Gaël Monfils : "Pourquoi je n'ai jamais gagné de Grand Chelem ? Parce que le Big 4 était plus fort"

C'est une discussion à bâtons rompus dans le cadre d'un dîner au restaurant entre trois personnes qui se connaissent et se côtoient depuis de nombreuses années. Avant le retour de l'UTS, dont la prochaine édition aura lieu du 15 au 17 septembre à Francfort, Gaël Monfils, Benoît Paire et Patrick Mouratoglou ont abordés de nombreux sujets dans un format au long cours passionnant. Parmi les nombreux sujets soulevés, l'inévitable question qui a accompagné la carrière des "Quatre Mousquetaires" du tennis français : pourquoi Jo-Wilfried Tsonga, Gilles Simon, Richard Gasquet ou Gaël Monfils n'ont-ils jamais réussi à remporter un Grand Chelem ?

A cette question, le Parisien a une réponse toute simple : "les gars étaient plus forts que nous". "Les gars", c'est évidemment ce "Big 4" incarné par Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic et Andy Murray. "Les gens te disent toujours : 'Potentiellement, tu aurais pu faire ça.' Avec des si, si, si à chaque phrase. Mais on prend un potentiel de quelque chose qui n’existe pas, parce qu’on ne te connaît pas", explique-t-il.

Cette question, visiblement, Monfils a fini par s'en lasser. Parce que le grand public n'avait pas toutes les clés d'analyse à ses yeux : "Parfois, des gens sont un peu agressifs avec moi en me disant: 'Tu aurais pu gagner un titre du Grand Chelem avec le physique que t’as, t’es un branleur…'. Je réponds : 'OK, donc tu penses que juste parce que j’ai un gros physique, ça fait de moi un super joueur qui aurait dû gagner un titre du Grand Chelem ? Mais tu ne vois pas comment j’ai bossé mon revers, ma volée…'"

"La Monf" explique ainsi que c'est justement grâce à eux qu'il a carburé à l'entraînement pour se rapprocher autant que possible. Mais, intrinsèquement, il en est convaincu : il y avait un gap entre le Big 4 et le reste du monde. S'est-il convaincu de cela après ses premiers échecs face à eux ? Non, à l'écouter.

"Intérieurement, je pense qu’ils sont plus forts pour deux raisons, a-t-il avancé. Déjà, parce qu’ils sont plus forts que moi mentalement. Ce n’est pas qu’ils ne 'mouillent' pas (avoir peur, NDLR) etc… Et je pense qu’ils sont plus forts mentalement, parce qu’ils sont plus forts physiquement. Physiquement, c'est énorme. Demain, tu me fais jouer cinq sets contre Rafa, il aura cette gestion pour ne pas se brûler et mieux se gérer. Je connais ma limite, et la cadence qu’il impose est super élevée. Je peux tenir sur un match, mais même si je gagne, après je ne suis pas sûr de tenir contre Roger ou Novak aux tours suivants. Je pense que ça, c’était un gros obstacle."

Pour autant, il le jure, il n'a jamais abordé un match face à l'un d'eux dans la peau d'une victime expiatoire. "Quand j’entre sur le court, je n’ai pas de doute sur ma capacité à les battre, j’y vais pour gagner, conclut-il. Et, à part Novak, je les ai battus à l’occasion. Mais je fais ce constat qui est évident : ils ont gagné des tas de titres du Grand Chelem, moi aucun".

En 2020, lors d'un live Twitch qui réunissait Monfils, Gasquet, Tsonga et Simon, le Manceau avait eu la même explication : "On a les trois meilleurs joueurs de tous les temps qui ont joué les quinze années où on a joué. C'était pas évident d'être comparés à eux, on était 5e, 6e, 7e... On a tous poussé notre tennis au maximum de ce qu'on pouvait faire à un certain moment, on n'a pas à rougir de ce qu'on a fait".