Phénoménale Bartoli

Marion Bartoli a signé une des plus grandes performances de sa carrière dimanche soir en éjectant Petra Kvitova du tableau féminin de l'US Open. Après un premier set très difficile, où elle n'a pas gagné un seul de ses jeux de service, le Française a complètement inversé la tendance pour prendre très nettement le dessus sur la Tchèque et s'imposer en trois manches et 1h44, 1-6, 6-2, 6-0. Sans doute sa plus grande victoire depuis celle acquise en demi-finale de Wimbledon face à Justine Hénin voilà déjà cinq ans. D'autant que Kvitova, numéro 5 mondiale, était en pleine bourre avant d'arriver à New York puisqu'elle avait remporté les US Open Series.

Pourtant, à l'issue du premier set, il était difficile d'imaginer un dénouement aussi heureux. Malgré un bon pourcentage de premières balles (74%), Bartoli se montrait absolument incapable de se défaire de la pression imposée par Kvitova, qui allait réussir pas moins de quatre breaks au cours de ce premier acte. Mais dans l'attitude, jamais la Française n'a donné le sentiment de sortir de son match. Et dès que son adversaire a commencé à baisse de pied, multipliant les fautes, la numéro un tricolore, elle, est au contraire montée d'un cran en intensité. La rencontre a basculé dès le début du deuxième set, lorsque Bartoli a réussi le break pour prendre les commandes. Kvitova n'était plus la patronne. La Tchèque était-elle diminuée physiquement? Elle a en tout cas quitté le court plusieurs minutes à la fin du deuxième set.

Bartoli, elle, était déchainée. Dès le premier jeu du troisième set, elle a agressé Kvitova en retour, et la Tchèque a commis notamment deux doubles fautes fatales pour elle. Marion, elle, ne ratait plus rien. Elle n'a d'ailleurs fait que huit fautes directes sur l'ensemble des deux dernières manches. Kvitova a tenté de s'accrocher en début de troisième set, en vain. Il n'y avait plus rien à faire pour elle. Finalement, sur une dernière faute en longueur de la Tchèque, Bartoli a pu laisser éclater sa joie, de façon bien légitime. Dans la foulée de Richard Gasquet, elle a fait du Grandstand une terre bleue, blanc, rouge, au moins l'espace d'une nuit.

Son parcours est d'autant plus remarquable qu'elle restait sur plusieurs années de frustration à New York. Bartoli avait été éliminée dès le deuxième tour ces trois dernières années. C'est la première fois qu'elle atteint les quarts de finale à Flushing Meadows. Elle a désormais rallié ce stade dans chacun des quatre tournois du Grand Chelem, rejoignant ainsi Amélie Mauresmo et Mary Pierce, les deux seules Tricolores à avoir accompli une telle performance au cours de l'ère Open.

Elle rencontrera pour une place dans le dernier carré Maria Sharapova. La Russe peut dire merci à la pluie et à un coup de fil, sans doute en forme de coup de fouet, de son père durant l'interruption. Menée 2-0 service à suivre par Nadia Petrova dans le troisième set, la reine Maria a profité d'une pause salvatrice pour retrouver ses esprits, après avoir encaissé quatre jeux d'affilée alors qu'elle n'en avait concédé que sept lors de ses trois premiers matches. "Pendant l'interruption, mon coach m'a dit de me ressaisir car je n'allais pas aller bien loin en continuant comme ça", explique-t-elle. Et c'est une Sharapova transformée qui a fait son retour sur le court Arthur-Ashe, remportant six des huit jeux suivants avec un soutien parfois à la limite de l'hystérie de la part des spectateurs. Elle s'impose finalement 6-1, 4-6, 6-4 et atteint les quarts de finale de Flushing Meadows pour la première fois depuis 2006 et son dernier sacre newyorkais. La gagnante de Roland-Garros reste confiante pour sa quête d'un second majeur cette saison. Elle n'a jamais concédé un seul set à Bartoli en carrière. Mais cette Bartoli-là ne craint pas grand monde.