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US Open - Karen Khachanov, l'inattendu retour en force : "Pendant Wimbledon, j'ai fait comme une 2e intersaison"

Maxime Battistella

Mis à jour 09/09/2022 à 17:34 GMT+2

US OPEN - Opposé à Casper Ruud vendredi pour une place en finale à New York, Karen Khachanov effectue un spectaculaire retour au premier plan, quasiment quatre ans après son exploit à Paris-Bercy. Privé de Wimbledon comme tous ses compatriotes russes, il en a profité pour se refaire une caisse dans l'ombre et rêve désormais d'un coup mémorable.

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Il fallait le voir venir. Karen Khachanov est pourtant bien en demi-finale de l'US Open, un stade qu'il n'avait jamais atteint en Grand Chelem. Que le Russe, et son quasi-double mètre (il mesure 1 mètre 98 précisément), ait des atouts dans son tennis pour aller loin dans les plus grands tournois, cela ne fait aucun doute. Mais il était tellement rentré dans le rang ces trois dernières années qu'il était assurément difficile d'anticiper un tel parcours.
Ne nous méprenons pas : Khachanov n'a pas réellement disparu de la circulation. Depuis quatre ans, l'intéressé n'a ainsi jamais quitté le Top 35 du classement mondial (il était d'ailleurs 31e à l'entame de cette quinzaine). Mais depuis son fameux coup d'éclat à Paris-Bercy à l'automne 2018 - il avait décroché la timbale en battant quatre membres du Top 10 d'affilée dont Novak Djokovic en finale -, il n'a plus remporté le moindre titre sur le circuit.
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Karen Khachanov à l'US Open en 2022

Crédit: Getty Images

Décevant depuis Bercy, il a ponctuellement ressurgi

Tant et si bien qu'on s'était habitué à ne plus attendre grand-chose du Moscovite, sinon quelques coups d'éclat. L'an passé, il avait par exemple enchaîné un quart de finale à Wimbledon - égalant ainsi son meilleur résultat en Grand Chelem décroché à Roland-Garros en 2019 - et une finale aux Jeux Olympiques avant que le soufflet ne retombe à nouveau. Et malgré une nouvelle finale pour débuter 2022 à Adélaïde, sa saison restait presque anonyme jusqu'ici avec notamment en Grand Chelem un 3e tour à l'Open d'Australie (battu par Rafael Nadal 6-3, 6-2, 3-6, 6-1) et un huitième de finale à Roland-Garros où Carlos Alcaraz l'avait brutalement arrêté (6-1, 6-4, 6-4).
Ses résultats en dents de scie n'ont pourtant pas empêché Khachanov de garder la foi, comme il l'a confié au site de l'ATP. "Je pense toujours à la manière dont je peux m'améliorer pour monter au classement, être de retour dans le Top 10. C'est mon objectif ultime et je travaille chaque jour pour essayer de découvrir ce que je peux faire mieux. Ce qui est vraiment important, avant tout, c'est de croire en soi, en ses capacités. On peut se présenter sur un court et perdre un match, il n'y a aucune honte à ça. Mais ce qui fait la différence, c'est la conviction qu'on peut aller loin et gagner."
Jusqu'à cette édition 2022, Khachanov n'avait jamais fait mieux qu'un 3e tour à Flushing Meadows. Il y a donc quelque chose de paradoxal sur le papier à le voir faire une percée à New York. Mais ce serait oublier qu'il ne s'agissait pas de n'importe quel 3e tour. Quelques mois avant son exploit de Bercy, le colosse s'était fait connaître du grand public en résistant pendant près de quatre heures et demie (5-7, 7-5, 7-6, 7-6) à Rafael Nadal sur le court Arthur-Ashe. Sa puissance et son endurance avaient alors fait très forte impression.
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Le match contre Rafa en 2018 est un de mes meilleurs souvenirs : je veux toujours bien faire à New York
C'est principalement pour cette raison que le Russe aborde toujours l'US Open plein d'espoir. "Le match contre Rafa en 2018, les émotions, l'adrénaline… C'est un de mes meilleurs souvenirs sur un court, c'est pour ça que je veux toujours bien faire à New York", confie-t-il encore. Et force est de constater que tout s'est bien enchaîné dans cette quinzaine. Après deux premiers matches peu convaincants mais remportés, Khachanov a bénéficié au 3e tour de l'abandon du Britannique Jack Draper - en pleine progression et tombeur de Félix Auger-Aliassime - alors que les deux hommes étaient engagés dans une bataille féroce.
Puis, en huitième de finale est intervenu le vrai tournant de sa compétition : une bataille remportée au bout des cinq sets (4-6, 6-3, 6-1, 4-6, 6-3) contre l'Espagnol Pablo Carreno Busta, pourtant récemment titré à Montréal et déjà deux fois demi-finaliste à l'US Open. De cette victoire, Khachanov a tiré toute la confiance nécessaire pour ensuite sortir Nick Kyrgios qui surfait pourtant sur une excellente dynamique. Physiquement et dans sa capacité à maintenir un niveau de jeu élevé avec constance, il a impressionné. Et ce n'est pas dû au hasard.
Privé de Wimbledon comme tous ses compatriotes russes et les Biélorusses, le golgoth de 26 ans a fait contre mauvaise fortune bon cœur en quelque sorte. Il a pris le parti de profiter de cette pause forcée, de ce temps libéré dans son calendrier pour arriver en meilleure forme physique à Flushing. "Nous avons eu du temps pour nous reposer et nous entraîner en juillet pendant Wimbledon. Et ça a payé en quelque sorte. Même si je n'ai pas eu de si bons résultats dans les Masters 1000 de préparation, je croyais quand même que mon jeu était là", a-t-il ainsi révélé avant de défier Kyrgios.
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Le grand retour de Khachanov : il fait chuter Carreno Busta en 5 sets

Une pause forcée pendant Wimbledon finalement bénéfique

Et Khachanov de préciser : "J'ai pris 12 jours de repos complet avec ma famille, ma femme et mon fils. On est partis en vacances. Puis, j'ai eu trois semaines d'entraînement intensif, comme nous le faisons l'hiver, c'était comme une mini-intersaison. Ensuite, je suis allé sur terre battue à Hambourg pour que la pause sans compétition ne soit pas trop longue. Avant de prendre la direction de Washington pour la tournée nord-américaine."
Résultat : en plus de développer sa puissance habituelle, le Russe a plus de ressorts dans les jambes que ce soit pour servir (88 aces depuis le début du tournoi dont 30 contre Kyrgios en quart) ou pour tenir dans les échanges longs du fond du court et limiter le nombre de ses fautes directes. C'est simple : Khachanov a commis moins d'erreurs que Carreno Busta (32 contre 43), pourtant un métronome à l'échange. Même topo en quart où il a même terminé le match avec un ratio ultra-positif et plus du double de coups gagnants (63 pour 31 fautes directes).
Plus vite sur la balle et donc plus lucide, Khachanov a tout loisir de réfléchir à la construction de ses points. Alors que dans ses mauvais jours, il peut devenir la caricature de lui-même - frapper fort puis voir ce qui se passe -, ces temps-ci, il fait des choix plus avisés. Lui l'amateur d'échecs - un jeu qu'il pratique souvent avec l'un de ses entraîneurs José Manuel Clavet - soigne davantage ses schémas de jeu.
Cela tombe bien, contre Casper Ruud, monstre de rigueur et machine également bien huilée sur le plan physique, Khachanov aura besoin d'avoir les idées claires. Mais sur sa lancée, il aurait bien tort de ne pas croire en son étoile. "Depuis que Rafa (Nadal) est éliminé, c'est assez ouvert parce que tout le monde sent qu'il y a une opportunité d'aller chercher le trophée, a-t-il enfin observé. Je dirais même que peut-être, ça a augmenté le niveau de tout le monde." Et le sien, en particulier.
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