore jouer sur ces courts en dur. J'ai toujours bien joué ici et j'ai été très à l'aise sur cette surface. Je ne ressens pas vraiment de pression : cette victoire en 2009 a été une telle surprise pour moi, ainsi que pour les autres, que tout est possible. Je sais que si je joue mon meilleur tennis, je peux battre n'importe qui." Et le tableau dames parle pour elle. Sans Serena Williams, qui pèse trois titres ici à elle toute seule, et Venus toujours en délicatesse avec un genou, la voie semble grand ouverte. Placée tout en bas de tableau, Clijsters débutera au 1er tour face à la Hongroise Greta Arn (104e mondiale). Son match important ne se jouera sans doute pas avant les huitièmes de finale avec Marion Bartoli, Ana Ivanovic ou Jie Zheng sur sa route. En quarts de finale, Samantha Stosur, Elena Dementieva, Daniela Hantuchova et Alisa Kleybanova se disputeront certainement leur place face à la Belge.

La joueuse la plus susceptible de la contrarier serait finalement Caroline Wozniacki, l'autre finaliste 2009 de l'US Open. La Danoise, N.2 mondiale, confirme son statut de favorite en s'octroyant la tête de série N.1 en l'absence de l'actuelle N.1. Relativement discrète en début de saison (victoire à Ponte Vedra Beach et une finale perdue à Indian Wells face à Jelena Jankovic), cette Polonaise d'origine a repris vie sur dur en remportant les tournois de Copenhague et de Montréal cet été, rejoignant Clijsters au rang des triples lauréates de la saison. Placées stratégiquement de part et d'autre du tableau, les deux favorites ne pourront donc se croiser qu'en finale, comme l'an dernier lors d'un match qui fut leur premier, mais aussi leur dernier face-à-face à ce jour.

La Danoise aura, en tout cas, un parcours plus compliqué que la Belge avant d'arriver en finale et confirmer son parcours de l'an passé. Un match face à Maria Sharapova, vainqueur en 2006, lui semble promis en huitièmes de finale, avant Svetlana Kuznetsova, lauréate 2004, voire Na Li en quarts de finale. Dans ce duel à distance entre la Danoise et la Belge se jouera aussi celui du classement. Si Serena Williams perdra ses points de la demi-finale new-yorkaise 2009, ses deux poursuivantes au classement WTA joueront pour ne pas décrocher... même si Clijsters ne se met pas de pression pour atteindre à nouveau le premier rang mondial. "Je joue les tournois importants et peu les secondaires par besoin de rester fraîche toute la saison. Et puis, en tant que mère, je culpabilise assez vite si je prends des décisions qui pourraient égoïtes. C'est très important pour moi que ma fille, qui m'accompagne sur la majorité des tournois auxquels je participe, soit ma priorité."

Sa nouvelle vie de joueuse serait-elle incompatible avec celle d'une N.1 mondiale ? Pas forcément. La Belge a joué neuf tournois cette saison, mais a manqué la majorité de la saison sur terre battue, dont Roland-Garros, en raison d'une blessure au pied gauche. Elle s'est même gardée du temps pour jouer un match de barrages en Fed Cup avec Justine Henin face à l'Estonie. Avec finalement un tournoi de moins que Serena Williams sur une année, l'ex-N.1 tient bien la cadence pour briguer une nouvelle couronne de N.1 mondiale, comme elle l'a déjà fait pendant 19 semaines entre août 2003 et février 2006. Le public, tout acquis à sa cause aux Etats-Unis, sera là pour la supporter. Sa fille Jada pour la féliciter.