Nadal : "Le tirage ? Je m'en fiche complètement"

Il y a un an, Rafael Nadal était redevenu le roi de New York. Une vraie marche triomphale, rendue plus "tranquille" encore par un parcours royal. Son adversaire le mieux classé, Juan Martin Del Potro, pointait à l'époque au 28e rang. Quant à sa dernière victime, Kevin Anderson, il n'était même pas dans les trente premiers mondiaux. Aucun membre du top 25 sur la route d'un titre en Grand Chelem, ce n'est pas commun.

S'il doit récidiver cette année, il est peu probable que Nadal bénéficie d'un tableau aussi clément sur l'ensemble de la quinzaine. Encore que. Ainsi va la marche d'un tournoi : on connait son premier adversaire; le reste est hypothétique. Alors, jeudi, Rafael Nadal, invite à assister au tirage au sort de l'US Open 2018 en tant que tenant du titre, a accueilli le verdict avec son détachement habituel. "Je ne m'excite jamais après un tirage au sort. Je m'en fiche totalement. Il y a une grande part de chance, j'en suis conscient, mais on ne maitrise pas ce facteur. A l'arrivée, vous avez un adversaire en face de vous et on finit toujours par être fixé..."

Quand on lui dit qu'il a eu de la chance d'éviter Novak Djokovic dans son quart de tableau, au contraire de Roger Federer, Nadal sourit. Il ne parlera que de son tout premier adversaire. Une vieille connaissance. "Un bon ami", dixit Nadal, nommé David Ferrer. A 36 ans, on doute que le Valencian, ex numéro 3 mondial, soit en mesure de contrarier les plans du Majorquin. Ce que Nadal, à sa façon, résume ainsi : "il traverse une période plus difficile cette année, mais il reste un joueur avec un très haut niveau de tennis."

Sauf que, depuis sa demi-finale à Auckland pour son premier tournoi de l'année en janvier, David Ferrer n'a plus réussi à enchainer deux victoires et reste même sur sept éliminations au premier tour sur ses neuf derniers tournois. Mais ce sera tout de même un match spécial pour les deux hommes. "David a été un champion incroyable pendant de si nombreuses années, on a beaucoup de souvenirs ensemble, notamment en Coupe Davis. Je suis impatient de jouer ce match", conclut le numéro un mondial sur le sujet.

Sauf invraisemblable surprise, David Ferrer ne devrait rien être d'autre qu'un amuse-gueule. Avec Novak Djokovic, il est le légitime favori de cette édition 2018. Parce qu'il est tenant du titre. Parce qu'il est numéro un mondial. Parce qu'il est en pleine bourre. Vainqueur à Toronto, il a pu se permettre de souffler en zappant Cincinnati. "Je vieillis, comme tout le monde le sait, sourit-il, je dois gérer mon corps si je veux prolonger ma carrière, alors j'avais besoin d'une semaine de coupure supplémentaire avant l'US Open. La victoire à Toronto a rendu plus facile cette décision."

Elle l'a aussi conforté. La quête d'un quatrième US Open apparait très crédible, surtout au vu de son bilan des six derniers mois. Rafael Nadal vit tout simplement une de ses meilleures saisons. En dehors d'un début d'année perturbé par des pépins physiques, il carbure à plein régime depuis son retour à la compétition début avril : 36 victoires, 2 défaites. "C'est une très bonne saison, très positive, admet-il. Un peu dure au début avec les blessures, en Australie (abandon contre Cilic en quarts de finale) puis à Acapulco (où il a dû renoncer), mais j'ai gagné beaucoup de matches depuis."

Alors, un 18e couronnement majeur, dans deux semaines sur le court Arthur-Ashe ? Sur les trois derniers mois, il n'a subi qu'une défaite, contre Novak Djokovic, en demi-finale de Wimbledon. Et comme il est assuré de ne pas croiser le Serbe avant la finale... Mais, même en cas de retrouvailles, Nadal ne nourrit pas d'inquiétudes. "Il n'y a pas à être inquiet, mais c'est un challenge, oui", a précisé son coach, Carlos Moya, dans les colonnes d'El Espanol. Nous n'en sommes pas là. Pour l'instant, c'est Ferrer et rien d'autre, donc. Mais sachant que Rafa et Nole ont remporté à eux deux les deux derniers Majeurs et les deux derniers Masters 1000, disons que cela ne relève pas de l'improbable.