La nuit américaine : Djokovic au filet, Radwanska au tapis

Trente. C’est le nombre de fois où l’on a vu Novak Djokovic s’élancer au filet face au Portugais Joao Sousa. Pour vingt-deux points conclus victorieusement. Plus que le succès aisé face au 95e joueur mondial (6/0 6/2 6/2), ce sont ces velléités offensives que l’on retiendra chez le n°1 mondial. Déjà entrevue lors de ses matchs contre Berankis (23 montées) et Becker (22), la tendance s’est donc encore accentuée lors du troisième tour du Serbe. « Ce n’est pas un scoop de dire que je me sens moins à l’aise quand je suis au filet que quand je suis sur ma ligne, a expliqué Djokovic. Mais c’est un axe que j’essaie d’améliorer. Le jeu vers l’avant et le service, ce sont les deux domaines où j’estime pouvoir progresser encore et obtenir plus de points gratuits. » Pas un luxe à l’heure où Rafael Nadal a repris un ascendant certain sur lui, et où Andy Murray se fait de plus en plus pressant dans son dos.

Nom : Makarova. Prénom : Ekaterina. Signe particulier : transcendée par les grands évènements et aime y faire des misères aux meilleures joueuses mondiales. Il y a deux ans, la gauchère de 25 ans avait signé son plus retentissant fait d’armes sur la Rod Laver Arena de Melbourne, éliminant Serena Williams en huitièmes de finale du tournoi. Elle a remis ça, au même stade de la compétition, mais cette fois sur le Arthur-Ashe Stadium, aux dépens d’Agnieszka Radwanska, tête de série n°3 (6/4 6/4), et étoffe un peu plus un tableau de chasse également riche des scalps de Victoria Azarenka, Angélique Kerber ou Sara Errani. Pas mal pour une joueuse qui n’a jusque-là jamais dépassé le 19e rang mondial…

Il n’y a pas d’âge pour les baptêmes. Li Na, 31 ans et 4 saisons de présence au sein du Top 10 mondial, était d’humeur réjouie après son succès sur Jelena Jankovic (6/3 6/0). Le sourire aux lèvres, elle en explique la raison : "C’est ma toute première victoire en night session ici. C’est une bonne sensation. D’habitude, je n’aime pas trop jouer en soirée. Je préfère jouer tôt, comme ça après le match vous avez du temps libre. Mais d’avoir gagné le match ce soir je me sens bien… même s’il est quand même un peu tard !"

Appelez-le « Survivor ». Marcel Granollers est en huitièmes de finale de l’US Open. La deuxième fois seulement qu’il arrive en seconde semaine en Grand chelem, après Roland-Garros l’an dernier. Surtout, il y est parvenu en remportant ses trois matchs au forceps, en cinq manches, contre Jurgen Zopp, Rajeev Ram – qui mena même deux sets à rien – et ce soir Tim Smyczek, le dernier Américain encore en lice (6/4 4/6 0/6 6/3 7/5). Le Catalan de 27 ans confirme ainsi sa réputation de héros du cinquième set, lui qui affiche maintenant un joli bilan de 9 succès pour seulement 3 défaites dans l’exercice. Pas sûr en revanche qu’il tienne jusque-là au prochain tour, contre Novak Djokovic. "Pour l’instant, avec l’excitation de la victoire, ça va, a-t-il confirmé. Mais c’est après que j’ai peur : la récupération risque d’être difficile."

Tommy Haas est fatigué. A 35 ans et 5 mois, l’Allemand est le joueur le plus âgé du Top 100. Mais, tout à sa joie d’avoir retrouvé un niveau de jeu hautement compétitif après de nombreuses blessures, il est aussi le second membre du Top 20 le plus boulimique de tournois depuis le mois de janvier (derrière Fabio Fognini). Forcément, ses 28 tournois depuis janvier, représentant 59 matchs joués, commencent à peser dans ses vieilles guiboles. Aujourd’hui, il est apparu sans énergie face à Mikhaïl Youzhny, vainqueur en quatre sets de leur troisième tour (6/3 6/2 2/6 6/3). Le Russe prive ainsi l’US Open d’un beau clin d’œil : un troisième face-à-face entre Lleyton Hewitt et Tommy Haas à New York. Le premier, en 2001, avait marqué le début de la gloire pour l’Australien, et l’envol vers la seconde place mondiale pour l’Allemand.