Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

US Open 2021 : Entre doutes et potentiel sans égal, le mystère Osaka reste entier

Maxime Battistella

Mis à jour 03/09/2021 à 23:00 GMT+2

US OPEN 2021 - Dans la nuit de vendredi à samedi (à 1h du matin), Naomi Osaka est opposée à la jeune Canadienne Leylah Fernandez pour une place en seconde semaine à Flushing Meadows. En proie à ses démons ces dernières semaines, la tenante du titre semble fragile, mais ses qualités tennistiques sur dur sont telles qu'un rebond spectaculaire n'est pas à écarter.

Naomi Osaka à l'US Open en 2021

Crédit: Getty Images

Où en est Naomi Osaka ? La principale intéressée ne le sait peut-être pas elle-même. Attendue comme la nouvelle patronne du circuit WTA, celle censée succéder à la légende Serena Williams, après la conquête de son quatrième titre du Grand Chelem à Melbourne en février, la Japonaise a connu ces derniers mois un passage à vide spectaculaire. A tel point que malgré son statut de tenante du titre et de numéro 3 mondiale, il est bien difficile de déterminer ce que l'on peut attendre d'elle dans cet US Open où elle n'a pour le moment joué et gagné qu'un match, profitant au 2e tour du forfait de la Serbe Olga Danilovic, malade.
Il faut dire qu'Osaka a entretenu, plus ou moins volontairement, cette profonde incertitude, ce grand flou artistique dans les semaines qui ont mené à la quinzaine new-yorkaise. D'abord par le silence médiatique accompagnant ses forfaits (pourtant retentissants) à Roland-Garros et à Wimbledon. Visiblement en détresse psychologique, comme ce fut déjà le cas voici deux ans à la suite de son premier doublé US Open 2018-Open d'Australie 2019, elle a mis sur la table le sujet (fondamental) de la santé mentale des athlètes en annonçant maladroitement un boycott des conférences de presse. Lequel a pris fin, à fleur de peau, à son retour sur le circuit à Cincinnati voici une quinzaine de jours.
picture

Osaka a bien lancé son tournoi

Des ambitions revues à la baisse pour retrouver son équilibre mental

Entre-temps, en pleine convalescence lors des Jeux de Tokyo où elle fut la dernière porteuse de la flamme olympique avant de reprendre la raquette, elle a revu ses ambitions clairement à la baisse. "La pression, je devrais y être habituée à force. Mais, en même temps, la grandeur d’un tel évènement a été vraiment compliquée à gérer, surtout avec le break que j’ai pris. Au moins, je suis soulagée de ne pas avoir perdu au premier tour", avait-elle avoué après sa défaite (6-1, 6-4) en huitième de finale contre la Tchèque Marketa Vondrousova. Des mots lourds de sens et pour le moins étonnants dans la bouche d'une championne de sa trempe.
En ce moment, Naomi Osaka se contente de peu. Le discours n'a pas changé à New York, une prise de recul salutaire pour son équilibre personnel. Elle s'en est d'ailleurs ouvert récemment sur ses réseaux, en postant un long message comme elle le fait régulièrement, l'exercice faisant office de thérapie à ciel ouvert.
"Je ne suis pas sûre que ce soit pour donner des nouvelles aux gens, c'est davantage pour me décharger de ce que je ressens. (…) Je me suis rendu compte que pour moi, quelque chose qui était en dessous de la perfection, même si ça pouvait être super, était une déception. Et je ne crois pas que ce soit sain de penser comme ça. C'est quelque chose que je veux changer. Dans ce tournoi, je veux juste être heureuse de savoir que je fais de mon mieux, même si je ne joue pas parfaitement", a-t-elle confié devant la presse.
La Japonaise veut donc se débarrasser d'une sorte de perfectionnisme maladif. Un trait de caractère peut-être nécessaire pour arriver au niveau d'excellence qui est le sien, mais qui fait aussi d'elle une éternelle insatisfaite. Pour retrouver le bonheur simple de jouer, pour prendre du plaisir à ce qu'elle fait, une forme d'indulgence vis-à-vis d'elle-même est requise, et par la même occasion un recalibrage de ses objectifs. Pour éviter l'auto-flagellation systématique, il s'agit de renouer avec les raisons simples qui lui font aimer le tennis.

Les bonnes vibes de Flushing et l'espoir d'une "guérison" accélérée

"Je n'ai pas ressenti de pression aujourd'hui (lundi lors de sa victoire au 1er tour contre la 87e joueuse mondiale Marie Bouzkova 6-4, 6-1, NDLR), honnêtement. Il se peut que ce soit grâce à ce changement d'état d'esprit. Mais je me suis sentie nerveuse parce que je voulais bien faire. Je me suis dit dans ma tête que si je jouais bien, alors j'accepterais le résultat, que je gagne ou que je perde. En fin de compte, vous vous entraînez dur pour jouer devant les gens, surtout en session de nuit sur le Arthur-Ashe. C'est le plus grand court de tennis au monde", a-t-elle encore témoigné.
picture

Osaka : "Je me suis senti très seule l'an dernier sans public"

Le retour du public pourrait ainsi avoir un rôle-clé dans le traitement de la blessure mentale de la Japonaise. A New York, où elle s'est déjà imposée à deux reprises, Osaka se sent comme chez elle. D'autant plus qu'elle a frappé de nombreuses balles dans le Queens durant sa jeunesse. Avant la quinzaine, elle est ainsi allée renouer avec ses souvenirs, finançant au passage la réfection des courts de son enfance dans le quartier new-yorkais.
Dans cet environnement sécurisant et plus chaleureux, avec le soutien des spectateurs, Osaka devrait plus aisément pouvoir se concentrer sur son tennis. Si son entrée en lice n'a pas été parfaite, sa capacité à élever son niveau quand elle en a eu besoin (elle a sauvé les 8 balles de break qu'elle a eu à défendre) est un signe positif.
A chaque tour qui passe, je gagne de la confiance
"Je suis toujours du genre à être nerveuse dans les premiers tours de Grand Chelem. La seule chose intéressante, c'est que cette année, cette nervosité est en quelque sorte contre-balancée par l'excitation que j'ai de jouer devant du public pour la première fois depuis si longtemps. Mon service est, à coup sûr, l'une de mes plus grandes armes. Il revient quand c'est vraiment nécessaire (seulement 47 % de premières mais 81 % de points gagnés derrière lors de ce premier tour, NDLR). Mais j'espère que j'en aurai moins besoin à l'avenir."
Pour l'heure, à chaque match suffit sa peine. La numéro 3 mondiale ne peut voir plus loin que ce 3e tour face à la prometteuse Canadienne (19 ans, 73e mondiale) Leylah Fernandez qu'elle aura à nouveau l'honneur de jouer en "night session" sur le Arthur-Ashe. "A chaque tour qui passe, je gagne de la confiance", a-t-elle toutefois prévenu. Sur dur et sûre d'elle, Osaka a prouvé ces dernières saisons qu'elle était la référence mondiale. Il vaudrait assurément mieux pour ses adversaires qu'elle trébuche rapidement, avant de devenir irrésistible.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Partager cet article
Publicité
Publicité