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Rafael Nadal : 2015, année cauchemar

Laurent Vergne

Mis à jour 31/08/2015 à 10:06 GMT+2

US OPEN - Rafael Nadal arrive à Flushing avec un bilan peu reluisant eu égard à son palmarès et son statut. L'Espagnol traverse la saison la plus difficile depuis plus d'une décennie. Tous les voyants sont au rouge.

Rafa Nadal

Crédit: Imago

Dans la carrière des grands champions, le déclin finit toujours par arriver. Personne n'y échappe, pas même les plus grands et les plus dominateurs. C'est d'ailleurs pour eux que la chute est la plus spectaculaire. Elle peut être lente ou brutale. Elle peut tapoter progressivement à la porte ou l'enfoncer sans prévenir. Dans le cas de Rafael Nadal, ce serait plutôt la deuxième solution.
En l'espace de quelques mois, l'Espagnol est rentré dans le rang. Numéro un mondial au début de l'année 2014, terreur multi-surface, il continue évidemment aujourd'hui d'inspirer le respect mais plus tout à fait la même crainte. Son énième éloignement des circuits fin 2014, après une énième blessure, semble avoir déréglé la machine pour de bon. Depuis, en témoignent ses statistiques, toutes ses statistiques, il n'est plus que l'ombre de lui-même.

Classement : 15 mois de chute

Petit flashback. Au lendemain de son historique 9e sacre à Roland-Garros, en juin 2014, Rafael Nadal trône à la première place du classement mondial. Il va la perdre après Wimbledon. Depuis, c'est une dégringolade continue. Nadal est sorti du Top 5 pour la première fois depuis 10 ans au mois de mai, jusqu'à toucher un plus bas historique après Roland-Garros en tombant à la 10e place. Rafa est remonté depuis au 8e rang et si, à très court terme, il peut espérer un repositionnement puisqu'il n'a aucun point à défendre à Flushing, il sera difficile de le voir revenir près du Top 5 en fin d'année. Sur la saison 2015, il occupe la 7e position, mais pointe à 1200 points du 6e, Tomas Berdych. L'objectif, pour lui, c'est le Masters.
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Rafael Nadal salue le public de Roland-Garros après sa défaite contre Novak Djokovic

Crédit: AFP

Grand Chelem et Masters 1000 : Du jamais vu depuis l'adolescence

On juge d'abord les performances d'un grand champion à l'aune des grands tournois. En la matière, la saison de Nadal est loin de ses standards habituels. Battu en quart de finale à Melbourne et Paris, sorti dès le 2e tour à Wimbledon, le Majorquin arrive donc à l'US Open sans avoir atteint le dernier carré d'un tournoi du Grand Chelem. Du jamais vu, pour lui, depuis 2004. Avant que Nadal ne devienne Nadal, en somme.
Son bilan dans les Masters 1000 est peut-être plus édifiant encore. Il ne compte aucun titre sur les 7 premiers tournois de cette catégorie en 2015. Là encore, c'est un "record". Nadal n'a même disputé qu'une seule finale, à Madrid. Il en avait jouées 38 entre 2005 et 2014 sur la même période de l'année. Et son nombre de matches gagnés en Masters 1000 cette année a été divisé par deux par rapport à sa moyenne annuelle pré-US Open. Dans ce domaine comme dans d'autres, il est presque devenu un joueur comme un autre.

Son palmarès le plus faible sur une saison

S'il n'a guère brillé dans les grands rendez-vous, Nadal a tout de même réussi à remporter trois tournois cette année. Il s'est imposé à Buenos Aires en début de saison, puis à Stuttgart (gazon) et Hambourg (terre battue) cet été. Trois titres avant l'US Open, ce n'est pas une première. En 2011, Nadal avait glané trois trophées sur la même période, et d'ailleurs sur l'ensemble de la saison, puisqu'il avait stoppé celle-ci l'été venu. La différence, c'est qu'à l'époque, ses trois tournois gagnés étaient un Grand Chelem (Roland-Garros), un M1000 (Monte-Carlo) et un 500 (Barcelone). Cette année, il totalise un 500 et deux 250.
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Rafa Nadal

Crédit: AFP

Ratio de victoires : Au plus bas depuis 2004

Rafael Nadal gagne encore beaucoup plus de matches qu'il n'en perd. En 2015, il affiche un taux de réussite de 75% (42 victoires en 56 matches). Cela peut sembler beaucoup, mais pour lui, c'est faible. C'est la première fois qu'il s'apprête à descendre sous la barre des 80% de victoires depuis l'année 2004.
2015 : 75% (avant US Open)
2014 : 81%
2013 : 91%
2012 : 87%
2011 : 82%
2010 : 88%
2009 : 82%
2008 : 88%
2007 : 82%
2006 : 82%
2005 : 89%
2004 : 64%
La chute est particulièrement spectaculaire, une fois encore, dans les grands tournois, puisque son taux de réussite tombe à moins de 70% en Masters 1000, là où, en carrière, il pointait à 84% avant 2015.

Top 10 : Il ne fait plus la loi

Neuf fois cette saison Rafael Nadal a croisé des adversaires du Top 10. Bilan : 2 petites victoires, face à David Ferrer à Monte-Carlo et Tomas Berdych à Madrid, pour 7 défaites. Et ça ne s'arrange pas : depuis Madrid, Nadal a gagné 19 matches, mais son adversaire le mieux classé était Gaël Monfils, à Stuttgart. Le Français pointait alors au 16e rang. Sur ses cinq derniers duels face à des joueurs du Top 10, l'Espagnol n'a même pas pris un set. Il s'est incliné en deux manches contre Murray en finale à Madrid, puis contre Wawrinka à Rome, en trois temps contre Djokovic à Roland-Garros et en deux sets secs devant Nishikori à Montréal. Comme si ce type de joueur était devenu (beaucoup) trop fort pour lui.

Et maintenant ? Un trimestre pour sauver la mise

Si la saison de Rafael Nadal peut apparaître presque catastrophique, ce n'est pas dans l'absolu mais par rapport à ses propres références. Trois tournois gagnés et une 7e place sur la saison au bout de neuf mois, pour l'immense majorité des joueurs, ce serait une énorme satisfaction. Mais Nadal n'est pas un joueur comme un autre et, à 29 ans, on ne s'attendait pas à le voir coincer dans de telles proportions cette saison. Il lui reste quand même un gros trimestre pour adoucir la note.
Un bon Flushing pourrait le relancer mais le tableau ne l'a pas gâté et, globalement, la fin d'année, avec la saison indoor, n'est pas celle qui lui sied le mieux. Il lui faudrait a minima une victoire-référence face à un joueur majeur du circuit pour relancer la machine et finir, pourquoi pas, sur une bonne note au Masters. Car au-delà de cette année 2015 si mal embarquée, c'est à la suite de sa carrière que Nadal doit dès aujourd'hui donner un sens et une ligne directrice. Un peu comme Federer avait su le faire fin 2013 après un été apocalyptique. Rappelez-vous, à l'époque, nombre de voix souhaitaient expédier le Suisse à la casse…
La saison galère de Rafael Nadal
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