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Passé, présent, avenir : Djokovic coche à nouveau toutes les cases

Laurent Vergne

Mis à jour 10/09/2018 à 20:06 GMT+2

US OPEN 2018 – Novak Djokovic est redevenu le patron. Quand bien même il n'a pas officiellement repris le pouvoir au classement, sa victoire à Wimbledon et, plus encore, celle pleine d'autorité à Flushing Meadows, en font à nouveau la référence du circuit. En renouant avec sa gloire passée qui commençait à s'éloigner, il s'impose comme l'homme du moment, et possiblement comme celui de demain.

Novak Djokovic / US Open

Crédit: Getty Images

Avant cet été, la dernière visite de Novak Djokovic aux Etats-Unis avait presque eu un air pathétique. A Indian Wells, puis à Miami, il avait disparu d'entrée. Deux défaites, face à deux joueurs, Taroe Daniel et Benoît Paire, dont il aurait fait son quatre heures en d'autres temps. Sans confiance, avec ce coude toujours suspect, le Serbe était presque devenu un anonyme du circuit parmi d'autres. "Au bout de six jeux, je n'avais plus d'essence dans le moteur", avait-il dit après son match contre le Français, avant d'ajouter : "c'est comme ça, c'est la vie. J'espère que ça reviendra."
Le fatalisme pointait dans les mots de Nole. Combien étaient-ils à croire sérieusement qu'il pourrait redevenir ce qu'il fut ? Osait-il l’espérer lui-même, alors que tout alors tournait autour de ses deux alter ego de légende du XXIe, siècle, Roger Federer et Rafael Nadal ? Djokovic n'avait plus rien à prouver à personne. Quand bien même il n'aurait plus jamais gagné un tournoi, ni même un match, cela n'aurait pas affecté sa place dans l'histoire du jeu, où il occupait une place de choix. Son passé parlait pour lui et nul ne pouvait rien lui en retirer.
Six mois plus tard, Djokovic conjugue à nouveau son histoire au présent et il s'est réinventé un avenir. A l'heure du bilan, perspective qui ne présente plus aucun caractère d'urgence, l'été qui s'achève, celui du grand retour, tiendra forcément une place à part. Moins gargantuesque que sa campagne 2011, moins dantesque que ses deux années irrésistibles entre 2014 et 2016, 2018 n'en gardera pas moins une saveur spéciale, pour tout ce qu'il a traversé. Sa perte de motivation, les appels au secours de son coude, donnent à son rush actuel une force différente par rapport à tous ses triomphes passés.

Un mur avec des jambes de gazelle

Wimbledon aurait pu n'être qu'une parenthèse enchantée et, même sans lendemain, ce 13e titre majeur aurait valu son pesant de dinars serbes. Mais son estivale campagne américaine frappe encore davantage les esprits. De Cincinnati à New York, quel contraste avec la bouillie du mois de mars... Dans cette quinzaine de Flushing, on a définitivement retrouvé Djokovic tel qu'en lui-même, avec toute sa panoplie : la précision du service, arme trop sous-estimée chez lui, une précision d'orfèvre dans la distribution du jeu, une autorité certaine et surtout, surtout, cette couverture de terrain hors normes prompte à écœurer.
Oui, il est redevenu ce mur contre lequel on se fracasse. Un mur avec des jambes de gazelle, ce qui en fait un prototype assez unique, convenons-en. Juan Martin Del Potro aura été le dernier et, sans doute, le plus frappant exemple de cette impuissance à laquelle ses adversaires avaient presque oubliée.
Qu'on ne vienne pas me dire que les circonstances lui ont profité, en écartant in extremis de son chemin Federer, en quarts, puis Nadal, en demie. Au vu du contexte new-yorkais, Del Potro était potentiellement l'os le plus compliqué à ronger et on a vu le résultat. Ce Federer-là n'aurait probablement pas davantage trouvé la clé d'un problème à nouveau pas loin d'être insoluble. Pour le prestige, il est presque dommage que le Serbe n'ait pas eu l'occasion de le prouver. Mais peu importe, au fond. Il était le plus fort, ce n'est pas discutable.

Il aperçoit déjà le trône

Par un spectaculaire retournement de l'histoire, Novak Djokovic est donc redevenu le meilleur joueur du monde. Le classement, dans la limite de son intelligence comptable, ne l'admet pas encore. Mais ce n'est peut-être qu'une question de temps. C'est une des composantes de l'avenir qu'il a gagné le droit de s'inventer. Djokovic, et c'est son autre victoire, s'est à nouveau offert un horizon. Il peut y apercevoir le trône. Numéro 3 mondial ce lundi (il était, rappelons-le, retombé à la 22e place à la fin du mois de mai), il a désormais de très bonnes chances de poursuivre son ascension, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de marches à gravir.
Mais ce n'est pas le plus important. Le classement, les géants comme les moins grands le disent, n'est toujours qu'une conséquence. L'essentiel, c'est que Novak Djokovic a repris l'habitude de faire ce qu'il sait faire de mieux : gagner. Il peut regarder avec une certaine gourmandise les semaines et les mois qui s'annoncent. La tournée asiatique sur dur, puis la saison en indoor, où il a été presque intouchable lorsqu'il était au sommet, ont toutes les chances de lui permettre de prolonger son euphorie estivale. Surtout avec un Federer en quête de sensations envolées depuis maintenant quelques mois, et un Nadal dont le genou siffle.
Sans parler, à un peu plus longue échéance, de l'Open d'Australie, son territoire, même s'il reste là-bas sur deux désillusions. Mais ça, c'était avant. Avant la renaissance. Avant la reconstruction. Avant la redécouverte d'un champion dont on avait oublié à quel point il pouvait, au sommet de son expression, s'avérer intouchable. C'est bien ce Novak Djokovic-là que l'été a fait remonter à la surface. Pour lui remettre la tête sous l'eau, il va falloir se lever tôt.
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